Vous commencez à en avoir l’habitude alors je remets le couvert. « Les Saignantes » est un film du réalisateur camerounais JP Bekolo, sorti initialement en 2005 (20 mai 2009 en France ) et … que je n’ai pas (encore) vu. Pourtant le film d’anticipation a gagné l’Etalon au FESPACO de 2007 pour son réalisateur et ses 2 actrices principales. Anticipation vous avez dit? Ça m’intéresse. Essayons de décortiquer le film sur le peu d’infos que j’ai.
Les Saignantes c’est l’histoire de Majolie et Chouchou, deux copines qui vivent de leurs charmes (1ère perche pour la censure) dans le bas quartier d’une ville quelconque du bled. Je dis quelconque mais tout le monde à reconnu Yaoundé la capitale du Cameroun. En 2025, donc, « rien n’a changé« nous dit le narrateur (2ème perche pour la censure). Je rajouterais même en 2025, tout va continuer. Le client de Majolie est un grand bwana de l’état. Aux cours de leurs ébats animés (3ème perche pour la censure) le gars passe l’arme à gauche. La go paniquée (blague involontaire) va cherche de l’aide chez sa copine Chouchou. La suite est une course poursuite pour cacher les corps car au fil du film ils s’amoncellent.
Durant leur fuite en avant les 2 frangines en profiterons pour faire la rencontre d’autres consœurs, des sorciers, des morts vivants et au bout du voyage, elle se trouveront elles même au travers d’un force surnaturelle: le Mevungu. Sur ce dernier point on sent l’influence de la culture française qui tient à mettre de l’introspection dans toutes les histoires au péril du fun et de l’entertainment.
Au début je croyais que je connaissais pas ce réalisateur mais c’est bien le même JP Bekolo à qui l’ont doit Quartier Mozart. Ce film sentait bon le bled et m’avait remonté le moral alors que mes années passées en Europe s’accumulaient. Le revoici donc dans un registre qu’on croit différent mais qui est en fait voisin. Car le but premier de l’anticipation c’est d’essayer d’imaginer comment sera le futur. Le futur en question ici est celui du bled. Et là où le gars tape fort c’est qu’il montre qu’en fait, dans le futur, on est toujours dans la même m**de. C’est donc un bon plan pour critiquer le pouvoir en place sans en avoir l’air. Les images pour le dire sont là avec une cinématographie hyper soignée et les punchlines se succèdent à un rythme soutenu.
Bon il y a quand même des trucs qui ne passent pas bien. Par exemple, il y a le mélange entre l’accent blédard et l’accent parigot. Ce mélange ne passe jamais et me procure personnellement un sentiment d’inconfort à chaque fois que cela arrive. Il y a aussi cette constante hésitation entre le style européen et américain qui conduit à un film au rythme changeant. Quand c’est lent c’est chiant: n’oubliez pas cette maxime futurs réalisateurs. Ne boudons quand même pas notre plaisir car le casting est de qualité et l’intention est là. Je vous laisse donc avec la bande annonce du film, bientôt disponible chez tous les bon pirates … car l’ont sait maintenant que l’on ne peut riens attendre du circuit de distribution classique.