La fracture numérique au bled

cybercafeSi il y a bien une question qui ne fait plus débat c’est bien le retard qu’à pris le bled dans tout ce qui touche les nouvelles technologies. Alors que certains inaugurent ce qui pourrait être considéré comme le Web 3.0, l’Afrique reste bien derrière à compter le nombre de sites encore au format pré-web 1.0. Mais en y regardant de plus près tout n’est pas si noir que cela, parait-il ?

Le bled a raté, les 2 premières révolutions industrielles indépendamment de sa bonne volonté dit-on dans les salons de la haute société. Hé bien, il est en passe de rater la dernière révolution en date de son plein gré. Il faut quand même reconnaitre que dans ce raté à l’allumage certains pays s’en sortent mieux que d’autres. Ainsi d’un côté on distinguera les pays du Maghreb et les pays anglophones, et de l’autre, les pays francophones ou assimilés. Je sais je vois déjà d’ici les critiques qui vont me traiter d’arriérer, voire de personne qui revient encore une fois avec le découpage pré-colonial du bled. Mais soyons franc entre nous pour une fois, cette fracture politico-numérique, non seulement existe mais se ressent plus dans les anciennes colonies françaises ou assimilé que dans les anciennes colonies britanniques, c’est un fait un point c’est tout.

Les 10 pays les mieux connectés en 2008, le classement a peut varier en 2009Pour revenir au sujet du jour, la fracture numérique est telle que dans les pays francophones  le taux de pénétration du net et surtout l’utilisation des NTIC y est reléguée à une place totalement lamentable. Mais ce n’est pas grave, la chance ou la malchance du bled est qu’il représente, malgré tout les efforts de ses dirigeants pour que cela ne soit pas le cas, un marché potentiel. Et en période de crise, même les marchés potentiels de seconde zone sont bon à conquérir, pour justifier des taux de croissance devant ses actionnaires. Du coup Microsoft, Google et une ribambelle d’éditeurs de logiciel libre ou non se mettent à lorgner sur le bled comme des mouches autour d’une grosse bouse de vache. Et que l’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas l’envie de résorber la fracture numérique qui  les amènent, non c’est la position du premier arrivé premier servi qui les animent.

Ce qui me chagrine dans cette histoire ce n’est pas tant le retard du bled que l’attitude des dirigeants. Nos décideurs sont tout simplement obsolètes comme des logiciels incapable de se mettre à jour d’eux-même. En effet, les quelques projets sponsorisés par l’extérieur ou animés par des volontaires ou des blédards à l’esprit d’entreprendre, ne peuvent cacher l’absence d’étude de marché, d’étude d’impact, de faisabilité au bled. Rien n’a été encore pensé pour essayer de rattraper le retard colossal du bled.
On accuse les africains de ne pas créer assez d’emploi pour régler les problèmes de chômage, de ne pas offrir de déboucher à tous les jeunes qui ont terminé leurs humanités et pourtant, un vrai plan national encadré par l’état ou du moins favorisé par lui pourrait lancer un boom technologique sans précédents au bled car de la matière grise et des idées, croyez-moi, il n’en manque pas.

Non, vu que cette perspective semble être trop risqué ou trop difficile à mettre en place par les dirigeants du bled, (on se demande bien pourquoi?) ils préfèrent octroyer les marchés publiques a des institutions qui semblent ne rien comprendre au net ou à son impact sur le futur du bled. On Privilégie de manière primaire les logiciels ou les compagnies connus au détriment des solutions (gratuite, libre ou payante) qui devraient leur être plus bénéfiques dans le long terme. In fine ce qui est tout aussi inquiétant que leur choix, c’est la manière avec laquelle ils sont fait.

En somme le bled est devenu un nouveau far-west technologique où le vainqueur ne sera sans doute pas celui qui sera arrivé avec les meilleurs arguments mais celui qui sera arrivé en premier.

Dans la même veine

10 Commentaires

Les logiciels libres bénéfiques à long terme c’est une vue de l’esprit. Nous, en afrique sommes tout simplement incapable de réfléchi,r d’avoir un plan comme tu dis. Mais saches que avoir un plan ce n’est pas seulement adopté des logciels libres que nous ne maitrisons pas. c’est une reflexion globale qu’il faut mener.
Partout dans le monde au dela de la volonté politique les grands acteurs/administrations font leur choix de logiciels en fonction des acteurs en face. Je prends MS parce qu’il a la taille critique pour repondre à mes besoins, je prends IBM sur le libre dans le meme cas. Tu vois?

Alors réfléchissons et appliquons.

Je réfléchis à une autre approche: est si au contraire les dirigeant savent parfaitement ce qu’est le Net ? Ils veulent éviter de donner trop d’accès à la liberté/opposition/alternative/information et préfèrent saboter le système comme ils l’ont fait auparavant avec les journaux, la radio et la télé. Hypothèse à creuser.

Je pense m’être mal exprimé. quand j’écris gratuit, libre ou payant… je mets les 3 adjectifs au même niveau, je n’essaie pas de mettre en valeur le gratuit par rapport au payant. Non je pense simplement qu’à chaque problème il y a une solution et celle-ci ne passe pas obligatoirement par un logiciel libre (j’aime bien le libre ne n’inquiète pas 😉 ).
Par contre je ne suis pas d’accord, sur ce que tu dis. Les bons bureaux conseils font leur choix sur 2 critères, celui qui fera le meilleur lobbying et celui qui répondra de manière la plus efficace à mon offre la plus détaillé possible. Et pour contrer certaines distorsion du marché. Certaines administrations, aux Etats-unis par exemple, réservent une parties de leur marchés publiques aux petites et moyennes entreprises pour que elles aussi puissent se développer…. de quoi nous faire encore plus réfléchir…

@LPN,
le Small Business Act c’est autre chose et comme tu dis il nous fera encore plus réfléchir.
L’esprit de ton post c’est la stratégie à mettre en place pour ne pas rater la révolution en cours. Ce n’est pas parce que nous allons utiliser les LL que tout va aller, il faut investir dans l’éducation et c’est ce que nous faisons le moins en Afrique, il ne s’agit pas de former les gens à OOo mais de leur donner les armes pour faire les bons choix. Commencons par là et nous verrons apres.

L’Afrique étant en retard sur la première révolution industrielle, il faudrait se demander si ce n’est pas mettre la charue avant les boeufs en voulant développer les NTIC pour les mettre au même niveau qu’en Corée du Sud par exemple.

Ceci étant dit, passons à la pratique ; puisque je travaille avec des opérateurs je connais mieux certains fait, notamment pour l’ouest de l’Afrique (francophone).

Il existe 2 accès pour internet dans les pays attenant à l’Océan Atlantique : le sattelite et le SAT-3/WASC/SAFE.
http://en.wikipedia.org/wiki/SAT-3
http://www.safe-sat3.co.za/

Les accès sattelite, de par la technique requise, sont toujours chers et limités en débit. Et le SAT-3 alors ? Le SAT-3, appartient à un consorsium d’opérateurs (en gros, quasimment tous les opéateurs téléphones historiques africains francophones ont des part dedans) et fonctionnement à pleine capacité.

La demande de BP est supérieure à l’offre en Afrique. Mais il n’est pas question upgrader ce câble, d’en construire un deuxième, ou que sais-je, non, non, non. Vous voulez du transit via le SAT-3 ? 2000 € le mbit, ça vous va ? C’est cher ? Oui, oui, le SAT-3 est saturé, et puis de toute façon il n’y a rien d’autre. D’ailleurs pour une question de monopole du fournisseur télécom local, même s’il y avait un autre câble, vous n’auriez pas le droit de vous en servir. C’est pour ça que personne n’investit dans un second câble, et qu’on ne se presse pas pour en augmenter la capacité.

Pour comparaison, Amsterdam New-York c’est 3 € le mbit.

La Magreb et l’Egypte sont reliés par plusieurs câbles sous la méditerranée, appartent à des opérateurs différents. Bizarrement, c’est là qu’on a les meilleurs accès en Afrique…

L’autre aspect, c’est que l’Afrique est tellement limitée en BP qu’elle n’héberge même pas ses propres sites. Un ivoirien qui consulte un site du gouvernement ivoirien peut parfaitement consulter le site en France ou aux US. Non seulement la BP vers l’étranger est limitée, mais en plus toutes les consultations de sites se font à l’étranger. Voyez le problème.

Enfin, il y aurait des possibilités d’économie de BP par des accords de peering, ou en posant des fibres locales (En l’absence de points d’échanges tel l’AMS-IX ou le FreeIX, on passe souvent par l’Europe pour les échanges entre opérateurs africains, c’est vraiment honteux).

il ya pas mal de projet de fibre pour l’afrique mais il ya pas de coordination entre les differents projets et acteurs, par exemple les pays d’afrique centrale pourrait utiliser le projet Glo 1 comme une alternative a SAT3. c’est vrai aussi que l’on manque d’hebergeur et cela pour plusieurs raison (manque d’infrastructures pour l’acces, cadre juridique…)

@roberta: ça fait plaisir de lire quelqu’un qui sait de quoi il parle. Merci pour le topo sur la situation de m**de dans laquelle on se trouve. On sait à présent où et sur quoi agir.

Laisser un commentaire