Si l’on en croit le récent rapport de l’institut des statistiques de l’UNESCO, Nollywood vient à son tour de dépasser Hollywood. En effet, à l’instar de Bollywood, le temple du cinéma indien, le nombre de nouvelles productions annuelles de films du Nigeria dépasse celui des États-Unis depuis 2006. Immanquablement ces chiffres réveillent les mauvaises langues (plus communément appelés haterz ). Voyons leurs arguments.
872 contre 485: le score est sans appel. La prolifique industrie du cinéma nigériane a réussi à traduire son potentiel en concret. On relèvera d’abord que les chiffre de l’UNESCO décrivent le volume de productions et pas les sommes engagées ou engendrées. Un blockbuster américain qui marche rapporte vraiment beaucoup d’argent mais il est tellement cher à réaliser que Hollywood ne peut en produire que très peu sur l’année. Au contraire les films de Nollywood coûtent cent à mille fois moins cher et sont réalisés en mode DirectToVideo. Cela explique la disparité des chiffres et la difficile traçabilité de l’audience réelle.
On met en doute l’enquête de l’UNESCO du fait du contenu même des films. C’est que c’est ce contenu qui a justifié l’essor de Nollywood. Hollywood semble à cours d’inspiration multipliant les remakes et les emprunts à la bande dessinée (ça devrait être classé dans remake d’ailleurs). Nollywood au contraire accentue le décrochage régional. Si 56% des ses productions sont en anglais, export oblige, le reste est en langue du bled. Plus intéressant, les sondages montrent que les foyers africains étant de plus en plus puritains, ils se rabattent plus volontiers sur les films du bled que sur des sujets occidentaux souvent tabous ou dérangeants. Je me souviens de ce parent qui m’affirmait fièrement qu’il s’est opposé à ce que son gamin visionne Harry Potter « Le sorcier » avec sa classe de primaire. Car vous savez ce qu’on pense des sorciers au bled.
La dernière critique que j’ai trouvé intéressante est celle qui souligne que l’UNESCO ne prend pas en compte les chiffres de l’industrie du film pour adultes. Les films de boules représentent une part significative des rentrées (blague facile) du cinéma américain (4 à 10 milles films par an). Si ses budgets ne s’approchent pas de ceux des films dits conventionnels, ils sont largement au dessus de ceux des films africains mais … sont vendu plus chers avec moins de tirage (encore une blague facile). Il serait d’ailleurs intéressant de voir si une industrie du même genre n’existe pas au bled pour que le décompte soit effectivement exhaustif de tous les côtés. J’ai bien entendu parler des fameux pixies ou Pictures Xs fabriqués en Afrique de l’Est (Ouganda surtout) mais ce sujet mérite plus d’investigation.
Encore une fois, un organisme international cherche à justifier son existence en nous sortant le résultat d’une étude de la mort. Il semble pourtant que, comme pour toutes les études, chaque chiffre annoncé est sujet à critique. C’est sans doute ça le problème: ces chiffres sont soit du pifomêtre des statistiques et soit un décompte des enregistrements officiels. Dans les deux cas le but final est de flatter l’égo des uns et des autres. Alors pour une fois (de plus) qu’on fait la nique aux ricains, ne boudons pas notre plaisir: Cocorico !!!