Pourquoi les oiseaux se cachent pour mourir

On connait tous l’adage qui veut qu’un chef du village est toujours en bonne santé, toujours, jusqu’au jour où il meurt … et où il est miraculeusement remplacé par un nouveau chef du village à la santé de fer 🙂 . Comme la plupart d’entre vous, je sais, à l’heure où j’écris ces quelques lignes, que le président nigérian Umaru Yar’Adua est décédé et bien que je sympathise avec la douleur de sa famille j’ai envie de dire « Le président est mort vive le président ».

Comme le disait récemment mon acolyte MastaP, c’est dans les épreuves les plus difficiles que l’on peut réellement juger de la santé d’une nation et du bon fonctionnement réel de ses institutions. Je ne vais donc pas ici reprendre son argumentaire car ce qui me préoccupe moi est tout autre. Après un Ahidjo, du Cameroun, ou plus récemment,  un Bongo (père), du Gabon, voici que le président nigérian s’ajoute à la longue liste des présidents ou anciens présidents du bled qui sont morts en dehors de chez eux par manque… de centres médicaux sur leur lieu de travail 🙂 .
Car si au bled il est aisé de changer et/ou de manipuler la constitution pour se présenter plus qu’il ne faut, il semble qu’un tel stratagème ne permet pas encore de faire pousser des centres hospitaliers dignes de ce nom au bled. De même cette technique a montré ses limites en ne permettant pas de fournir un cadre minimum à bon nombre de médecins blédards qualifiés mais expatriés et voulant revenir pratiquer la médecine chez eux.

Non chers lecteurs, ne voyez pas en moi l’oiseau de mauvaise augure qui tient à profiter du malheur d’autrui pour encore plus l’accabler. Je suis pourtant sûr que je ne suis pas le seul à faire cette remarque alors quitte à paraitre un brin provocateur, ce qui n’est pas mon but, laisser moi au moins dire tout haut ce que pas mal d’entre vous pense tout bas.

Du temps de sa superbe, feu le président nigérian (source)

Ce qui me sidère dans le cas nigérian, c’est que le Nigeria n’est pas une « petite nation » avec les caisses vides. La preuve en est qu’elles sont considérées suffisamment pleines pour que sa fédération de football soit la seul des pays sub-sahariens à  faire payer au prix pleins les droits de retransmission de la futur Coupe du Monde à l’instar de l’Afrique du Sud. Cela en dit donc long sur le potentiel (désolé pour l’utilisation d’un gros mot:ndla) économique du pays. En résumé voilà la preuve qu’un pays, que dis-je que les administrations successives du Nigeria, avaient des choses plus importantes à régler que de mettre sur pied un système de santé ad-hoc. Saisissant la balle en vol, LPN va essayer de voir, si vous le voulez bien, qu’elles étaient ces trucs vraiment importants ?

Un petit détour sur Wikipédia, au grand dame d’Eddy, nous apprend que le Nigeria a vécu au rythme des coups d’état depuis son indépendance. Coups d’état qui ce sont arrêtés lors de l’intermède musicale sanglant du Biafra, avant de reprendre de plus belle. Et ce n’est que depuis peu que l’on peut parler de véritable démocratie, en témoigne le nombre de recours légaux introduit pour destituer feu le président, alors encore en vie.
Je me souviens d’une joute verbale sur un forum anglo. Lors de ces échanges cordiaux un nigérian avait relevé que toute l’infrastructure du pays (les principales routes et bâtiment publiques) dataient de l’époque avant la découverte du pétrole. Après, seuls les individus s’étaient enrichis, au dépend de la chose commune qu’est l’État. De la à faire de l’or noir, ou plutôt de sa gestion par les pouvoirs publiques, l’origine de tous les maux du pays, il n’y aurait qu’un pas.
Une autre anecdote du même acabit m’a été racontée par un RDCongolais qui relatait la rencontre entre feu le Président Habyarimana du Rwanda venu demandé à feu le Président Mobutu du alors Zaïre une assistance militaire face à l’avancée fulgurante des forces alors rebelles de Paul Kagamé. La réponse du Léopard à la Guèpe a été la suivante: « Ça t’apprendra à construire des routes asphaltés partout dans ton pays« . No comment.

Quel est la conclusion de tout cela et où veux-tu en arriver LPN, me demandez-vous ? Hé bien cher lecteur, cela montre à suffisance que les errements successifs de nos dirigeants ne font pas uniquement du tort à leurs administrés mais également à leur propre confort et qu’il serait intéressant qu’il comprenne que in fine, mieux administrer leur cité ne peut qu’être à l’avantage de tous, eux y compris. A bon entendeur…

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2 Commentaires

Ca confirme ce que je pense depuis un moment: il n’y a pas de conscience nationale dans nos têtes et nos esprits. Il n’y a même plus de conscience de royaumes.
Nous avons peut-être une perception plus ou moins vague d’un socle national commun (surtout à l’approche d’évenements comme la CAN ou la CM), mais quand on creuse un peu, la plupart sont dans une logique égoiste de village et de clans.

C’est comme cela que je m’explique l’incroyable voracité de ceux qui nous gouvernent et leur pour le moins surprenante insensibilité devant nos soucis et souffrances.

@Eddy,
Moi ce qui m’étonne c’est le nombre de chef d’état blédards qui meurent de la même manière, je sais que comparaison n’est pas raison mais dans les Mangas les combattants on l’habitude de dire:

Ton attaque je l’ai déjà reçue… elle ne fonctionnera pas 2 fois.

La mort d’un Bongo, n’a donc pas instruit un Yar’Adua qui décède dans les même circonstances.
Nos dirigeants se veulent éternels et bien qu’ils assument pleinement leur volonté avec les effets secondaires, toujours indésirables mais quand même présent, qui en découle: une meilleure couverture sanitaire pour tout le monde.
CQFD

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