La Rue

Ben Ali

Le locataire actuel du palais de l’Elysée l’a clamé haut et fort: ce n’est pas la rue qui gouverne. C’est pourtant elle qui fait et défait les chefs d’état comme viennent de le prouver des tunisiens bien remontés. En moins de 48h nous avons tout entendu sur la Tunisie et son contraire. Aussi dans un tel flot il est difficile de trouver un sujet qui n’a pas été traité par le médias. Qu’à cela ne tienne, chez LPN on n’est pas à un délire près et on va tenter le coup.

Partons de la constatation logique que tout système autoritaire aussi sophistiqué soit-il fini toujours par céder. Je dis logique mais il s’agit plutôt d’une constatation fondée sur l’observation de plus de deux milles ans de bêtise humaine. Sachant donc que le système va tôt ou tard s’effondrer, je m’étonne qu’encore aujourd’hui, des dirigeants du bled, à l’instar de la cigale de Jean de Lafontaine, se font surprendre par la venue de la bise. Ils ont pourtant au cours de leur règne vu plus d’un collègue se faire jeter dehors manu miltari par La Rue (ou par L’Armée dans La Rue :ndla) et se retrouver à la porte de leur maison.
Dans le meilleur des cas, l’éviction se fait au détour d’une visite ou d’un sommet à l’étranger (cf: Bagaza du Burundi). Mais au final c’est la même chose: le dirigeant déchu se retrouve SDF, sans papier et sans le sous dans un pays qui n’est pas le sien alors qu’il a passé le plus clair de son temps à détourner les deniers publics. C’est donc bien que quelque chose ne va pas. Soit ils ne sont pas préparés car ils se savent inamovibles et cela témoigne d’un pathologie plus profonde. Soit ils sont mal préparés et cela mérite de s’y attarder pour voir quelles sont leur erreurs que je qualifierais de classiques.

Les occidentaux ne sont pas vos amis

C’est vrai que pendant tout votre règne (Remarquer que je ne pousse pas le bouchon jusqu’à parler de mandat :ndla) ils vous ont flatté, vous et votre régime. Ils vous ont offert des faveurs, il ont passé l’éponge et même fermé les yeux à des moments délicats. Il n’empêche que les occidentaux sont comme de vieux éléphants qui n’oublient pas le petit enfant qui leur a privé de cacahuètes il y a 30 ans. Et au moindre retour de fortune ils vous ressortent froidement tout le dossier. Donc dictateurs blédards, évitez de placer l’argent que vous avez mal acquis en occident, car il est plus que probable que vos enfants ou vous même n’en profiterez jamais.

La famille n’est pas votre amie

Je sais que c’est un canon blédard auquel je m’attaque mais il est clair que la famille ou plutôt la belle famille dans le cas de Ben Ali est une des grandes perdantes de la chute. Enrichir ses proches ne les protège pas, bien au contraire, vous en faites des cibles parfaites qui permettent ainsi au plus grand nombre des tenanciers de La Rue de se défouler. Donc tant qu’à faire: reniez les proches que vous aimez le plus quitte à les laisser dans la plus grande misère voire dans l’opposition. Ainsi il restera quelque chose de vous dans ce pays après votre fuite.

Un dessin de Jason Kibiswa sur le renversement populaire tunisien (source)

L’armée n’est pas votre amie

Votre vraie amie s’appelle la garde présidentielle. Mais après une dizaine d’années passées à torturer et assassiner elle s’est embourgeoisée, a pris du bide et passe plus de temps sur les plages de Carthage que dans les salles de sport. Résultat: elle est surclassée par l’armée en un quart d’heure. Tant qu’à investir dans un service privé autant s’acheter un jet privé et un équipage au taquet. Cet investissement permettra au moins d’éviter de se voire refouler d’un avion de ligne par un pilote zélé.

La Rue n’est pas votre amie

Maintenant vous le savez. On n’a jamais vu un cambrioleur, un vrai, s’installer dans la maison qu’il est venu cambrioler, prendre ses aises, allumer la télé, se servir dans le frigo, péter dans le divan et y faire une sieste en se disant que quand les propriétaires se réveillerons il aura encore le temps de se faire la male avec le butin. C’est pourtant cette posture que ces messieurs (et ces dames – ne soyons pas sexistes) prennent mais ils ignorent que La Rue est comme le Temps, un ennemi implacable et patient qui gagne toujours à la fin. A bon entendeur …..

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4 Commentaires

Je connais un pays où les habitants seraient tellement contents de te voir avoir raison. Hélas, ce pays doit être l’exception qui confirme.

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