Je ne vous apprendrais rien si je vous disais que le gros sujet de non-discussion au bled en ce moment ce sont les élections à venir dans les trois prochaines années dans un max de pays. Pourquoi est ce important cette fois-ci et pas avant ? Parce que beaucoup des mandataires arrivent à la fameuse limite de deux mandats consécutifs non renouvelables fixée par la constitution. Cependant, comme le pouvoir « ça goûte bien », dixit un pote congolais, ils se verraient bien rempiler pour une troisième fois. Sans s’attarder sur la pertinence de ce choix, je laisse ça à des analystes politiques locaux qui savent de quoi ils parlent, penchons nous plutôt sur les astuces mis en place pour faire sauter le verrou législatif.
Il y a un truc qui me fait toujours rire dans l’affaire dite du troisième mandat. Dans leur grande majorité les pays du bled sont « indépendants » depuis maximum 60 ans. Beaucoup d’entre eux sont à leur troisième république c’est à dire à leur troisième constitutions, en moyenne. Une constitution par génération cela signifie que la personne en proie à la tentation du troisième mandat a plus que probablement été impliquée dans l’écriture de la loi qui régit le pays qu’il dirige. En d’autre terme: il a lui même crée le problème qu’il rencontre aujourd’hui. Là où cela devient comique c’est quand il se rend compte que si à l’époque il avait quasiment la latitude de mettre à peu près ce qu’il veut dans les textes de loi, aujourd’hui il doit faire attention à l’opinion publique.
Il ne faut pas se voiler la face: chaque nouvelle république est le résultat d’une guerre civile ou d’un coup d’état, même si de nos jours il faut convenir que la frontière entre ces deux mouvements est de plus en plus floue. En prenant le pouvoir, le nouveau dirigeant conduit son bled dans une période relativement longue de 3 ou 4 ans ou il peut inscrire n’importe quoi dans la loi sans rencontrer d’opposition car celle-ci est, soit six pieds sous terre, soit à l’étranger en fuite, soit six pieds sous terre à l’étranger 🙂 . Qu’est-ce qu’il l’empêche de promouvoir une constitution avec une présidence sans limitation du nombre de mandat, sans plafonnement de l’âge du président ? Rien ni personne. Pourquoi ne le fait-il pas ? Bonne question votre honneur.
Nos textes de loi initiaux sont le résultat de copié/collé de textes pompés sur les pays occidentaux. Ils font partie au même titre que le drapeau ou l’hymne national des ces symboles de l’État Souverain dont l’on se dote dans l’euphorie de la victoire sans immédiatement en mesurer la portée politique. Du moins sans réfléchir au delà du simple: je veux ressembler aux autres. Dès que l’on prend conscience de leur importance et de leur signification, il est déjà trop tard. En effet et la population et une opposition interne qui n’a pas manqué de renaître de ses cendres ont flairé le bon truc pour provoquer l’alternance par la force de la Loi.
Plus près de nous regardons la mystification que Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev ont mis en place pour garder le pouvoir sans changer la constitution. Ce « truc » aurait du inspirer pas mal de candidats bloqués par la constitution. Que nenni! Après deux mandats à la tête du pays aucun de nos boss n’a su préparé un Medvedev efficace. Aurait-il trop de peur de ne pas retrouver sa place si par malheur il décidait d’aller à la chasse? n’est pas Ahmadoud Ahidjo ?
Ceci dit, médias comme population, avons notre part de responsabilités dans ce cafouillage de fin de mandat. A Chaque fois que la question est posée nous ne disons rien et nous nous contentons de tourner les yeux vers le chef de l’Etat dans l’attente d’un signal qui indiquerait de quel côté le soleil se lèvera. Nous n’osons pas reconnaître que les textes sur lesquels reposent la vie publique ne dépendent pas d’un jeu politique ouvert.
Si aucune institution n’est au dessus du chef de l’État autant purement et simplement se débarrasser de la Constitution. Mieux vaut attendre que le Chef décide selon son humeur du moment et de l’opportunité d’une remise en question de son statut. Cela aura le mérite d’être clair et de nous permettre d’user de notre super pouvoir d’indignation pour dire tout le mal que nous pensons de son choix. Tout cela, bien sur, dans les limites autorisées par la nouvelle Constitution.