Massacre.. à Santa Anna

Spike Lee vient de sortir un nouveau film parait-il, Miracle at Santa Anna. Pourquoi je vous en parle ? Parce que ce sujet m’est tombé dessus via une vidéo-pétition où pleins de français issu de l’immigration ou des minorités ethniques (non reconnus en France) se plaignent du fait qu’une société, TFM (filiale de TF1), eut bloqué la sortie en salle du dit film en France.

Qu’on aime ou pas, Spike Lee est là. Je me souviens de mon sentiment après Do The Right Things… Les gars se sont insultés, ont tout cassé et Spike dont j’ai oublié le nom du personnage dans le film va chercher sa  paie. Je n’ai toujours pas capté la morale de l’histoire au cas où il y en ait jamais eu. Mais je suis sorti fatigué, ça je m’en souviens!
Je me souviens aussi de Jingle Fever, le film dont la polémique était la vue sur grand écran de cette scène qui dans la vie courante, aurait privé le monde de Barack Obama, si elle n’avait pas existé. Mais à la fin, tout rentre dans l’ordre et je me demande encore quel était la morale de l’histoire. Je n’ai pas vu les autres films de Spike Lee et je ne suis pas fan du réalisateur, mais je conçois sans problème que c’est un réalisateur intéressant, bien au delà de sa couleur de peau. Non, moi, ma came c’est la polémique.

La première réaction après un tel blocage est de se demander comment au pays des droits de l’Homme un pouvoir puisse empêcher la diffusion d’une œuvre cinématographique. J’ai eu la possibilité de voir le film, recherché d’autres points de vue et je vous propose mon avis. Je crois que le souci de ce film est que Spike Lee fait le malin. Il joue avec tous les clichés sur tout le monde :

  • Les noirs qui ne pensent qu’à se taper de la blanche sont là , desolé Barack!
  • Les italiens fascistes, partisans, traitres, répondent présent;
  • Les allemands bien lourds, bien nazis avec les massacres de populations civiles terminées à l’arme blanche, sont également au rendez-vous. Mais il y a aussi des héros, et des poètes, allemands je me répète;
  • le top du top, c’est que toutes ces personnes font la même prière avant d’aller se massacrer.

miracle at st anna

Contrairement à ce que vous croyez je ne vous ai pas raconté le film… J’ai entendu des gens s’insurger sur ce film en invoquant des raisons économiques bien achalandées, ou des mauvaises critiques, mais je crois que ce qui rend le film invendable, c’est cette communauté de croyance entre tous les acteurs. On dirait un film français euh… comestible quand même, pour lequel, à la fin, on décide soi-même de ce qui a été miraculeux à Santa Anna. Bizarrement, je n’étais pas crevé à la fin du film. Mais ceci n’est pas une pub pour Spike Lee.

Comme je dis toujours à ma gamine, il est plus facile de réussir dans la vie en investissant sur l’imbecilité que l’intelligence, et c’est pour cela que j’ai choisi la deuxième option pour ton éducation. Logique non ?

La vidéo-pétition visible sur dailymotion

SPIKE LEE CENSURE EN FRANCE ? posted by AFROBIZ COMMUNICATIONS

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Un commentaire

J’ai pu voir le film hier, après l’avoir enregistré sur Canal +.
Miracle à Santa Anna a beaucoup de qualités, mais aussi pas mal de défauts, comme sa longueur et une certaine dispersion, avec pas mal de hors sujets.

La question est donc de savoir pourquoi il a été privé d’une diffusion en salles, alors qu’on passe quotidiennement d’infects navets. Le discours anti raciste « soft », fédérateur, teinté de patriotisme, genre Indigènes, ou prêchant la collaboration de classes entre pauvres et riches, comme Intouchables, passe très bien aujourd’hui; En revanche, une dénonciation plus violente du racisme, qui nous montre que les Etats Unis furent tout aussi racistes que l’Allemagne nazie, et des affrontements que ce racisme a suscité semble passer plus difficilement.

Les dénonciations « gentillettes » du racisme, style SOS racisme, font désormais partie de l’idéologie dominante. Spike Lee dérange évidemment davantage. Même si on peut lui reprocher son communautarisme, et ici sa religiosité, il ne cache rien de la violence de l’oppression raciale ni des réactions qu’elle suscite chez les opprimés.

On peut aussi noter que le très beau film « Légitime défense », avec Stuart Whitekar, qui montre une organisation armée d’ouvriers noirs contre le KKK dans les années cinquante, n’est jamais passé sur grand écran non plus. Il faut bien chercher pour le trouver dans les bacs de DVD…

Bref, notre société est beaucoup moins tolérante qu’elle ne cherche à le faire croire, même si, le plus souvent, la censure est plus subtile, c’est la censure du fric et du boycott médiatique comme pour L’ordre et la morale de Kassowitz…

Gérard Delteil

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