CAP 2010: Abidjan travaillement

La dernière fois que les ivoiriens se sont rendus aux urnes pour élire un président c’était en Octobre 2000. Mathématiquement, ils auraient du y retourner une fois en 2005 puis encore une fois au courant de l’année 2010. Mais voilà que nos amis du coté d’Abidjan ont « décalé coupé » sans « équilibrer » le règlement. Mr Laurent Gbagbo, élu pour un seul mandat en a presté deux et ne semble pas suffisamment rassasié.

Je voudrais commencer ce billet en tirant un chapeau à tout nos lecteurs ivoiriens où qu’ils se trouvent. Voilà un pays qui vit depuis bientôt 5 ans dans le déni de démocratie le plus total (ndla: sans parler du dénis de paix civile plus grave pour leur intégrité physique) et qui n’a pourtant pas encore explosé. Aucun homme en uniforme n’est assis au palais présidentiel. Aucun képi n’empêche , pour l’instant, la radio nationale de diffuser le dernier son du bled. Et pourtant ce n’est pas faute de « provocations » de la part de la classe politique ivoirienne.

Il est un fait avéré au bled: c’est que les coups d’état et autres déchainements de violence qui touchent à la tête du pays sont souvent la conséquence d’une dérive de la « politique politicienne » ayant cours dans un pays qui est occupé à créer une tradition démocratique. En clair, les civils jouent littéralement avec le pouvoir qui leur a été conféré.
Attention, je ne fais pas, là, la leçon aux blédards. Je pense que pas mal de politiciens sous d’autres cieux notamment en occident contribuent aussi sérieusement à dé-crédibiliser le job de politicien (ndla: mention spéciale à nos amis ukrainiens). Mais voilà, la différence est que, dans certains coin du globe, la tradition démocratique a eu le temps de s’installer et une certaine prospérité a permis de faire passer des pilules qui auraient été indigestes dans une autre contexte. LE talon d’Achille en Côte d’Ivoire, c’est justement l’absence de contexte favorable. Et si on y ajoute la crise économique, un fardeau supplémentaire a un pays déjà meurtri par une guerre civile, on a tôt fait d’achever l’éléphant qui tentait péniblement de se relever.

La tenue des élections présidentielles allaient donner un signe encourageant à la population, mais aussi à la communauté internationale, indiquant que tout va dans le bon sens. Certains attendaient un début de signe dans la prestation de Éléphants à la CAN2010 et une confirmation au Mondial 2010 (ndla: pronostique en exclusif LPN, les ivoiriens vont décevoir là aussi ) : il n’en fut rien, pour une fois le nouvel opium du peuple n’a pas fonctionné ou plutôt a été mis en indisponibilité pour une période indéfinie.
Qu’à cela ne tienne n’écoutant que son courage, ou ses intérêts, c’est selon, le président Gbagbo a décidé ce week-end de faire voler en éclat le gouvernement et la commission électorale indépendante. De fait, tout est a recommencé. Les échéances électorales ne pourront pas être respectés. Il va donc falloir repousser la date d’un scrutin que les gens attendent depuis 5 ans… au moins!!

Le président ivoirien montre-t-il le chemin à son peuple ? (source)

De quoi à peur Gbagbo ? De la défaite ? J’ai déjà souligné dans un billet précédent que la défaite puis l’alternance sont de bonnes choses lorsque l’on doit construire une démocratie. Si ce n’est pas la peur de la défaite, c’est que soit il a peur que l’on trouve de la poussière qu’il aurait glissé sous le tapis, soit, et c’est plus probable, il a peur que son successeur ne lui mène la vie dure (ndla: on me souffle qu’il a peur que Simone lui mène la vie dure mais je n’ose sérieusement y croire … quoique).

Sur Wikipédia, qui a une explication à tout, voici ce que je lis :

Selon certaines thèses, la crise ivoirienne est la résultante à la fois d’un colonialisme déstructurant pour l’organisation traditionnelle, d’un imbroglio juridique créé par la Constitution ivoirienne, des pratiques antidémocratiques du parti unique, du concept de l’ivoirité ainsi que de la crise économique mondiale

Ma thèse à moi est plus naïve. Les besoins de certains semblent prévaloir sur le bien être de la majorité. Le tout étant de savoir combien de temps ce jeu peut durer sans que les militaires et/ou les dissidents de tout poil n’interviennent pour sonner la fin de la récréation.

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6 Commentaires

Bien bien l’analyse de ce que fait Gbagbo…..disons que c’est là la partie à charge..
Y’a t-il une analyse à décharge? Ou Gbagbo reporte sciemment des élections où tous les sondages le donnent gagnants?

« Siffler la fin de la récréation »? Facile à écrire, un certain Soro et ses équipes de consultants armés ont pensé à ça au début du siècle, on a vu ce que ça a donné.

Ils voulaient déjà chasser qui? Ah Gbagbo…

– Combien de président africain ont accepté de négocier des postes gouvernementaux alors qu’ils ont LEGALEMENT gagné les élections?
– Combien de présidents africains acceptent une commission électorale dirigée par un membre de l’opposition?
– Quel est le seul président africain à avoir organisé dans les années 2000 des élections législatives et à les avoir perdu?
– Quel est le seul président africain à avoir donné un poste de premier ministre à un REBELLE (vous savez, une personne hors la loi, en armes qui tue, viole et terrorrise une partie du pays?)

On peut dire ce qu’on veut, mais Gbagbo a dépénaliser les peines de journalistes. En CIV, un journaliste peut écrire ce qu’il veut sur le président, sans rien risquer. Qu’on balaie devant la porte de nos pays avant de critiquer Gbagbo
Les meetings politiques au Cameroun n’ont jamais lieu car les préfets (ou le RDPC, c’est pareil) les interdit systématiquement. Ainsi, soit l’opposition se met hors-la-loi (et il y’a toujours parmi la négraille à condamner l’opposition si elle ne respecte pas la loi), soit elle disparait (eh oui, dur d’exister si on n’a jamais l’autorisation de faire des meetings..).

Alors, il n’est pas saint le Laurent, mais il y’a infiniment plus sale que lui en CIV, et cette saleté ne doit pas arriver au pouvoir, sinon, la future génération d’ivoiriens regretteront amèrement (un peu comme les jeunes gabonais n’auront das 5-10 ans que leurs larmes pour pleurer)..

@oniN je suis d’accord avec toi il faut toujours une instruction à charge et une autre à décharge dans un procès. Et, il est également vrai que, Gbagbo n’est pas la caricature du dictateur de base du bled. Mais je reste persuadé qu’in fine après plus de 10 ans si aucune élection présidentielle n’est réalisée avec toutes les incertitudes que cela comporte, c’est qu’il y a un problème. Et, en tant que président de la république, Gbagbo, et son entourage ont une part de responsabilité.
Oui, Gbagbo a eu un certain courage vis-à-vis des journalistes de Côte d’ivoire et cela est tout à son honneur. Mais, visiblement ce même courage vis-à-vis de son peuple n’est toujours pas au rendez-vous (et, ce, quelque soit les résultats pronostiqués des élections).
Si à chaque détail il faut tout arrêter, tout recommencer c’est qu’il y a soit agenda caché ou que la situation actuelle arrange tout le monde… sauf le peuple, ce qui revient au même.

Qu’il y ait un problème en CIV n’est pas une nouvelle. D’ailleurs, il y’en aura même après l’élection (quelque soit la date à laquelle elle aura lieu).
Que Gbagbo ait une part de responsabilité n’est pas une nouvelle non plus.
Mais, 10% d’électeurs en plus ou en moins, ce n’est pas un détail…

Là où je t’attends, c’est quels sont les acteurs (précisément) qui ont l’autre part de responsabilité? Comment ont-ils cette responsabilité?

J’attends les articles à charge contre les autres acteurs de la politique ivoirienne, et là, on verra où sont les détails.
Avec un réquisitoire à sens unique, c’est l’émotion qui parle (mais tu peux aussi l’assumer comme tel, c’est ton choix).
Le FPI n’avait pas tous les postes gouvernementaux, ni législatifs, ni municipaux, ni militaires, ni judiciaires, ni policiers, ni économiques, etc…
Le FPI (ou Gbagbo) n’est pas le seul responsable de la situation.

C’est facile de critiquer Gbagbo non pas par pertinence, mais parce que c’est uniquement sur ses actes que tu as des informations. Sur les autres, comme tu n’as pas d’informations à moudre, tu ne dis rien, laissant penser que ce sont des sain(t)s. S’ils font des choses, faut le dire aussi

Au fait, il y’a toujours un agenda caché en politique.

La politique, ce n’est pas la danse du ventre…à un moment donné, il faut reconnaître des évidences et les traiter simplement comme des hypothèses de départ, et non comme des conclusions.

@oniN Je sens que tu penses que j’ai envi de me farcir un Gbagbo le matin mais tel n’est pas le cas. J’essaie simplement de part ma position de permettre la discussion et de faire comprendre à tous les lecteurs les tenants et aboutissants d’une situation beaucoup plus complexe qu’il n’y parait. L’opposition a aussi sa part de responsabilités. Et je te le concède, je n’en parle pas dans mon billet. Il est vrai que c’est elle qui était en charge du CEI est donc elle avait là une carte à jouer pour montrer qu’elle pouvait être différente de la majorité. Et en cela je te rejoins.
Tu me suggère de faire des articles sur l’opposition, je pense avoir déjà à de nombreuses occasions souligner le peu de professionalisme que celle-ci a au bled.
Si tu te réfères à ce billet tu verras que je n’en pense pas moins d’elle. Gbagbo a, comme on dit dans nos lattitudes, pris ses responsabilités et celles-ci impliquent les conséquences que j’expose.
Maintenant la balle est dans le camps de la sacro-sainte opposition. A elle de démontrer son efficacité et son réalisme mais là encore, le début de réponse qu’elle semble offrir ne me dise rien qui vaille.

@LPN,
rooooo « déni de démocratie »! Comme tu y vas.
Francho je pense que ta formulation est un brin excessive. Je lis régulièrement les nouvelles de C.I., et il ne me semble pas avoir percu une recrudescence d’embastillement de journalistes, ou de tirs à l’arme lourde dans une foule de manifestants pacifiques et désarmés devant l’Hotel Ivoire (ca, c’est plutôt la spécialité de qui on sait!), où de vote de loi martiale avec couvre-feu.
Alors franchement, déni de démocratie, c’est un peu fort de café.

Citation: « Maintenant la balle est dans le camps de la sacro-sainte opposition. » (fin de citation)

La balle? Humm, j’espère qu’elle ne va pas te prendre au mot.
Quand on connait les antécédents de certains d’entre-eux..

Au fait, à ce propos, si Soro aime l’Afrique, il faudrait qu’il nous explique un jour ‘qui’ l’a armé et dans quel but. Qui a financé leur équipement et leurs entrainements?
Ok, on fait tous des erreurs, et malgré sa participation à une rebellion armée contre la CI, Gbagbo a accepté de le prendre dans l’équipe gouvernementale pour sortir de la crise et apaiser le pays, mais en retour, Soro doit dire ce qu’il sait.
Si vraiment, il aime la Cote d’Ivoire et l’Afrique.

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