Combustion spontanée

Depuis que les évènements de Tunisie ont détrônes ceux de la Côte d’Ivoire dans le « palabrosphère » blédarde un sous thème n’arrête pas de revenir tel un boomerang. Vous savez ce genre de sujets tintés d’un soupçon de chauvinisme mêlé à une once de stigmatisation qui n’a semble-t-il été crée que pour faire parler la fine équipe de polémiqueurs de ce blog, ce que nous allons faire sans aucune retenue. La polémique du jour: un blédard, un vrai, ça ne ce suicide pas.

Parce que, quand on entend les médias, qu’ils soient occidentaux ou blédards, l’on pourrait croire qu’il existe chez l’Homme avec un grand H, un seuil de tolérance au delà duquel il est logique de porter atteinte à sa vie. La manière importe peu, si aujourd’hui c’est l’immolation par le feu, hier c’était la corde, les médicaments ou que sais-je encore. Mais voilà, un tel comportement m’affirme-t-on au bistrot camerounais où je me trouve n’est pas propre à un blédard. Devant l’accumulation des cas en Mauritanie, en Egypte, et ailleurs, force est de constater que l’affirmation prend du plomb dans l’aile. Les deux marocains présents dans la salle ce jour là en font d’ailleurs les frais, un gars dans la salle lance: « Avez vous remarqué que le phénomène est limité au Maghreb ? ». Puis, renchérie avec un « Nous au Sud du Sahara jamais on ferait un truc débile comme cela: on aime trop la vie ».

Derrière les blagues de bistrots se cachent souvent une réalité. C’est d’ailleurs ce qui permet à ce genre de boutades de faire mouche devant un public avisé. C’est également un bon point de départ pour une réflexion plus profonde. Avant d’affirmer le contraire du gaillard du bistrot, je me suis demandé sur quelle base statistique fondait-il ces affirmations ? Avait-il des chiffres, des sources que nous n’avions pas ? Deuxième interrogation qui découle de la première: à supposer que ses dires soient vérifiés, quelles en étaient la cause ? Les sub sahariens aurient-ils un seuil de tolérance à l’injustice plus élevé que les maghrébins (je connais au moins deux leaders d’Afrique de l’Ouest occuper en ce moment à tester le niveau réel de ce seuil :ndla).

Manifestation à Tunis contre la cherté de la vie le chômage, samedi 8 janvier. AP/Hassene Dridi

Poser des questions c’est sympa, mais oser proposer des réponses c’est mieux. Je ne pense pas que les sub sahariens encaissent l’injustice mieux que leurs cousins maghrébins. Non, je pense plutôt qu’ils nous ont habitués à une autre réaction: la fuite. Regardez les mouvements de populations qui ont lieu à chaque coup d’état, à chaque élection à chaque soubresaut politique (cf: CAP2010 sur LPN). Les sud sahariens seraient donc des lâches qui préfèrent fuirent plutôt que rester se battre et éventuellement mourir pour ces grands principes que sont la liberté et la démocratie ?

Rassurez-vous, je vais répondre non pour vous. On va plutôt dire que au Sud, la population (pas les dirigeants:ndlr) a appris à juger de l’efficacité d’une rébellion avant de s’engager. Ça date, je pense, de la période où notre courage légendaire nous a fait attaquer à la lance des colons armés de fusils. J’ai l’air de m’en vanter mais cela traduit surtout le fait que les sud sahariens ont une faculté de faire fluctuer leur attachement patriotique en fonction des opportunités qui s’offrent à eux en tant qu’individu. Ça marche pas au Congo ? Qu’à cela ne tienne, je m’en vais vivre en Angola. Ça marche pas en Angola, tant pis, je vais en Cote d’Ivoire. Et ainsi de suite jusqu’à ce que la planète entière soit sous le joug d’un tyran unique et indéboulonnable.

En y repensant, je me rend compte que les rares fois où j’ai entendu parlé de suicide de blédards (sud saharien) c’est quand des étudiants abandonnés par leur copine avant la période d’examen se jetaient sous le métro. De là à croire que le chagrin d’amour est un mal plus insoutenable que la misère il y a un pas qui ne sera franchi que par les plus romantiques d’entre vous.

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