Dernièrement, j’ai assisté à une conversation entre collègues de boulot axée sur les plats exotiques. L’un de mes collègues a évoqué les chenilles dans les mets mexicains ou thaïlandais et un autre à alors aussitôt surenchéri avec la phrase qui de convenance: « … et tu n’oublies pas des mets africains. » Je l’avoue, j’ai essayé de le corriger mais voilà, en y réfléchissant un peu plus je peux le dire: mon collègue n’avait pas tort!!
Mon collègue, un blondin/biblos/mundélé (biffez les mentions inutiles 🙂 ) n’avait donc pas tort, mais cela ne veux pas dire pour autant qu’il avait raison. Le nœud du problème et que lui et moi nous ne parlions pas de la même chose. Lui faisait référence à l’africain rêvé et moi au blédard réel. Deux concepts aux antipodes l’un de l’autre. Comment ? Quoi, vous ne suivez pas ? Laissez moi vous l’expliquer le plus simplement possible. Et pour se faire, les exemples du jour sont pris dans le design africain ou plus précisément dans les clichés qui colle à la peau de notre ami.
Tout le monde le sait bien pourtant, toute représentation d’une explosion de couleurs dans tous les sens, tellement impressionnante que cela fait mal aux yeux, avec des motifs qui ne veulent rien dire mais qui sont supers roots, cela ne peut être qu’africain (synonyme paraît-il d’art primitif ou primaire). Rappelez-vous mon billet sur les pagnes dit africains, et bien une bonne partie du problème vient sans doute de là. En résumé si vous voyez un gars avec une chemise unicolore, ce n’est qu’un blédard, une personne visiblement pervertie par la civilisation occidentale. A l’opposée, prenez le même gars avec la même chemise mais chez ce dernier, vous avez pris soin d’ajouter une touche, que dis-je une bonne dose, de couleurs bien criardes: du jaune pétant mélangé avec du rouge, du noir et du vert, vous aurez alors devant vous un africain. C’est aussi simple que cela.
En fait un africain est une idée assez grossière basée exclusivement sur le bled rêvé, il se rapproche plus du noir de Hergé dans Tintin au Congo que de celui dessiné par Pat Masioni dans Rwanda 94.
Autre exemple et même conclusion, toute « bonne » référence africaine doit obligatoirement associer un guerrier Masaï et/ou une femme indigène avec collier de perles et seins à l’air avec un arrière plan constitué d’une savane ou du mont Kilimandjaro pour bien faire.
Dieu seul sait que je n’ai rien contre ses représentations, j’aime bien les femmes africaines, sauf que mise à part certains de nos frères pygmées que les blédards aiment à persécuter, les guerriers vivant encore 100% dans la culture 100% blédard, il n’y en a pas beaucoup, sauf sur les chemins balisés par les tours operators 🙂 . En passant, si on pouvait utiliser un autre cliché que le mont Kilimandjaro histoire de varier les plans ce serait pas mal aussi (il parait que les chutes du Zambèze, c’est pas mal aussi).
Le fait est, que le blédard, le vrai, celui qui, comme une bonne partie de la population du globe, travaille dure pour conserver sont maigre gagne pain est peu voire pas représenté (délocalisation mondialisation oblige). Ou qu’en il l’est, c’est surtout pour porter un n-ième coup de projecteur sur sa misère et non pour mettre en exergue ses qualités et ses aspirations (et croyez le bien, il y a de quoi papoter sur ces deux derniers points). Alors oui, l’africain mangent des chenilles, mais cela n’est pas vrais de tous les blédards. Et oui, l’africain est toujours souriant, là où le blédard se contente de subir sans broncher mais avec beaucoup d’arrière pensée.
En un mot comme en cents, pour que les 2 définitions se rejoignent il faudrait que 2 lignes parallèles se croisent. Et de mes cours de maths, je me souviens, que cela ne se produit qu’à l’infini.