Mais que reproche-t-on à Michael Sata ?

A contre courant de l’actualité immédiate, encore une fois, LPN décide de vous parler d’un évènement dont tout le monde se fiche … sauf lui. Non pas que les péripéties de la campagne électorale du Cameroun qui tire à sa fin, ne me passionne pas. Où que le sort des blédards bloqués en Libye me laisse indifférent. Mais, plutôt que de céder à la facilité, je m’en vais vous compter les déboires de Michael Sata. Vous verrez ce récit passionnant au demeurant nous permettra de lever un voile sur l’efficacité légendaire de la diplomatie du bled.

Mais alors, me demandes-tu, cher lecteur, que lui reproche-t-on à Michael Sata? Calme ton enthousiasme jeune lecteur, tout d’abord, laisse moi dresser le décor de la pièce, si tu le veux bien. Si tu ne connais pas déjà le bonhomme et sa fonction, ce n’est pas grave, je m’en vais te rafraichir la mémoire. Mr Michael Sata, zambien de nationalité est le président en exercice de son pays. Avant d’être président de la Zambie, ce cher Michael est donc un blédard comme près d’1 milliard d’autres humains vivant sur cette planète.
Et bien, figure-toi qu’en tant que simple blédard il lui est arrivé de voyager hors de chez lui. Jusque là, rien d’anormal me diras-tu. Là où la chose devient cocasse et donc intéressante pour LPN, s’est lorsqu’il apprend que lors d’un de ses déplacements au Malawi voisin, le sieur Sata, à ne pas confondre avec les disques durs du même nom, s’est retrouvé personna non grata. Je passe sur les détails mais la résultante fut que Mr Sata fut renvoyé dans son pays avec quasi un coup de pied dans le derrière par les autorités de Lilongwe (la capitale du Malawi :ndlr).

Mais voila une élection présidentielle plus tard, Mr Sata devient président de la république de Zambie. Notons au passage le caractère anonyme de cette élection signe d’une démocratie qui fonctionne. Et ce qui devait arriver, arriva, Mr Sata doit se rendre officiellement au Malawi voisin pour un sommet de chefs d’État et, bien sûr, la question que tout le monde se pose est ira où ira pas. Et même dans le cas où il décidait d’y aller, le Malawi peut-il juridiquement recevoir sur son territoire une personne qu’elle considère, à raison où à tord d’ailleurs, comme indésirable ?

Mr Sata prête serment pour devenir le nouveau président de la Zambie (source)

Soyons franc, surtout, nous les bourlingueurs du bled, qui par monts et par vaux sillonnons le bled. Qui n’a jamais été arrêté à la frontière d’un pays pour des questions administratives inexistantes. Ou, qui ne s’est jamais retrouvé devant un guichet d’ambassade d’un pays du bled avec l’envie clair de vouloir perpétrer un massacre tellement l’octroi d’un visa à un blédard par un autre gouvernement blédard est parfois assimilable à un parcours du combattant, oui, bien pire que l’octroi d’un visa étudiant pour l’occident. En tant que quidam, soyons honnête, pour celui qui déciderait de toujours suivre la seule voie officielle pour rentrer dans certains pays, le constat est simple: il ne pourrait tout simplement pas s’y rendre. Et voila donc comment, Michael Sata s’est retrouvé dans la situation qui nous préoccupe actuellement.
Certes, à l’époque des fait, il était déjà un politicien en vue dans sa Zambie natale (chef de file de l’opposition :ndlr). Mais visiblement tout cela n’aura pas pesé longtemps dans la balance au moment où il fut raccompagné, sans ménagement, à la frontière zambienne par les autorités malawites.  Du coup, voici un gouvernement malawite contraint de réfléchir sur comment contourner sa propre législation pour permettre au président zambien de séjourner sur son territoire.

Ce cas, dirais-je, d’école illustre fort bien les problèmes de la diplomatie du bled envers les autres blédards:

  1. Manque de clarté dans les décisions: La personne refoulée, pire, l’administration qui la refoule semble ne jamais être en mesure d’expliquer le pourquoi de la décision;
  2. Manque de vision: L’indésirable d’aujourd’hui pourrait se révéler être l’interlocuteur de demain;
  3. Manque de communication: si il y a bien une chose que Wikileaks a montré à suffisance c’est que les diplomates américains savent récolter des informations dans les pays où ils se trouvent pour mieux orienter leur propre administration. Visiblement on ne peut pas dire la même choses des diplomates africains.

Que l’on me comprenne bien, je suis ouvertement pour  la libre circulation des blédards au bled. En attendant, je rêve d’un gouvernement blédard capable d’expliquer clairement sa politique d’immigration vis-à-vis des étrangers et spécialement des autres blédards. Mais comme le flou semble être le fondement de toute ces politiques actuellement, je suis près à parier que d’autres Michael Sata attendent sagement leur tour dans un bled près de chez vous.

In fine que reproche-t-on au président zambien in fine ? Moi, je ne lui reproche rien, au contraire je le remercie d’avoir mis en lumière une autre de nos carences, à bon entendeur…

 

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3 Commentaires

@LPN,
Je pensais que tu allais nous dire que Sata a balayé les rames du Metro londonien 🙂 Aux dernieres nouvelles il aurait décider de ne pas participer au sommet malawite

@Etum, voila une information que je n’avais pas en ma possession. Pourrais-tu nous en dire plus sur le travailleur du « métro londonien » 🙂 . Je suis avide d’en savoir plus.

@LPN,
Selon la biographie officielle Mr SATA aurait étudié les sciences politiques à Londres, c’est aussi dans la capitale anglaise qu’il fut employé par la British Rail pour balayer les quais de la gare victoria 🙂

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