Une prise de conscience en dernière minute des enjeux ? Un coup de théâtre savamment orchestré ? Une technique dérivée d’une partie de Songo ou Awalé. Quelque soit la raison, le résultat est là, 11 candidats aux élections gabonaises viennent de se désister au profit de André Mba Obame, AMO pour les intimes. Et quelque soit l’issu de la partie, pipée ou non, une leçon qui résonnera certainement à l’oreille de tous les dirigeants du bled est en train de nous être donnée par le peuple gabonais tout entier et par sa classe politique en particulier, celle de la possibilité d’une campagne présidentielle digne de ce nom au cœur d’une Afrique Centrale réputée pour ses putschs et autres élections de pacotille.
Que l’on ne si trompe pas, ce coup de théâtre était attendu par la population, je le sais, j’ai eu la chance de me rendre au Gabon et d’entendre les gabonais en parlait entre eux, ce n’est que l’aboutissement d’une campagne présidentielle à l’africaine comme je n’en avais encore jamais vu.
J’en profite pour adresser un bravo à toute la rédaction de africa24 qui a décidé de couvrir l’évènement en interrogeant chacun des 23 candidats. Des interviews dont le contenu et le contenant (la manière dont les messages étaient transmis par les candidats) devrait faire jurisprudence et faire réfléchir plus d’un dirigeant africain assoiffé de pouvoir, n’est-ce pas Mr Tandja.
Mais revenons un instant sur le cas gabonais. Certains auraient cru, qu’avec une classe politique concentrée autour d’un Chef d’État qui savait parler à ses adversaires, et avec près de 23 candidats sur la ligne de départ pour arracher auprès de 800000 électeurs la magistrature suprème, que le Gabon n’aurait jamais était capable de tourner la tête à 40 ans de règne sans alternance d’Omar Bongo Odimba. Mais les dernières heures et jours de campagnes remplies de rebondissements nous prouvent que non seulement nous avions tous tort mais qu’en plus les gabonais à travers les images et les paroles de leurs candidats nous montrent clairement ce que le bled peut faire de mieux lorsque les jeux sont ouverts.
Les candidats restants dans la course ne sont pas à sous-estimer, mais un observateur étranger non partisan vous dira qu’outre Ali Ben Bongo, Zacharie Myboto et Pierre Manboumdou, avec le désistement de ténors comme Mba Abessolé, Jean Ehéghé Ndong ou encore Casimir Oyé Mba, l’élection se réduit à un match entre 4 candidats. De quoi simplifier le jeu tout en mettant en avant encore plus les tactiques et les alliances pré-électoral pour une élection à un tour.
On a accusé la course à la présidentielle gabonaise de non transparente, d’être manipuler par le camp de l’ancien ministre de la défense et fils de l’ancien président Ali Ben Bongo. Chaque jour, la remise en cause de tel candidat ou les frasques de Bruno Ben Moubamba ont rythmé le quotidien des gabonais. Mais mise à part quelques heurts, les candidats qui en avaient les moyens ont pu sillonner les villes et les campagnes du Gabon pour transmettre leur message.
Je ne connais pas le résultat des élections et je ne suis pas suffisamment naïf que pour croire que rien est impossible et qu’un autre retournement de situation n’est pas envisageable d’ici dimanche. Mais ce qui est sure c’est que quelque soit le vainqueur, et quelque soit la manière dont il vaincra, et pour paraphraser un dictateur bien connu d’Afrique Centrale, Mobutu, Plus rien ne sera plus comme avant, au pays de l’Eboga.
9 Commentaires
oniN
800.000 électeurs dans un pays de moins 1,5 millions d’habitants, c’est TROP !
http://www.afriquechos.ch/spip.php?article1042
550.000 inscrits pour l’élection de 2005, 800.000 inscrits 4 ans plus tard. Waouh, le ministère de l’Intérieur a gagné en efficacité 1 mois après la mort du mollah Omar? Je n’y crois guère.
L’opposition s’organise, mais le pouvoir prépare quelque chose qui ressemblera à une manoeuvre légale, mais sera probablement illégale.
LPN
@oniN De ce que j’ai compris quand j’étais sur place, AMO et Ali Ben (ABO) se connaissent très bien et je dirais même plus ils ont organisé les élections d’Omar Bongo Odimba ensemble dans le passé donc je suppose qu’on va assister à une vrai partie d’Awalé ou Songo … et pour les plus occidentaux qui nous lisent… à une partie de Poker menteur.
Pour ce qui est du nombre exact d’électeur J’avais fait mes estimations il y a un mois… je ne suis pas statisticien mais je pense que je ne me suis pas trop trompé dans mes estimations.
oniN
Eh oui, 660.000 électeurs contre 800.000 actuellement, quelqu’un se donne déjà un réservoir de 140.000 électeurs fictifs, largement suffisant pour obtenir plus de 50% des votes, ce qui est ce que vise Bongo ne n’avoir pas à s’associer avec une large opposition, mais juste des queues de distribution.
Jikeb
@oniN
Vraiment,il ne faut pas abuser! Donc tu connais même le nombre d’électeurs fictif qu’Ali Ben Bongo à fixer pour sa victoire ? lol!
Attention, je ne cautionne rien , mais là, je trouve que tu cherches « uniquement » la petite bête. Or à uniquement chercher la petite bête, on n’arrive jamais à rien.
Ce n’est pas en traitant un écolier médiocre d’idiot en permanence, que tu le fait progresser. Non, un tel écolier à avant tout besoin d’encouragement, ceci à chaque progrès réalisé, aussi infime soit il.
Tout ça pour dire quand j’apprends que au Gabon, « 11 candidats aux élections gabonaises viennent de se désister au profit de André Mba Obame », c’est un fait unique, exceptionelle dans l’histoire du Gabon, et donc, il est avant tout à saluer. Un point c’est tout. Merci LPN pour cette info, qui montre bien que les mentalités politiques changent en Afrique Noire!
Après, concernant le nombre d’électeurs, même si il est probable que le chiffre à été « gonfler », même si nous savons que nous assiterons probablement à une partie de Songo comme le dit si bien LPN, il faut ARRETER de stigmatiser l’Afrique au travers de telles méthodes. En effet, l’Afrique, n’a pas l’apanage des élections présidentielles douteuses et/ou rocambolesques. Pour rappel, on se souvient tous des dernières élections présidentielle « démocratique » en Russie. Sans commentaire. Un peut plus proche dans le temps, le cas très sanglant des élections en Iran. Cela montre bien que les élections présidentielles , dans de nombreux pays du monde et pas seulement de l’Afrique, sont imparfaites.
C’est pour cette raison qu’il faut louer les progrès dans ce domaine avant de critiquer. Parce que sinon, les jeunes démocraties mondiales en général et africaines en particulier n’avanceront jamais, comme l’écolier médiocre dont on se moquerait sans cesse, en le traitant, de con, de gaou, de « mouilleur « .
Tout çà pour dire que…il faut laissez et le Gabon et l’Afrique comme ça, ouééééé lol! Apprenons aussi à dire que quelque chose est « bien » quand c’est « bien », même si c’est un petit « rien ». Donc Bravo au Gabon, et surtout que le processus engagé continue dans la paix, la transparence et le respect des institutions; même comme nous savons tous que ce n’est pas gagné d’avance.
PS: @LPN, apparement tu as le cable , pour voir Africa24 ?
LPN
@Jikeb j’ai pas le cable mais je prépare un billet qui répondra mieux à ton interrogation
oniN
@Jikeb
J’attends la fin de l’élection pour voir si c’est bien. Je ne sais pas dire qu’un plat est bon juste en lisant la recette.
Etum
Mba Obame a truqué les dernieres élections en faveur de bongo, c’est lui qui a géré les listes en tant que ministre de l’intérieur. Il joue avec son rassemblement les Fang contre les autres gabonais. Mais comme ABO va arriver en tete d’une élection à un tour il va gagner. S’en suivra un gvt d’union nationale. Et rien ne changera au Gabon.
LPN
@Etum dans les 11 candidats il n’y a pas que des Fang, de plus certains candidats semblent se dissocier de cette initiative (ce qui est de mon point de vue dommage et qui joue contre eux in fine) et enfin, je pense que les candidats si ils se veulent un temps soit peu fédérateur ne devraient pas se contenter de leur tribu. Si Bongo ne l’a pas fait, son successeur aurait l’air un peu beaucoup rétrograde de le faire. Bien sur cette position n’engage que moi 😉
Etum
@LPN yep