Cannes à Sucre

Après un long week-end pour raison de fête religieuse, quoi de mieux que de redémarrer la semaine tranquillement avec un sujet léger ? Nous allons bouger du côté de Cannes dans le sud de la France où vient de se terminer la cérémonie annuelle du Festival Internationale du Cinéma Dont Personne n’a Rien à Secouer. Avec un tel titre il doit certainement y avoir un ou plusieurs films blédards si pas en compétition en démonstration. Sans parler de réalisateurs qui ont sans aucun doute réussi à se faire une place dans ce microcosme nombriliste.

Bon je me promène sur la Croisette « présentement » et j’en profite pour regarder la composition du jury des fois qu’il y ait un frangin là dedans (qui peut nous avoir des places à l’œil – vous me suivez ?). Choux blanc. Aucun. Nada. Niente. Riens du tout. Cela est sans doute du au fait que très peux de frangins ont été primés à Cannes et ont donc eu l’honneur de figurer dans ce panel. De mémoire (aidée par Wikipédia), je pense qu’à part la « Chronique des années de braise » de l’algérien Mohammed Lakhdar-Hamina en 1975 aucun blédard n’a eu l’occasion d’accrocher la Palme d’Or au mur de son salon. Et balayez de vos esprits embués le souvenir de « Yeleen«  car ce film de Souleymane Cissé n’a eu droit qu’à un modeste Prix du Jury (de là à se demander qui remet les autres prix :ndla).

Personne dans le jury ? Ce n’est pas grave regardons dans la sélection de films en compétition. J’entends dire que la crise a sévèrement frappé  le Cinéma d’Auteur (et rien que celui là car le Cinéma Grand Public se porte bien, merci), cela devrait permettre à un voire deux films blédards de s’insérer dans le programme. Et c’est le cas puisque je vois dans liste Indigènes 2: Hors-la-Loi de Rachid Bouchareb. J’imaginais bien qu’il y a une vie après la guerre mondiale pour nos fantassins maghrébins. Et comme c’est pas encore l’indépendance, la vilaine bête française rode encore sur les plateau de l’Atlas. Mais le jury n’aime pas les suites donc le film a très peu de chance d’avoir un prix. Je vois ensuite un film d’un Sud Africain qui a le malheur d’être blanc et qui a donc du aller chercher à l’étranger, en Allemagne, le financement nécessaire à son film bien blédard lui. Je reviendrais très certainement sur « Le Secret de Chanda » de Olivier Schmitz un autre fois dans un billet moins décalé.

L’Homme Qui Crie présenté par Mahamat Haroun sur arte

Et puis il y a notre grand gagnant du jour: Un Homme qui crie de Mahamat Haroun. Enfin pas vraiment gagnant car comme je vous l’ai expliqué la Palme d’Or ce n’est pas pour nos intellos blédards. Notre réalisateur tchadien nous vient ici avec un film très blédard dans le thème puisqu’il traite du sujet de base que les africains modernes ou anciens essaient d’éviter mais qui les poursuit comme la moustache poursuit la faim (*): j’ai nommé le passage de témoin entre un père et son fils.
Ce film hautement allégorique suit un père qui ne veut rien lâcher car il se sent encore capable et que ce boulot qu’il fait depuis tout le temps est sa vie. Mais voilà que son fils s’avère être au moins aussi capable que lui pour ce même boulot. Ce fils qui est là et que tout le monde voit et qui poussera le vieux dehors si le système lui ne s’en charge pas pour lui. Le tout est évidement saupoudré d’une atmosphère d’insécurité que l’auteur tire des « récentes » attaques rebelles sur N’Djamena. Tout un programme donc qui devrait intéresser des cinéphiles bledard … si pour autant ils avaient accès aux films d’auteurs.

(*) Fable Africaine:

« la Moustache et La Faim étaient deux grand potes jusqu’au jour où la Faim vole du fric à la Moustache. Prise sur le fait, la Faim se barre en courant avec la Moustache à ses trousses. Acculée, la Faim fini par trouver refuge dans la bouche d’un Blédard. Et la Moustache fatiguée de courir décide de se poster à la sortie de la bouche pour attraper son voleur dès qu’il se décidera à sortir de là ».

Mais j’y pense, je viens de céder gratis un scenario pour un super film d’auteur d’animation 3D. Sur ces bonnes paroles, je vous laisse profiter de votre African Day qui gagnerait a être plus connu si il était férié ET payé.

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