Bien. Maintenant que j’ai votre attention je ne vais bien sur pas parler de Rokhaya Diallo. Cette demoiselle qui « existe dans le PAF » depuis plusieurs années maintenant est revenue sur le devant de la scène à la faveur de la sulfureuse affaire « Elle Magazine contre le Reste du Monde« . Rokhaya Diallo était alors et reste aujourd’hui à l’avant garde de l’armée médiatique qui à tenu tête au magazine de mode de renommée internationale qui avait eu l’outrecuidance de publier dans sa version en ligne un article que je qualifierais diplomatiquement de maladroit et venant d’un auteur résolument sous informé. Mais justement, qu’est ce qui pousse un(e) blédard(e) anonyme a être soudainement catapulté au rang de porte parole de la « communauté » ?
Régulièrement lorsque un évènement important se produit dans l’actualité il est de coutume que les médias fassent appel à un spécialiste pour nous expliquer de quoi il en retourne exactement. Naturellement lorsque le-dit évènement extraordinaire touche de près les blédards nous voyons apparaître sur le petit écran le visage d’un blédard que l’on ne connaissait pas jusqu’alors.
De la vient ma première remaque pourquoi un blédard ? Cela veux-t-il dire que seuls les blédards sont spécialistes de la « res blédarum » ? Un asiatique ne peut-il pas dresser une analyse pertinente sur la crise en Côte d’Ivoire ? Un sud américain ne peut-il pas nous expliquer avec à propos la situation au Darfour ? Personnellement je pense que oui car cela ne demande que deux conditions.
D’une part, il faut disposer de la connaissance adéquate sur le sujet traité c’est à dire des infos sûres, des faits recueillies sur le terrain et, entre autre, de l’historique de la problématique. D’autre part, il faut également disposer d’un cerveau éveillé et en bon état de fonctionnement pour effectuer le tri dans toutes ces infos, « faire parler » les chiffres et lier ce qui semblait jusque là indépendant. Comme vous l’aurez constaté dans ma démonstration, aucune de ces deux conditions ne nécessite d’être un blédard. Donc il devrait être tout aussi légitime pour un non-blédard de s’exprimer sur le bled avec autorité en la matière si pour autant on a fait montre d’expertise. C’est à mon sens cette absence d’expertise qui à conduit la journaliste de « Elle » à l’échafaud médiatique.
Cependant les préjugés que nous traînons tous avec nous nous font dire « si c’est un blédard qui s’exprime ici, il ou elle doit savoir de quoi il en retourne« .
D’où ma deuxième remarque: qu’est ce qui rend un blédard qualifié pour parler de chose du bled ? Rien ! Certes il y a le fait d’être directement concerné et ou impliqué dans les faits mentionnés. Dans ce cas là on perd le statut et l’objectivité de l’observateur puisque l’on est acteur des évènements que l’on rapporte. Pire, pour ceux qui ont droit à l’antenne ou accès à quelque média de masse que ce soit, ils deviennent porte-parole de toutes les personnes soit disant concernées et qui n’ont ni leur faconde ni le simple droit de s’exprimer librement.
Pour leur défense, je dirais que ce sont ambassadeurs de fait ou des porte parole malgré eux. En effet, le verrouillage de l’accès aux médias et de la visibilité publique en général dans ce monde mondial est une réalité. Très peux peuvent parler et quand ils le font ils se voient investit par l’opinion publique d’un mandat à double tranchant. Soit ils « assurent » et on en fait des héros. Soit ils se cassent la gueule ou, et c’est la même chose, révèlent des secrets de blédards que les non-blédards n’étaient pas censés savoir et ils sont désavoués. Il est drôle de constater que Rokhaya Diallo se trouve dans l’une de ces deux situations en fonction de la personne à qui l’on parle.
Dans ces conditions comment sortir de ce cercle vicieux ? Je ne vois qu’une solution: que les médias reflètent dans leur compositions et les sujets qu’ils traitent la réalité du monde dans lequel nous vivons. Dans un monde idéal tout le monde pourrait dire ce qu’il pense de tout le monde avec la possibilité de se tromper mais sans qu’on lui prête une quelconque intention belliqueuse. Comme nous n’y sommes pas encore la transition se fera dans la douleur. Avec des prises de becs à répétitions entre ceux qui parlent sans savoir et ceux qui ont remarqués qui l’ont remarqué, qui s’en offusquent mais qui n’en savent pas plus pour autant. Bon toute cette réflexion m’a donné mal à la tête alors j’arrête là.