Eureka: Safo Kantanka

Sur lepetitnegre.com nous vous avons habitué à la découverte d’inventeurs, d’innovateurs et d’entrepreneurs blédards. Mais un regard rapide sur la liste de ceux que nous avons déjà évoqués montre une domination quasi totale du secteur de TIC. D’aucun vous dira que c’est normal car c’est pour les pays émergents le secteur le plus jeune et donc à fortiori le plus ouvert. Il n’empêche que lorsque l’on jette un coup d’œil au Top 10 des fortunes du bled que nous spam chaque semaine le magazine Forbes force est de constaté que ces fortunes sont faites dans les secteurs dits traditionnels. C’est ce constat mais pas seulement qui nous ont poussé à nous intéresser au ghanéen Safo Kantanka.

N’y allons pas par quatres chemins: je suis un fan de Safo Kantanka ou plutôt l’Apôtre Dr. Kwadwo Safo Kantanka. Et pourtant ceux qui me connaissent savent que je préfère me tenir très très loin des femmes et hommes de religion. Mais voilà Safo Kantanka est beaucoup plus que cela. Ceux qui ne le connaissent pas encore peuvent lire sa bio romancée. Pour les plus fainéants je dirais seulement qu’il s’agit d’un de ces nombreux africains hyper actifs et hyper créatifs qui a réussi par force de détermination et de travail à créer une structure sociale et économique sans pareil.
Ce qui m’a étonné en faisant mes recherches sur lui c’est le fait que j’avais entendu parlé par bribes de ses faits d’armes comme l’avion qui ne vole pas encore mais sans jamais retenir son nom. Ce qui est aussi choquant c’est le peu de référence sur sa personne disponibles en ligne. Les rares qui s’intéressent à lui c’est avec un oeil occidental est une approche quasi ludique: il passera dans l’émission après le reportage sur l’oligarque russe qui fait trôner une Rolls Royce dans son salon.
Mais voilà pour un africain Safo Kantanka est beaucoup plus que cela. C’est d’abord une personne qui a réussi à construire un projet d’envergure en déjouant tous les pièges du terrain sur lequel il évoluait. Son secret: la connaissance du bled et des blédards. Tout d’abord il s’est encré localement ce qui lui a permis d’avoir une place forte et sûre et d’éviter la compétition avec les ambitieux de Accra. Ensuite en démarrant son église privée il s’est protégé des ambitions politiques qu’on pourrait lui prêter tout en se protégeant de la toute puissante influence des hommes et femmes cultes déjà en place. Safo kantanka apparaît comme totalement inoffensif aux yeux de tous les troubles fêtes qui se sont succédés au pouvoir. Il a dont pu construire dans une relative sécurité son empire économique.

DOCUMENTARY: BBC visits Apostle Safo Kantanka posted by GhanaCulturePolitics

Là où cet homme se distingue encore c’est que au lieu de flamber sa fortune il l’utilise pour créer toujours et encore. Sa devise semble être: si quelqu’un l’a déjà fait je peux le refaire. Et il va même plus loin car si il pense à une invention qu’il estime utile mais qui n’existe pas alors il entreprends de la réaliser. Bien sur les reporters se moqueront de « la porte qui parle quand l’ont y frappe » mais quand ils rentrent chez eux et constatent la percée de la domotique ils devraient réaliser que Dafo Kantanka est « trop loin de le TurFu » comme disent les rappeurs.
Certes Safo Kantanka est un personnage haut en couleur mais tous les génies le sont un peu. Moi ce que j’admire chez lui c’est sa capacité à mobiliser autour d’un projet. Il ne travaille jamais seul: il va toujours chercher des jeunes et des moins jeunes et les associe à son entreprise quelle qu’elle soit. Son apport n’est pas que financier, il motive, encourage et fait partager une détermination incroyable à des personnes en manque de repères. Ses critiques lui reprochent de ne pas coller à un modèle entreprenarial à l’occidental et mais il réaffirme son encrage local car il sait que c’est là où est son marché et là où il est le plus fort. Safo Kantanka et son parcours méritent d’être connu au delà des frontières du Ghana. C’est par la diffusion de ce genre de portrait que l’on réussira à vaincre le complexe d’infériorité que nous avons laissé s’installer dans nos têtes de blédards. Monsieur Kantanka, lepetitnegre vous salue !

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