Le Sénégal ouvre le bal des commémorations du cinquantenaire de l’indépendance des pays du bled. C’est un Abdoulaye Wade plus en forme que jamais qui a invité tous ses potes, enfin ceux qu’il lui reste, à une petite sauterie pour marquer le coup… ou peut-être pas.
Le 50ème anniversaire d’un pays ça n’arrive qu’une seule fois. C’est, à la base, une occasion de se réjouir tout autant que lors du 49ème, du 48ème et ainsi de suite jusqu’au premier anniversaire car après tout ce que l’on fête c’est le fait d’avoir recouvré sa souveraineté. Mais voilà chez lepetitnegre.com nous avons décelé chez bon nombre d’africains au bled comme ailleurs un malaise par rapport à ce 50ème anniversaire voire par rapport à toute célébration en rapport avec ce sujet. Pour rentrer dans le vif du sujet, le sentiment général est qu’il n’y a rien à célébrer car le bilan est mitigé et qu’il y a encore beaucoup (trop ?) de travail à faire.
Le Sénégal constitue justement un de ces pays où ce malaise s’exprime de la manière la plus vive. Il faut dire que le président Wade agit de plus en plus comme un catalyseur des ces rancœurs. C’est que après dix années d’alternance (qui ont eux aussi eu droit à une pompeuse fête de commémoration) les changements tardent à se faire sentir. L’adage blédard veut d’ailleurs que lors d’une alternance les danseurs changent mais pas le beat sur lequel ils dansent. Et pourtant, Maître Wade a passé plus de 20 années dans l’opposition avant d’accéder à la magistrature suprême. On était donc en droit de s’attendre si pas à un virement de 90 degrés à quelque chose de différent dans le style. Mais voilà que les vieux démons refont la une des journaux : népotisme, françafrique, corruption, ingérence du religieux dans la politique et vice versa. Et comment le vieux Wade gère-t-il tout cela? Il utilise la méthode séculaire du diviser pour régner. Il oppose les communautés culturelles et/ou religieuses entre elles et les acteurs économiques entre eux. Ce qui est bien loin du rôle d’un président, relevé par d’autres que moi, qui est justement d’unir la population en s’élevant au dessus des revendications partisanes.
Le monument de la renaissance africaine en construction en septembre 2009 (source)
Dernière sortie en date donc, cette cérémonie de 50 ans dont l’opposition s’est prudemment désolidarisé mais que les « amis » et « collègues » africains n’ont pas boudé. Ce qui me choque, personnellement, au delà du problème sénégalais évoqué ci-dessus, c’est l’allure même de cette cérémonie. On avait l’impression de fêter l’indépendance même et non ses 50 ans. En quoi cela me choque-t-il? Et bien imaginez que le jour de vos 18 ans ont vous traite comme le jour de votre naissance. Cela fait très hors sujet. La raison à mon sens est que Mr Wade ou tout autre chef d’état dans la même situation veut éviter l’exercice du bilan car il sait qu’il ne sera pas en sa faveur. Il préfère donc mettre de la poudre aux yeux en remixant une cérémonie qu’il a d’ailleurs lui même vécu il y a 50 ans alors qu’il avait une vingtaine d’années. Mais voilà, ne pas faire de bilan cela empêche de prendre des mesures pour corriger les choses si il y a lieu.
Autre chose mise en lumière par cette attitude au sommet: les blédards, même après 50 ans, ont du mal a s’accaparer cette chose étrange qu’est l’indépendance. Un peu comme un jeune homme qui déclare dans une même phrase son émancipation et son attachement à ses parents. Quoi qu’il en soit ce calcul électoraliste de Mr Wade (oui, il veut remettre cela pour un nouveau manda,t le temps que petit Karim se fasse les dents) n’est pas de bon ton et je ne pense pas non plus qu’il lui assurera une place dans la postérité contrairement à sa statue, mais ça, c’est encore une autre histoire.