Lumumbaville

La dépêche vient de tomber: le Gouvernement de la République Démocratique du Congo vient de  décider la création de Lumumbaville. Oui, vous avez bien lu, la nouvelle ville porte le nom de l’un des héros de l’indépendance RD Congolaise et de première année de souveraineté retrouvée. Evidemment certains diront que ce n’est pas trop tôt d’autre diront que c’est justement prématuré, nous nous dirons pourquoi pas ? Nous dirons même plus pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Nous allons d’ailleurs nous plier à l’exercice de voir qui dans le Panthéon des Blédards mérite une ville portant son patronyme.

NkrumaTown, Ghana:
Le héro du panafricanisme est né dans ce qui s’appelait autrefois « La Cote de l’Or » et qu’il a lui même rebaptisé « Ghana ». Cela n’empêche que à l’instar de Lumumba toute l’Afrique se l’arrache. Je dirais même plus que l’on se l’arrache au delà du continent. Pourquoi j’insiste sur cela ? Parce que dans le cas de personnage à l’aura continentale ses propres compatriotes risquent de se faire brûler la politesse. N’oublions pas que la première Université Lumumba n’a pas été construite au RD Congo.

Bourg-Senghor, Sénégal:
Si il y a un point commun entre les « grands hommes » de l’Afrique c’est qu’ils ont une forte tendance à s’éteindre en dehors de leurs frontières. Longtemps les biblos français ont été tentés de voler le père de la Négritude aux blédards. Heureusement les sénégalais ont réussi à rapatrier le corps de leur vieux poète de Président et lui donner tous les hommages dus à son rang. Pour ce qu’il est de pousser jusqu’à lui donner une ville ça sera sans doute pour une autre génération. En effet, ce pays cultive un équilibre instable entre la culture et la religion tel qu’il faut faire avancer la chose calmement. On commance par une rue, puis un monument , puis une université et puis qui sait une jour ….

Sélassié City, Ethiopie:
Si il n’en tenait qu’aux jamaïcains l’affaire serait pliée depuis longtemps. Mais nous autres blédards entretenons un rapport compliqué avec nos personnages historiques. Chaque nouveau chef blédard doit enterrer, pendre, fusiller au propre comme au figuré son prédécesseur pour asseoir son autorité. Il se trouve que pas mal de personnages historiques font les frais de cette pratiques et traînent un dossier à charge tel qu’e leur statut n’est pas reconnu au niveau national. Sélassié est un de ceux-là. Il avait des détracteurs de son vivant et il en a eu encore plus après. Il faut que le temps fasse son oeuvre pour que l’on fasse la part des choses de manière la plus neutre possible et que l’on rende hommage si il y a lieu.

Mendela Town, Afrique du Sud:
Les seuls vrais héros sont les héros morts. Nous n’allons pas ici enterrer Madiba alors que ce n’est pas encore son heure.

Conclusion:
Quand des villes du bled portent le nom de personnages historique c’est que c’est le résultat d’un politique de chicote bien appliqué. Ce phénomène n’est pas très populaire chez nous pour, je pense, des raisons culturelles. Une ville est un lieu et les lieux sont rarement désignés par des noms de personnes. Le contraire lui existe: les gens issus d’un même coins peuvent porter comme nom de famille le nom de leur patelin. Un autre élément tout aussi crucial est le fait que à chaque république les blédards ont la fâcheuse manie de remettre le compteur de l’histoire à zéro comme si rien n’avait exister avant ce jour. La conséquence sur les jeunes générations ne tarde pas à se faire sentir. Ils ne connaissent et reconnaissent que ceux qui sont également repris dans les livres des biblos. Que ceux qui en doutent demandent aux brazzavillois.

Dans la même veine

Laisser un commentaire