tranche de vie: au snack-bar

Afin de faire avancer le débat sur la perception de l’étranger hors de ses frontières, me voici de retour avec une anecdote qui pour une fois ne m’est pas arrivé mais dont l’un des protagonistes a eu l’amabilité de me raconter et surtout de me permettre de la partager ici avec les déformations et occultations d’usage afin de préserver la sérénité du débat 🙂 .

Ainsi donc mon ami, blédard de nature et employé de bureau de fonction, s’en va un midi chercher sa pitance dans un snack près de son lieu de travail. Comme celui-ci a pris l’habitude de se rendre dans ce commerce de proximité au cœur de la ville. Il a même au fil des mois fait connaissance avec le tenancier du commerce mais également avec un certain nombre de ses clients réguliers. Mais v’là-t-y-pas que ce jour … il y a quelques semaines de cela, mon ami blédard se retrouve en pleine discussion à bâton rompu avec le gérant quand un client, visiblement aussi régulier que lui vient se joindre à la conversation. Jusque là me direz-vous rien de bien spécial. Mais voilà au détour de la conversation ce nouveau venu interroge le blédard en lui tenant à peu près ce langage:  « Mais, dis-moi, de quel nationalité es-tu ? ».

Je tiens à préciser à ce moment de l’histoire que mon ami est aussi espiègle que votre serviteur, et, prenant son interlocuteur au mot lui répond tranquillement … « Je suis belge ». Il faut comprendre que généralement lorsqu’un non blédard croise un blédard et qu’il lui demande de quelle nationalité il est celui-ci attend du blédard qu’il lui sorte son pays blédard d’origine. Ce raccourci intellectuel est un détecteur permettant de lever un lièvre mais hélas en toute objectivité à ce moment de la conversation vous ne savez pas si vous avez affaire à un ignorant, à un xénophobe et/ou à un raciste 🙂 .

Qu’à cela ne tienne en jouant au chat et à la souris avec la personne mon comparse se met en quête de classifier son interlocuteur à l’insu de son plein gré. De fait l’interlocuteur se reprend et déclare . « Non en fait je voulais savoir de quel pays tu es originaire ? ».

Oui blédards, blédardes, vous pouvez le dire, cette personne ne fait rien pour arranger son cas. Mieux il s’enfonce sans s’en rendre compte. Je tiens à signaler que mon ami retord envisageait de lui répondre par un petit mensonge cocasse histoire de continuer la torture mentale en feignant d’être né à Bruxelles ce qui aurait fait de lui un belge originaire de Belgique 😀 . Mais son interlocuteur, décidément en verve lui fourni un autre indice en précisant sa pensée…  » Tu es congolais c’est ça ? ».

Deuxième explication de texte. Pour les quelques blédards qui ne le savent pas. La Belgique est l’ancien pays colonisateur du RD Congo, à ce titre et pour rester dans le gros cliché qui perdure, pour la majorité des blondins d’un âge certain, un blédard est forcément congolais. Mon ami, saisissant la perche qui lui est lancé rétorque alors, par un autre mensonge tout aussi retord, non je suis burundais!

Son interlocuteur, naïf, ne le sait pas encore mais il a mordu à l’hameçon et permet de part sa réponse sa catégorisation: « Ah mais congolais ou burundais, c’est la même chose, les pays sont frontaliers, non ? « .

Alors je résume: pour ceux qui n’ont pas suivi, bien que mon ami ait des papiers belges et qu’il exerce son droit de vote sur le territoire belge il est congolais de fait de sa naissance au Burundi qui est proche géographiquement du Congo. Sachant que son interlocuteur est suffisamment cultivé pour situer le Burundi sur une carte il n’est pas ignorant, et encore moins xénophobe car il est en train de converser avec mon comparse, la conclusion est donc implacable.. »IL EST CON!!! »

Pour la petite histoire, cette dernière réplique n’est pas de mon pote mais du tenancier du commerce, car lui, qui est originaire de Bulgarie, en a marre d’être chaque fois pris pour un hongrois.

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