Pourquoi il ne faut pas boycotter une élection

Tandja MamadouComme vous le savez surement l’opposition au Niger a décidé de boycotter les prochaines élections législatives une manière pour elle de montrer son opposition à l’instauration à vie de Mr Tandja à la Tête du pays. Si je peux comprendre la démarche de l’opposition, celle de vouloir faire respecter la constitution, tel qu’elle a était votée par le peuple au bled, je suis, alors, totalement en désaccord avec la manière de le faire, en clair, le boycott cela ne sert à rien.

Le boycott ne sert à rien parce que, en définitif, cela permet à la personne que vous ne voulez pas de s’enfermer dans son raisonnement qu’il croit juste, de se faire élire sans trop se poser de questions existentielles, et, cerise sur le gâteau, de prolonger son règne sans tricher. Alors oui, Mr Tandja n’a rien compris à la démocratie, et bien il n’est pas le seul, l’opposition également n’a rien compris. La démocratie n’est jamais garantie, elle est toujours remise en cause à chaque élection qu’elle soit communale, législative ou présidentielle. La démocratie c’est un combat de tous les jours et si il y a des batailles qui se perdent pour elle il ne faut pas oublier que la guerre pour la démocratie ne peut s’offrir le luxe d’une « pause » sous la forme d’un boycott.

S’opposer en ne faisant rien ( = le boycott) n’a jamais fonctionné au bled que je sache, pendant les années 70, 80 et 90 combien d’opposants ce sont opposés de la sorte? Et combien ont gagné? c’est simple aucun!! Donc clairement cette méthode est soit désuet, soit inadéquate, soit mauvaise…. soit les 3 en même temps. Messieurs les opposants en lieu et place de fuir la confrontation, battez-vous réellement dans les urnes pour reprendre la main au lieu de laisser la voie libre à Mr Tandja, sauf si cela est votre but ?

Un bureau de vote à Libreville lors des dernières élections présidentielles (source)
gabon bureau vote

Une face cachée du boycott c’est les signaux qu’il lance au régime au pouvoir et par la communauté internationale (désolé pour l’utilisation de ce gros mot).

  1. Le régime va penser qu’il est vraiment très méchant et qu’il fait peur et donc qu’il est craint et respecter. Et ça il aime.
  2. La fameuse communauté internationale en déduira, elle, que l’opposition n’est pas capable de s’organiser et de mettre en place une réelle stratégie de prise de pouvoir sans effusion de sang. Dans ce dernier cas elle aura généralement tendance à fermer les yeux et à continuer ses stratégies économiques pour sortir le G20 de la crise mondiale.

Je caricature sans doute mais l’idée générale est là. Boycotter cela revient à ne rien faire. Et ne rien faire revient à déclarer que la situation tel qu’elle prévaut est acceptable voire acceptée de tous... ce qui est loin d’être le cas.

Alors que faire? Me demanderez-vous. Je ne connais pas suffisamment la population nigérienne pour savoir sur quel levier exact il faut tirer pour que les choses évoluent de manière favorable pour ce bled. Mais ce que je sais, c’est qu’en ne faisant rien le statu quo profitera toujours au pouvoir en place. Le Niger est à la croisée des chemins et il y a plusieurs voies qu’il peut choisir en suivant les modèles gabonais, ivoirien, congolais (le petit et le grand), rwandais, ghanéen, kenyan.
Et oui, au bled on ne manque pas de modèles de références mais plutôt de politiques capable et de les observer, de les analyser et in fine d’en tirer les leçons afin de ne pas réitérer les même erreurs du passé comme par exemple boycotter une élection.

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