Ebola et coups fourrés

L’Afrique est contaminée, fuyez pendant qu’il est encore temps.

Tel serait ce que comprendrait un visiteur d’une autre planète s’il devait se faire une idée de ce qu’il se passe au bled en se fondant uniquement sur les papiers, les billets et les tweets qui circulent autour d’Ebola. Non que je ne sois un fervant défenseur de la politique de l’autruche mais trop is too much.

Il y a eu l’affaire des compagnie aériennes occidentales, puis les redoublements de contrôles aux frontières européennes et encore récemment la grève incompréhensible des bagagistes belges. On n’oublieras pas de mentionner les rumeurs de report de la CAN2015 et les échanges d’amabilité entre dirigeants de la CAF et de l’UEFA. Et cerise sur le gateau, le Rwanda décide de renforcer le contrôle à sa frontière les ressortissants américains et espagnols. Tous cela sur fond d’un problème beaucoup plus profond. Les Africains ne savent pas communiquer!!

Toutes ses prises de positions, toutes ces sorties médiatiques qui sont généralement faites hors du bled mais qui y sont tellement bien relayé ne font qu’augmenter une perception plus que tronquée de la réalité. Et dès lors que vous perdez la bataille de la communication vous aurez beau avoir raison, tout le monde s’en foutera. Pour citer, vieux ebola en personne (en lingala dans le texte original):

Le mensonge a pris l’ascenseur et la vérité l’escalier

Sauf que dans le cas d’Ebola, l’ascenseur fonctionne très bien et l’escalier est cassé 🙁 .

  • Est-ce que Ebola est un sujet grave? Oui
  • Est-ce que l’Afrique est en danger? Non
  • Est-ce que le blédard est bien informé? J’en doute

Ce qui est valable pour Ebola l’est également pour n’importe qu’elle sujet de société, changer Ebola par Démocratie, Mobile Money, Homosexualité et vous aurez les même réponses. Dans tous les cas, l’Afrique rêvée et fantasmée des medias hors du bled prend systématiquement le dessus sur la réalité du terrain, En 2014, Il ne suffit plus de gérer les situations exceptionnelles… ou pas, il faut apprendre à communiquer autour d’elles sinon on ne sortira jamais de la spirale où:

  1. Le seul référant à une situation est un toubab venu d’on ne sait où, dont la parole est plus précieuse que celle d’un responsable local.
  2. L’autochtone du continent est informé de ce qui se passe chez lui par le dit toubab.
  3. les administrations prennent des décisions locales sur base des ressentiments de l’autochtone pollués par les idées du toubab
  4. le toubab vérifie et redonne son sentiment.
  5. et on retourne au point 1

En d’autres termes et pour revenir à Ebola, j’attends d’être informé par les administrations locales, les médias locaux et dans un second temps je m’attend à ce que les organisations sous régionales s’emparent du sujet et que l’UA s’exprime et coordonne le tout. Mieux j’espère que plusieurs médias locaux, régionaux ou continentaux émergent et expriment enfin les différents points de vue du bled par des blédards, histoire de ré-équilibrés les échanges et les visions. Car comme le disait si bien mon oncle Ben:

Ne te demande pas ce que Ebola peut faire pour toi, mais ce que toi tu peux faire contre Ebola

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