#SaveTheMiniskirt

Je surfe tranquillement sur les réseaux sociaux lorsque je tombe sur un statut intrigant: l’icône montre l’ombre d’une sœur les mains sur les hanches avec la mention en rouge sang: « Save The Mini Skirt« . L’auteur du message n’est pas adepte des blagues grasses comme votre serviteur: si il en arrive à une prise position aussi radicale c’est qu’il se passe quelque chose. Ni une ni deux je cherche l’info et je découvre avec stupéfaction que les autorités ougandaises tentent un nouveau coup de force: interdire le port de la mini-jupe.
Non content d’avoir reçu un carton rouge de la part de ses bailleurs de fonds pour sa tentative de législation sur l’homosexualité v’là-t y pas qu’ils en remettent une couche avec une loi contre, tenez vous bien, la pornographie.

Le projet de loi définit la pornographie comme suit:

« Any cultural practice, form of behavior or form of communication…or leisure activity…that depicts a person engaged in explicit sexual activities or conduct…erotic behavior intended to cause sexual excitement or indecent act or behavior intended to corrupt morals ».

Je ne prend pas la peine de traduire car je sais que vous comprenez tous l’anglais. Cette définition est fort généraliste. Du coup parlementaires et opinion publique mettent du tout et du n’importe quoi dans ce pot et la psychose collective gagne l’Ouganda et amène à la création du mouvement SaveTheMiniskirt.

Le parlementaire a horreur de l’inaction car elle donne de lui l’image d’un gars qui ne sert à rien. Il replonge donc régulièrement dans son programme électoral ou son agenda politique et revisite ces messages populistes qui lui ont permis de se faire élire. Heureusement les quelques démocrates qui restent parmi nous les surveillent et font un boucan de tous les diables dès que des lois fanfaronnes apparaissent dans l’arène parlementaire. Quand je dis fanfaronne je pèse bien mes mots. C’est là où l’on trouve les décisions de changer l’hymne national, le nom des villes, les couleurs du drapeau et donc aujourd’hui le code vestimentaire. Il faut noter que la région est connue pour ces prises de position puritaine après chaque changement de régime. Ce fut le cas en Ouganda, au Rwanda, au Burundi et au RD Congo. Le nouveau pouvoir a toujours affirmé être capable de restaurer les mœurs à coup de lois et de règlements. A chaque fois c’était le comportement vestimentaire des sœurs qui était visé que ce soit la jupe (qui est considérée comme mini dès que les genoux sont visibles) ou le pantalon. Et à chaque fois il y se trouve une dame pour trahir toute les autres et défendre la loi avec toute son énergie. La réponse des blédards ne se fait pas attendre et se traduit souvent par la mise à jour d’un dossier « compromettant » de la dame en pantalon/mini-jupe.

Ce qui est triste avec nos parlementaires et autres législateurs c’est qu’ils ne cachent même plus de l’inspiration religieuse de ces lois. Mais ils font également preuve de mémoire sélective quand les lois sont présentées comme un retour à la vraie essence du peuple. Un « vrai » retour serait justement de se débarrasser de tout se textile et porter « fièrement » les fourrures animales ou dans le cas précis de l’Ouganda le mutuba ou bark clothes traditionnels tiré de l’écorce des arbres.

Plusieurs interrogations demeurent quand même et je vous les livre en vrac. Comment se fait-il que ce sont toujours les gars que l’on cherche à protéger du vice ? Est-ce que les parlementaires ce sont déjà intéressés à la nature des pensées de nos sœurs quand elle nous voient passer en costard-cravate ? Que pensent-elle de ces gars en pantalon très très près du corps, des footballeurs en vareuse, des blédard torse nus qui sont légions dans les rues du bled ? Ou bien ces dames et ces messieurs du parlement font diversion avec la mini-jupe afin de protéger ce qu’ils aiment bien voir ?

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