Et voila, quand j’ai la flemme de trouver un titre accrocheur j’en reviens à piquer le titre des fameux éditoriaux de Béchir Ben Yamed le fondateur de Jeune Afrique. Le but de cette usurpation passagère et d’essayer comme bien d’autres avant moi d’expliquer pourquoi les blédards du sud ne suivront pas leurs cousins du nord dans leur révolution. Notez que c’est là ma vérité qui n’engage que moi (désolé pour la tournure de la phrase :): ndla) et que je suis sur que vous, chers lecteurs avisés, aurez une lecture tout autre de la situation.
Pour essayer d’être concis dans mon discours voici, à mes yeux les 4 principaux arguments:
1 – La révolution du monde arabe a déjà eu lieu en Afrique Noire.
Nos révolutions ont eu lieu pendant les années 1990 la fameuse décennie des démocratisation et des privatisations de l’Afrique Noire. Ce fut la décennies des grands espoirs mais également des grandes désillusions. A coup de conférences nationales, de changements de constitution, d’élections présidentielles organisées pour la première fois de manière libre, de guerres civiles et de génocides, l’Afrique Noire a connu le goût et l’ivresse de la liberté mais également les lendemain de fête avec la gueule de bois qui va avec. Ce qu’elle a fait de tout cela peut être sujet à débat, mais il n’en demeure pas moins que cela a eu lieu.
Or ce que l’on retient surtout de cette décennie, ce sont invariablement les morts et la dégradation des situations économiques, via les dévaluations et les privatisations à tous bouts de champs qui n’ont fait que empirer la situation économique des gens. Voila pourquoi, les blédards réfléchiront à deux fois avant de recommencer ce qu’ils ont déjà vécu où si ils devaient le refaire, ils procéderaient différemment.
2 – Le Nord vit la fin d’un cycle.
Tunisie, Égypte et peut-être Libye demain… ces pays étaient/sont dans une fin de cycle. Ils étaient ou sont dirigés par des dirigeants présent depuis plus de 20 ans!! Le pouvoir use et quelque soit les réussites et les échecs du gouvernants, tôt au tard la population s’en lasse et aspire à un changement. Non qu’intrinsèquement on n’aime pas le personnage, mais si l’on a vécu sou la férule d’un dirigeant depuis que l’on est né, on espère que sous le joug d’une autre personne, les choses se passeront différemment. Le changement ou du moins l’évolution d’une situation est à la base de nos sociétés quoi qu’on en dise et quelque soit le régime.
A contrario, les pays du sud sont dirigés par de « jeunes » loups gouvernants. par jeune comprendre qu’il sont officiellement aux affaires que depuis moins de 10 ans pour la plupart. Certes des exceptions existent (Zimbabwe, Cameroun, Burkina Faso, etc…) et dans certains cas si ont a changé le conducteur mais le moteur reste le même. Toujours est-il que le niveau de frustration générale n’est pas présent depuis aussi longtemps au Sud en comparaison avec le Nord du continent.
L’armée égyptienne aux abords de la place Tahrir (source)
3 – Le rôle de l’armée.
Chez nos cousins du Nord, l’armée s’est rangé plus ou moins rapidement du côté de la population, et n’a en fait jamais fait obstacle au revendications du peuple. Pour différentes raisons (pécuniaires principalement 🙂 ) dans les pays maghrébins, l’armée a compris le sens de la marche ou plutôt a préservé ses prérogatives, sa crédibilité et ses avantages en suivant le peuple plutôt que le dirigeant en place (à l’heure ou j’écris ces quelques lignes cela semble être plus flou dans le cas de la Libye).
En revanche, plus au Sud, l’armée se range systématiquement du côté du dirigeant. Bon ou mauvais, les garanties ou les avantages que lui octroi le pouvoir en place semble de loin lui être plus avantageux que s’aventurer à suivre le peuple dans ses revendications fondées ou non. Sans surtout savoir de quoi demain sera fait.
4 – Le rôle de la rue… et des partis politiques.
Ma perception est que chez les maghrébins tout vient de la rue et les partie politiques essaient tant bien que mal de se raccrocher au wagon du changement. En clair, la rue n’attendant plus rien des politiques a repris les choses en main.
Plus au sud, et la crise que vit actuellement le Gabon l’illustre bien, on a plutôt à faire à une « guerre de particratie » ou chaque parti politique, cherche à s’accaparer la totalité du pouvoir. La rue ou plutôt le peuple a peu ou rien à dire. Elle se contente d’observer en attendant que le « meilleur » gagne.
En clair, vu de l’extérieur, bien que les situations se ressemblent et malgré la similitudes des ingrédients réunis pour déclencher une vive contestation, il n’est pas dit que les « révolutions » maghrébines touchent l’Afrique Noire car , pour citer un ami du Congo Brazzaville durant les émeutes des années 90:
Je me fiche de qui est au pouvoir du moment que je peux manger à ma faim.