10 propositions pour sauver le Cameroun

Avec un titre aussi racoleur tous les camer de Ebolova à Maroua vont rappliquer sur LPN avec l’espérance de trouver sur ce blog comment changer leur bled. Hé bien chez amis camerounais, je vais sans doute vous décevoir, mais il n’en sera rien. Car voyez-vous, le 9 Octobre 2011, vous allez élire un nouveau président et il lui aura la charge d’exécuter les propositions qu’il vous aura au préalable présenté lors de sa campagne électorale. Comment ? Aucun candidat n’a de programme ? Ce n’est pas grave, un collectif de camerounais se sont penchés sur la question et viennent de publier sur le net 10 mesures pour aider au développement du Cameroun. Leurs propositions semblent avoir fait tâche d’huile (comprendre:  on en parle dans le cercle très fermé des internautes africains qui suivent l’actu africaine sur le net 🙂 ). Et chez LPN on aime ce genre d’initiative car cela nous permet d’en discuter non seulement avec les camerounais mais avec le restant du bled, histoire de faire circuler les idées, on ne sait jamais cela pourrait inspirer d’autres ailleurs sur le continent.

Alors LPN que penses-tu de ces 10 propositions ? Hé bien, cher lecteur, après une première lecture, mon sentiment a été de me dire qu’elles avaient été pilotées par un entrepreneur remonté contre sa propre administration et mise en forme par un informaticien qui en a profité quand l’entrepreneur avait le dos tourné pour y glisser ses propres revendications 🙂 . Mais après une seconde lecture plus approfondi, mon constat et le suivant, je trouve l’initiative intéressante, mais le résultat me parait fortement… banal.

Je m’explique, pour qu’une telle liste et/ou initiative porte, il faut qu’elle apporte du renouveau, qu’elle soit porteuse d’une espérance, d’un idéal quasi impossible à réaliser. Hors, force est de constater qu’aucune des 10 propositions faites ne révolutionne la société camerounaise en profondeur. Non, ce sont des mesures qui si elle étaient prises dans leur ensemble ne permettraient, au Cameroun, que de se raccrocher péniblement au cinquième wagon du train mondial sans pour autant apporter une valeur ajoutée spécifique au pays des Lions Indomptables. Du coup, pour un observateur étranger, se pose la question de savoir si la faiblesse de ces propositions et du à ses auteurs, qui sont restés dans les limites de leurs compétences ou si le Cameroun est un pays anormalement en retard par rapport à la norme internationale. Vous comprendrez que, dans ma naïveté, je pencherais pour la première théorie 😈 .

Une camerounaise en train de voter (source)

Si, donc, dans l’ensemble les propositions coulent de source permettez-moi d’exprimer 3 grandes critiques:

Ma première critique est dans la répartition des mesures économiques. Toutes ces propositions, très détaillées, dans le domaine économique devraient être regroupées sous une seule catégorie qu’on aurait du appeler Défis économiques. Cela à le mérite d’être plus clair et de restreindre le patriotisme en tant que source de valeur ajoutée économique et non de repli identitaire. Je sais c’est de la sémantique mais dans ce genre d’initiative la sémantique est tout aussi important que le contenu, surtout lorsque celui-ci est ténu. Il faut savoir utiliser le patriotisme pour faire ressortir le meilleur des gens mais pas trop.. car les débordements sont rapidement incontrôlables.

La deuxième critique que je formulerais est dans le contenu et non dans la place laisser au Développement. Très clairement, le choix des auteurs des propositions a été de le reléguer au second plan. C’est un choix respectable et originale, voir une force du texte, mais, hélas, très rapidement, on perçoit qu’il n’est pas assumé. Cette partie des propositions est un « fourre tout »,  rond point de toutes les évidences en matière de Développement que personne n’oserait remettre en question. J’aurais préféré voir une priorisation des objectifs quitte à ne pas être exhaustive.

Dernière critique et non des moindres, le Tribalisme. Je sais, avec l’Homosexualité, voilà des sujets qui tiennent à cœur  à LPN (l’auteur, par le blog:ndlr). Oui, le Tribalisme existe, et oui, le Tribalisme tel qu’il est pratiqué au bled est peu ou pas productif mais est-ce une raison de le mettre à l’index comme étant le seul vrai méchant qu’on a trouvé comme responsable de tout les maux du bled ? Si je suis les propositions s’y afférant on devrait l’observer puis l’encadrer en fixant des quotas par ci par là. Comme pour l’Homosexualité, les blédards ont l’art de se créer des problèmes que eux seules combattent sur la planète alors qu’ailleurs on transforme ces dites faiblesses en autant d’opportunités. le Rwanda n’avait que 3 ethnies, le Cameroun en a près de 300. Je souhaite bonne chance aux quota 🙂 . En lieu et place de circonscrire le Tribalisme, étudiez-le et si cela à déjà était fait, utilisez les acquis de ces études pour en ressortir le meilleur, oui il y a du bien dans le Tribalisme!! Tant que l’homme vivra en société, les tribus, clans, et autres groupes d’influences existeront, lutter contre eux de manière primaire comme préconisé dans les mesures est vain alors qu’on pourrait les utiliser pour mieux se développer et mieux échanger si on prenez la peine de les intégrer dans nos différentes politiques en lieu est place de les exclure.

Ceci dit terminons sur une note positive. Ces mesures ou propositions sont une base de discussion. Et aussi imparfaites soient-elles, elles ont le mérite d’exister et de faire avancer la réflexion. J’ai fait ma part du job, à vous de faire le votre à présent, à bon entendeur…

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3 Commentaires

@Etum pour te répondre plus complètement, il me faudrait un poste entier. Mais en gros dans ta question réside le problème principal auquel dois faire face le Tribalisme: tu parles de faire quelque chose contre le Tribalisme alors que justement l’astuce serait de plutôt commencer à faire quelque chose avec le Tribalisme. Voilà une force du bled que nous sous-utilisons ou plutôt que nous utilisons très mal surtout par manque de vision à long terme.
Il faut que l’on commence à apprendre à transformer nos dites faiblesses en opportunités de développement. Du moins tel est mon avis.

@LPN
Je suis d’accord avec toi, il faut transformer nos faiblesses en opportunités, mais les CNTP se sont pas reunies. Nous agissons trop par reflexe identitaire. Il y’a pas de vision, de consensus global pour faire du tribalisme une opportunité, je pense donc que de maniere utile il faut le combattre dans un premier temps pour ensuite utiliser nos particularités pour notre developpement. Cette bataille doit etre volontaire, par exemple je défends l’idée d’echange entre le nord et le sud ou les différentes influences ethniques d’un pays à travers des colonies de vacances croisées, l’instauration d’une semaine du terroir ou chacun peut montrer ses particularismes, les expliquer aux autres pour qu’ils comprennent, l’apprentissage des langues nationales est une bonne chose…
Je prone donc un combat contre le racisme par l’education, l’echange ensuite nous pourrons attaquer le volet opportunité. Mais comme tu le dis il faut une vision commune acceptée de tous et ca c’est pas gagné. Peace!

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