5 façons de perdre une élection présidentielle à 1 tour

Bon sur lepetitnegre.com on s’était dit, après avoir couvert l’essentiel des élections présidentielles de 2010 du bled, que en 2011, on essayerait de parler d’autres choses car il n’y a pas cela au bled. Mais voilà, au vu des résultats provisoires mais hautement définitifs des élections présidentielles qui viennent de se dérouler en RD Congo, le géant au pied en cassitérite du bled, on ne pouvait décemment passer à côté d’un tel évènement sans essayer de retirer des informations capitales sur comment perdre une élection présidentielle à 1 tour, nouveau sport continentale.

1°) Annoncer votre victoire avant le vote.

Une élection à un tour à ceci de particulier que le peuple ne vous jugera qu’une seule fois!! Ainsi cela oblige le peuple à suivre et à écouter chacune des paroles et des phrases que vous aurez la naïveté de prononcer (le peuple ne lit pas les programmes électoraux.. voyons tout le monde le sait!!). Que vous soyez un orateur hors pairs n’y changera rien, vous pourriez au détour d’une phrase ou d’une situation sortie de son contexte vous retrouvez en porte à faux par rapport au sentiment général. Et vous n’auriez alors que vos yeux pour pleurer à l’annonce des résultats. Le seul remède à cela est de se taire et de laisser les autres parler pour vous, quitte à les écarter quand ce qu’ils disent peut vous être préjudiciable.

2°) Multiplier le nombre de candidats.

Je sais ceci est un vieux débat, aussi vieux que la première élection présidentielle au bled. Faut-il peu ou beaucoup de candidats pour le poste convité? Permettez-moi de vous répondre à travers des exemples concret. Du Gabon au Cameroun en passant par le RDCongo, on a systématiquement eu une dizaine de candidats. Et pourtant, invariablement, le président sortant, ou du moins le candidat du pouvoir, était réélu, haut la main.
On peut donc répondre par l’affirmatif, trop de candidats mène systématiquement à un émiettement des voix et donc à une défaite, surtout dans le cas d’une élection à un tour. Avec une dizaine de candidats, il y en aura bien l’un ou l’autre qui réussira à ravir au concurrent direct la voix indispensable qui lui aurait permis de gagner l’élection. Car ne l’oublions pas, aucun report de voix n’est possible, et la majorité absolu n’est pas requise pour gagner!!

3°) Se reposer sur son fief.

Avoir un fief, un puits de voix déjà acquis à votre cause est le pire des états dans lequel le candidat peut se retrouver. Je sais ce conseil peut paraître contreproductif de prime abord mais en fait l’expérience sur le terrain nous prouve le contraire. Lorsque vous avez un fief, cela veut dire que vous êtes soit tribaliste, soit régionaliste, soit les deux 🙂 . Attention, je le répète ici, ceci n’est pas un mal en soit, mais cela à pour conséquence de vous faire perdre le sens des réalités. Ce n’est pas parce que vous frôler un score stalinien dans votre région, que de facto, le pays entier est acquis à votre cause ? De plus, à quoi cela peut-il bien servir de faire le plein de voix dans votre région, si ailleurs personne ne vous connait et/ou personne ne vote pour vous ? A rien. Contentez-vous d’être le président de votre région et laissez le pays en paix.
Les élections à 1 tour, sont des élections ou le candidat moyen voire médiocre, celui que tout le monde connait un peu gagnera toujours contre le candidat hyper célèbre dans son fief mais dont le restant du pays se méfie à (in)juste 🙂 .

4°) Exiger la présidence de la commission électorale.

Sur notre planète il existe un axiome qui dit que l’on ne gagne que le jeu dont on maitrise les règles … et les arbitres. Alors on a inventé, partout au bled, des Commissions Électorales Indépendantes censées rendre le jeu plus équilibré entre majorité et opposition. Mais voila, l’histoire nous apprend que de tout temps ces structures censées validées en premier ressort les résultats sorties des urnes sont toujours contestés, quelque soit le résultat, par le perdant. Alors, pour avancer , on s’en remet en deuxième ressort au Conseil Constitutionnel qui n’attendait que cela pour reconduire le président déjà en place. En clair, dans ce jeu de dupe, l’opposition organise toute seule sa propre défaite avec l’assentiment du pouvoir en place qui se réfugiera sans trop de peine derrière l’application Stricto Sensu de la loi.

5°) Oublier que d’autres on fait la même chose que vous… avant

La véritable raison des échecs répétées des oppositions politiques du bled, quelque soit le nombre de tours aux élections. Le fait de vivre cloisonnées dans ses propres certitudes sans jamais regarder chez le voisin comment les choses ce sont passées. Je n’ai jamais vu ou entendu parler d’observateurs de l’opposition du RDCongo ou du Cameroun au Gabon ou en Côte d’Ivoire lors du déroulement des élections présidentielles. Des personnes, essayant de comprendre comment l’alternance avez pu ou n’avez pas pu se réaliser, pour apprendre des autres afin de ne pas reproduire les même erreurs. Non, nos supers opposants qui savent tout, sauf comment gagner une élection, et qui ont déjà tout vu se pressent à renouveler les erreurs des autres opposant chez eux. En espérant, sans doute naïvement, que ces échecs se transformeront, comme par enchantement, en autant de victoire, pour eux, dans leur pays.

Comme j’aime à le dire, On mesure les progrès politiques d’un bled à l’attitude et à la maturité de son opposition. Visiblement, 50 ans plus tard, celle-ci a encore beaucoup à apprendre!

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