En surfant sur le net ce week-end je suis tombé sur un témoignage qui ne laissera aucun blédard indifférent. C’est le type de document que l’on ne vous montre pas à l’école, qui fait rarement la une des journaux et qui est généralement occulté par les médias du bled: la vie après le pouvoir d’un président africain (pour les rares présidents qui quittent le pouvoir encore vivant).
Le président dont il s’agit c’est Ahidjo, le premier président du Cameroun. Le document est une interview de sa femme bien après la mort de son époux. Je ne vais pas prendre parti dans le débat de savoir si Ahidjo a laissé un bilan positif ou non après son passage, mais je pense sans trop me trompé qu’il doit être le seul président africain à avoir démissionné en plein mandat (Oops !! Après vérification on doit ajouter Senghor, Mbeki et Abdullahi Yusuf Ahmed à la liste). Non, ce qui m’interpelle c’est d’entendre sa femme Germaine Ahidjo raconter ce qu’a été leur vie après la démission de son mari.
Ce qui me frappe d’abord c’est la décontraction voire la nonchalance de cette dame. De par ses paroles et ses gestes, on sent que celle-ci a vécu beaucoup d’événements marquants dans sa vie et qu’elle peut se permettre sans craindre qui que ce soit de dire sa vérité. La seconde chose qui me frappe ce sont ses propos. A l’entendre on est ramené un demi siècle en arrière à l’époque où, en théorie, les dirigeants africains pensaient d’abord à leur pays avant de penser à leur compte en banque. Ce genre de discours répandu dans la génération des indépendantistes du bled me semble aujourd’hui encore plus de propos car il pose bien la question de savoir ce qu’a fait l’Afrique en 50 ans d’indépendance. De plus, lorsque l’on voit la retraite dorée d’un Senghor (encore lui) ou d’un Diouf, on est tenté de répondre: les gars se sont construit un petit paradis pour leur retraite … à l’étranger.
Finalement on est plus impressionné par la manière dont l’ancienne première dame du Cameroun parle que par le contenu même de son message. Bien que les deux soient quelque part liés, c’est en l’écoutant que l’on prend alors réellement conscience du sens de la phrase:
Au bled si tu décides de te lancer en politique, que tu le veuilles ou non, sache que désormais toute ta famille est en politique!!
Un commentaire
Eddy
Même si certaines (mauvaises?) langues trouvent curieuse que l’annonce de sa démission soit survenue quelques jours après un séjour à Nice. Et ces meme langues d’insinuer que ce séjour à Nice aurait été initié par les bons soins de la tutelle coloniale, afin de faire à Amadou une proposition qu’il ne pourrait refuser. Proposition lui intimant l’ordre, heu pardon, lapsus, je voulais dire lui proposant de démissionner à l’insu de son plein gré.
Et nos mauvaises langues de nous faire rappeller que dans les années 50/60, quand il s’agissait de combattre les « indépendantistes », le gouvernement franco-Amadou avait refusé d’accorder un visa d’entrée à l’avocat francais d’un des détenus « maquisard ».
Cet avocat se nommait Francois Mitterand. On se rappellera qu’un certain Francois Mitterand a été élu en 1981 et que notre Amadou « a démissionné » en 1982.
Mais chuuut! Je ne vous ai pas dit quelque chose. (http://www.youtube.com/watch?v=feNxTcDRa-U)