Je dois l’avoué, je suis comme tout le monde: la politique ne m’intéresse que quand ça dérape, quand les choses ne se passent pas comme elles devraient se passer… si pour autant il y a une logique de déroulement dans ce milieu. Quoi qu’il en soit, LPN attire mon attention sur le lynchage politico médiatique avorté du sieur Ali Soumaré. Pourquoi tant de haine ?
Quand dans un pays l’on a atteint une certaine stabilité institutionnelle, la politique et les politiciens quittent le mode combattif et passent dans un mode plus discret. Cette vitesse de croisière de la société n’est alors rythmée que par les échéances politiques périodiques. C’est à ce moment là, et seulement celui là, que l’on se souvient que les mandataires et autres gestionnaires de la chose publique sont des politiciens. Mais la fin des « gros » combats politiques se traduit aussi par une difficulté à imposer une identité politique à un parti. Un certain pragmatisme implique, alors, que tous les programmes se ressemblent et que donc tous les partis, aux extrêmes près, se ressemblent. Face à un tel constat, force est d’accepter qu’aujourd’hui un parti c’est surtout des femmes et des hommes plus que des idées.Dans ce contexte pour que votre parti gagne les élections, il est nécessaire de s’entourer de profils de « qualité », ayant un certain « attrait » pour l’électeur et qui permettent de ratisser large. C’est ainsi que le Parti Socialiste français a puisé dans sa base et a déniché une perle du nom de Ali Soumaré.
Figure emblématique de la contestation sociale dans les banlieues parisiennes, Mr Soumaré a fait carrière dans le PS sans brûler d’étape. Fort d’une notoriété renforcée par sa médiation réussi lors de émeutes de banlieues et d’un très bon score aux élections européennes de 2009, Ali Soumaré est apparu comme une évidence à l’heure de choisir la tête de liste PS dans le Val d’Oise. Afin de bloquer cette « obamisation » du PS, il fallait que la droite républicaine réagisse. Comme elle ne pouvait attaquer sur le fond pour les raisons invoquées ci-dessus, il fallait taper sous la ceinture ne fut-ce que pour déstabiliser le candidat ou, à défaut, suffisamment embrouiller les électeurs.Ce sont donc des anonymes de l’UMP qui se ont été diligenter pour effectuer la basse besogne. Tour à tour Francis Delattre, Sébastien Meurant puis Axel Poniatowski ont multiplié les petites phrases chargées de stéréotype avant de lâcher tout bonnement que Mr Soumaré était « délinquant multirécidiviste » preuve à l’appui.
Deux réflexions me viennent à l’esprit. Supposons que nos deux lascars disent vrai: la France de l’UMP est-elle un pays dans lequel une personne qui a eu maille à partir avec la justice ne peu se racheter et se réinsérer dans la société? Si c’est le cas, c’est un mauvais message envoyé aux jeunes de France, banlieusard ou pas.
Deuxième réflexion: on attaque un candidat sur des éléments de sa vie privée en suggérant qu’ils ont une influence quelconque sur le programme qu’il compte défendre et sa capacité à diriger la chose publique. C’est là encore un mauvais signal envoyé par la droite car si il est une chose que les gens respectent dans la politique française c’est cette faculté à faire la part des chose entre le privé et le politique. Aucune gouvernement n’a chuté, aucun ministre n’a démissionné sur des faits relatifs à sa vie privée et les médias sont là pour nous rappelé que si c’était là la règle il y en aurait des têtes postes qui seraient tombés en 5 républiques.
Pour ma part, je suis de ceux qui pense que toute cette affaire est un plan communication classique du marketing de la politique au 21ème siècle. La Droite avait besoin de déstabiliser un candidat dangereux pour elle: c’est fait. Il ne pouvaient sacrifier une pièce maîtresse pour le faire: on a désigné deux « mandaïs » pour s’y coller. François Fillon est même venu tel le chevalier blanc (sic) pour faire cesser la pagaille et récupérer l’électorat de droite qui commençait à se demander si il ne s’était pas trompé d’équipe.
Et les partis politiques et leur candidats dans tout ça ? Ma foi, ces coups bas, il faudra apprendre à vivre avec eux jusqu’à ce qu’ils perdent de leur poids sur les consciences politiques de l’électorat. D’ici là tout candidat noir, jaune, gris, bleu, femme, homosexuel, voleur repenti, ancien footballeur, bref tout candidat qui sort de la « norme » devra passer par cette phase pénible de bizutage politique.