Un chef de l’état doit savoir pouvoir communiquer sa vision des choses. Si il est là depuis longtemps, il doit pouvoir laisser des écrits majeurs qui marquent les esprits et serviront d’exemple, du moins il l’espère, aux générations futures. Mais voilà, comment faire lorsque l’on a pas souffert pendant 27 ans emprisonné pour des convictions humanistes et égalitaires ?
C’est à ce dilemme que s’est attaqué Denis Sassou Nguesso président de la République du Congo. Voila un président qui a pris le pouvoir par la force, l’a perdu par les urnes pour le reprendre.. encore une fois, par la force. Pour justifier sa candidature pour les élections du mois de juillet dernier, élections qu’il a, soit dit en passant, gagné haut là main, Sassou Nguesso a eu la bonne idée de publier un livre. Celui-ci est paru au mois de juin en français sous le titre prometteur de « Le parler vrai pour l’Afrique » et traduit récemment en anglais sous le titre « Straight Speaking For Africa« .
Je tiens à le dire d’emblée que je n’ai eu, ni la chance(?), ni la possibilité de lire cette ouvrage, qui doit valoir son pesant d’or. Qu’on l’aime ou pas il est vrai que le président congolais a un atout que beaucoup de Chefs d’état africains lui envient: Denis Sassou Nguesso était président de l’OUA lors de la libération de Nelson Mandela. Denis Sassou Nguesso a toujours clamé, à qui veut l’entendre, avoir fait parti de ceux qui ont pesé de tout leur poids pour que cette libération est lieue. Si mes souvenirs ne me trompent pas, il était en Afrique du Sud cette après-midi du11 Février 1990, lors de la sortie de Madiba de sa résidence surveillée.
Quel rapport entre Mandela et le livre de Sassou Nguesso me dirait vous? Et bien la polémique gronde,que dis-je elle a éclaté avec à la clé, la Fondation Mandela qui s’apprête à aller en Justice pour réclamer des dommages et intérêt car le livre du président congolais serait faussement préfacé par Mandela. Comme la fondation le clame depuis quelque jours, Madiba n’a simplement jamais vu/lu le livre de Denis Sassou Nguesso avant sa parution et son entourage n’est vraiment pas content qu’on exploite ainsi son nom. De son côté, les proches du président congolais ne font que répéter que les propos rapportés dans la préface du livre datent de 1997 et que, de leur point de vue, Mandela, l’Homme, l’idée, la marque déposée, n’appartient pas à une Fondation mais à la mémoire collective africaine.
le logo de la campagne 46664 contrele SIDA de Mandela (source)
Une fois encore, le net a frappé. Et oui, si l’éditeur anglais n’avait pas eu la mauvaise idée de promouvoir le livre du président congolais via l’appât Mandela sur le net qui l’aurait su? Lors de la sortie du livre en français, l’astuce est passée comme lettre à la poste, mais Mandela et son entourage sont anglophones.
Cette épisode tragico-comique me permet de me poser la question suivante? Nos politiciens, dirigeants et autres intellectuels de tous bords, ont-ils réellement compris l’enjeu de l’information au XXIème siècle? On peut se jouer d’un groupe une fois mais on ne peut plus tromper le monde entier tout le temps, surtout à l’époque de ‘linternet. Il y aura toujours quelqu’un, quelque part, pour contredire ou rectifier « la vérité » énoncée dès que celle-ci est mise à disposition, sur la toile ou ailleurs.
D’un côté, j’eus était le président congolais, je me serais abstenu de publier mon livre hors du mon pays, hors de mon pré-carré, mais avec un pays avec moins de 3 millions d’habitants, une telle entreprise aurait de toute manière été déficitaire… pour son éditeur, qu’il soit francophone ou anglophone. En fait, moi, je me serais abstenu de faire un livre tout simplement ou, j’aurais plutôt engagé un petit nègre, non pas moi, un vrai petit nègre pas un noir..un nègre quoi.. bref quelqu’un qui à partir d’une vie morne et sans saveur peut vous pondre un véritable roman.
D’un autre côté, Mandela de son vivant est tombé en quelque sorte dans le domaine publique de part son aura, son histoire et ce qu’il représente, que sa Fondation le veuille ou non. De là, que son image, ses dires ou son histoire soient usés ou détournés à des fins commerciaux ne me choque pas plus que cela. A l’ère du marketing tout azimut, tous les coups sont permis pour promouvoir un produit et la campagne 46664 de Mandela contre le SIDA utilise la même méthode mais là, c’est pour une cause beaucoup plus noble 😉 .
5 Commentaires
pec
LPN,
que cela te choque ou non, Sassou et ses nègres (j’espère que l’on se comprend) ont apparemment usurpé l’identité de Madiba. Ils ont eu tort sur le fond et la forme, et à mon avis, les « vieilles palabres » ne pourront pas les sauver. Pourquoi ? Parce que c’est un précédent. Demain, tous les chefs d’Etat en manque de visibilité voudront publier un livre avec une fausse préface de Madiba, qui ne pourra pas râler parce qu’il aura laissé passer Sassou.
Tu ne peux pas opposer à Madiba le fait qu’il utilise son nom pour ses campagnes contre le SIDA. C’est son droit. Mais personne d’autre n’a le droit d’utiliser son nom sans son accord. Ceci rappelle plutôt, que malgré le symbole, Mandela est un homme de chair et de sang et qui a besoin d’être respecté.
Je vois déjà le comble quand on aura des préfaces posthumes. En fait, ce clash de haut niveau va peut-être permettre de faire avancer la notion de droit d’auteurs. donc quelques part, c’est tout benefs!
Roberta
Qu’est ce qui te fait pas croire qu’il n’a pas employé un ghost writer pour écrire ce bouquin ?? (on va éviter les jeux de mots foireux avec un anglicisme).
Comment tu peux savoir qu’il est mal écrit si tu ne l’as pas lu ?
« je me serais abstenu de publier mon livre hors du mon pays, hors de mon pré-carré, mais avec un pays avec moins de 3 millions d’habitants, une telle entreprise aurait de toute manière été déficitaire »
Comment ils font pour publier des livres au Luxembourg ?
pec
Roberta, soit tu es drole, soit tu n’as rien compris, mais les deux à la fois, c’est pas possible.
Dun côté, l’utilisation du mot « nègre » dans cette article et dans mon commentaire n’a rien d’un jeu de mot. Il va dans le sens du site qui consiste à dépasser les qualificatif au premier degré pour un point de vue un poil plus profond. Euh… encore une fois, il n’y pas de jeu de mot foireux ici!
Mais tu as raison, j’aurai dû écrire « Sassou et/ou ses nègres » mais bon est-ce que l’on va chipoter pour ça? hein ?
Maintenant, le plus délicat: je ne sais pas si on a lu le même papier mais le sujet n’est pas le contenu du bouquin de Sassou, mais de la prétendue utilisation non autorisé de propos attribués à Mandela pour la préface du dit bouquin. Et la discussion se construit sur l’hypothèse que tout cela est vrai. Donc les qualités d’écrivain de Sassou Nguesso sont hors sujet. Les luxembourgeois parlent minimum trois langues. Ils ont leur patois, le français et l’allemand. Leur patois, ils s’en servent pour leur diner dans le jardin mais je doute qu’il arrive au niveau des petites annonces immobiliers vu l’importance de l’immigration là-bas…
donc si tu veux être publié écris en français ou en allemand, et oublie un peu que tu es luxembourgeois…j’espère que tu as compris maintenant. A++
Roberta
@pec : je ne te répondais pas, je répondais à l’article 🙂
Et puis je viens sur LPN pour trol^W chipoter, donc … ceci explique cela.
D’ailleurs j’ai beau être une sorte de demi-allemand, je ne suis pas Luxembourgeois, je cherchais juste un pays de moins de 3 millions d’habitants en Europe pour troller, et c’est le Luxembourg qui m’est venu le premier en tête. J’aurai tout aussi bien pu parler de la Lettonie.
MastaP
Et comme Madiba (ou sa Fondation) n’est pas ingrat, il reste sur la même ligne d’idée quand c’est une actrice en vue de Hollywood qui tente de capitaliser sur son nom. (source BBC News) – http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/8329645.stm