Le Blédard et ses frontières

Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais ces derniers temps il semblerait que nos frontières internes réputées inviolables soient devenues de véritables passoires. Bizarre, quelque chose me chiffone dans ce que je viens d’énoncer, permettez moi de me reprendre. Ces derniers temps, donc, nos frontières, chers amis blédards, n’en déplaise à la presse internationale, remplissent totalement leurs fonctions. Ah, voila qui est mieux écrit. Hélas, nos pauvres amis occidentaux, perdus dans leurs référants ne l’ont pas encore compris. Et heureusement pour eux, votre serviteur vient à leurs rescousses et en profite pour livrer à tous un petit cours de géo-politique Made in Blédard.

Au commencement, il y avait les frontières du bled, entre tribus, clans et autres formations géographiques infranchissables, mais tout cela vola en éclat quand le colon débarqua. Pour lui et ses amis, les frontières n’avaient qu’un rôle unique mais essentiel. Ils venaient de conquérir un gâteau et les frontières étaient ce qui leur permettaient de se le partager « équitablement » entre amis, comprendre en faisant fi du commencement et des us et coutumes des autochtones.
Puis un jour, par la grâce du vent de l’histoire, les différentes parties du « gâteau » accédèrent à une relative autonomie qui les virent libérer à des degrés divers de l’influence de ces étranges « visiteurs », ce fût l’indépendance (tcha tcha). Pour ceux qui pense que je suis en train de verser dans du négationnisme ou dans de la propagande primaire, vous avez tort car là réside justement le point important de ma réflexion, que je m’en vais vous élaborer tout de suite.

C’est 50 dernières années, nous avons vécu la vraie indépendance. Celle qui a permis à chaque part du gâteau de se dire suffisamment différente des autres, même de celles qui se trouvait juste à côté d’elle. Oui, le togolais et le ghanéen sont parents tout comme le djiboutien et le somalien le sont. Mais allez dire à un gabonais qu’il est équato-guinéen et celui-ci pointera mille et une subtilités réelles ou imaginaires dans le seul but de se convaincre de son appartenance totale et absolue à son équipe nationale. Parmi ces subtilités les frontières servent de catalyseur à la réflexion, mais pas seulement.
En résumé, 50 ans d’isolation mentales (ndla: ce que l’on appelle en langue de bois la construction de l’identité nationale) ont laissé leur marque dans l’inconscient du blédard. Ce qui nous ramène à nos fameuses frontières et à ce que nous observons actuellement.

Les frontières actuelles du bled sont:

  1. virtuelles: Dans la pratique, rien n’empêche un blédard de quitter Oran et de traverser le continent jusqu’à Johannesburg sans jamais rencontrer un poste frontière.  Rien ne l’empêche également de s’établir où il veut sur le continent, d’y vivre et d’y prospérer. Nous n’avons pas eu à attendre un traité de Schengen made in blédard pour le faire. Et si un jour un tel traité venait à voir le jour, il ne ferait que entériner une situation déjà existante.
  2. politiques: Pour être chef de quelque chose, il faut définir ce quelque chose, et c’est là que les frontières interviennent. Sans frontières ou avec d’autres frontières, il y a des pays et donc fatalement des dirigeants qui n’existeraient pas.

Une des conséquences la plus visible de cet état des fait est la posture de nos forces armées. Pour le touriste naïf ou l’observateur étranger peu averti, une armée blédard est souvent synonyme d’une armée sous équipée et en sous effectifs. Mais détrompez-vous, ses qualités sont tout à fait en adéquation avec la mission qui est la sienne. L’armée du bled ne sert pas à repousser de potentiels ennemis hors de nos frontières (puisqu’elles sont virtuelles) non elle a pour vocation de rappeler à l’étourdi du coin à quel équipe il appartient 🙂 . On n’a pas besoin de 100000 hommes sur-armés et sur-entraînés, si les seuls individus sur qui on sera amené à taper dessus sont quelques membres égarés de notre propre camps.

Peut-on, dès lors, dire, comme je l’entend et le lis dernièrement dans les journaux occidentaux, que le Bled est une zone sans sécurité ? La réponse est définitivement non… si l’on est un blédard. Mais si l’on change de référant, alors là, mieux vaut éviter de se déplacer dans les zones frontalières du bled. Car chers allochtones, contrairement à certaines légendes urbaines, vous n’êtes pas mentalement préparés à vivre dans un monde … réellement sans frontières 😀 .

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