Dur, dur d’être une femme

It’s hard beeing black, it’s even harder beeing you, black woman – Heavy D in « Sister Sister« 

femme-africaineSi une population du bled a la vie dure en ce moment ce sont bien les femmes. Alors que l’on croyait acquis le fait que le développement et la prospérité viendraient de leur émancipation, il semble qu’un bon nombre de trublions sont convaincus du contraire. Ils mettent toutes les forces de leur lobby en branle pour réussir à maintenir la société dans un status-quo au nom d’une sacro-saint morale. Vertu ou progrès: en voilà un choix difficile.

Il y a peu encore on lui rappelait qu’il lui était défendu de porter le pantalon sous peine de déguster 10 coups de fouet (avec une promotion à 40 coups si elle faisait la fine bouche). Il n’y a pas à dire la femme africaine fait l’objet de toutes les attentions d’un certain nombre de gars ayant droit au chapitre en ce début de siècle. C’est un peu comme si un beau jour ils se sont levés et ont eu l’impression que « la machine » échappait à leur contrôle. Ils ont donc naïvement fait tout ce qui est en leur moyen pour stopper tout progrès en cours et renversés tout avancée acquise par le passé.

Récemment une loi visant à dépénaliser l’avortement est arrivée sur la table de l’assemblé nationale du Rwanda. Certains pensent que ce débat est moderne alors qu’il appartient au siècle passé. Quoi qu’il en soit il s’est trouvé des représentants pour s’opposer au principe du texte et c’est leur droit. Mais là où le bas blesse c’est au niveau des arguments qu’ils ont avancé, c’était tout simplement sidérants. On a entendu par exemple que c’était là, la porte ouverte à tout les débordements dans le mœurs, car les gros boss du pays n’hésiteraient plus à courir les petites filles n’ayant plus à craindre de prendre en charge une progéniture qu’ils n’ont pas voulu. Ce que ces détracteurs semblent oublier ou omettre, c’est que la loi sert avant tout à protéger les victimes. Étant donné les moyens de contraceptions disponibles aujourd’hui (oui même au bled c’est disponible) si une jeune fille tombe enceinte c’est qu’il y a un problème à la base. C’est à ce problème là qu’il faut s’attaquer et pas à la jeune fille qui en est la victime.

L’avenir du bled…de jeunes filles africaines
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Le Kenya, lui, tente de jouer la carte de la prévention.  Il vient de proposer un test de grossesse (non obligatoire mais fortement conseillé) aux jeunes filles 1 fois par trimestre pour détecter à l’avance les cas de grossesses. Ces grossesses, généralement non désirées (souvent dues à des profs peux scrupuleux), sont la principale cause de l’échec scolaire des filles. Et encore une fois, on trouveras des personnes, des hommes plus précisément, qui vont s’interroger sur la finalité de la mesure. Si ce que l’on recherche c’est préserver l’éducation de la femme ils ne manqueront pas d’argument contre une telle pratique. Soit parce qu’elle sous entendrait que tout les jeunes kenyannes mènent une vie dissolue, ce qui n’est pas le but de la mesure, soit parce qu’il refuseront que leur filles se soumettent à ce test. Les plus extrêmes refuseront sans nulle doute d’envoyer leur filles à l’école pour préserver  la dignité de leur famille. Et oui, une loi peut être contre productive des fois 🙁 .

Comme on peut le voir, le développement ce n’est pas simplement avoir une connexion haut débit d’internet ou être capable d’assurer l’eau potable et l’électricité à tout un chacun. Non, le développement cela passe aussi par l’éducation des hommes et des femmes pour que leur conditions de vie physique et psychologique s’améliorent avec le temps. Cela étant dit, il ne nous reste plus qu’à espérer qu’avec la médiatisation de cas de viols d’hommes dans l’Est de la république démocratique du Congo, les hommes prendront enfin conscience que ce n’est pas qu’un combat de plus des femmes mais simplement un combat pour la dignité humaine.

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2 Commentaires

« Alors que l’on croyait acquis le fait que le développement et la prospérité viendraient de leur émancipation »

Vraiment ? La révolution industrielle s’est faite à une époque où la femme n’avait pas le droit au port du pantalon. D’ailleurs, selon la rumeur persistante, en France la loi interdisant le port du pantalon aux femmes existe toujours (mais on ne l’applique guère).

En Europe, les gros mouvements d’émancipation des femmes correspondent à une période où le tertiaire secteur se développait, et où l’on manquait de main d’oeuvre. C’est ce besoin économique (fournir de la main d’oeuvre) qui a permis l’émancipation des femmes, et non l’inverse. L’Afrique manque-t’elle de bras ? Pas encore…

D’ailleurs quand un salaire suffisait en France pour faire une vivre une famille dans les années 50, aujourd’hui ce n’est plus vrai et les 2 parents travaillent. Une paupérisation permise par l’émancipation ? (Je dis ça juste pour troller).

« Vertu ou progrès: en voilà un choix difficile. »

A bon ? Le progrès ayant beaucoup de vertus, je ne vois pas en quoi il faut choisir. Mais peut-être que, et c’est le problème, certaines ne voient aucune vertu au progrès, et pis encore, s’enferment dans une morale séculaire par peur du changement, par manque d’esprit critique, et/ou pour évacuer leur propre frustation.

Pour l’avortement au Rwanda, je connais un autre pays où ca se passe tout pareil, avec le même genre d’argument : les USA. Alors oui, il y a des gens qui considèrent ça comme un débat moderne. En Pologne aussi d’ailleurs, et même en France (Christine Boutin, ca vous dit rien ?). C’est très lié à la vision du clown au Vatican et aux autres religions chrétiennes, et n’indique en rien un retard au bled.

Quand au Kenya, je me marre. D’une, on peut pas leur distribuer la pilule plutôt ? Mieux vaux prévenir que guérir. (et mince, comme je m’interroge sur cette mesure, me voilà de suite catalogué comme un de ces hommes rétrograde, voire potentiel violeur ?). De deux, vous croyez pas qu’il y a un profond problème quand on (peut) coucher pour avoir de bonnes notes aux examens, et qui n’a même rien a voir avec la condition des femmes ? Du genre que peut bien valoir un tel diplôme ? Et par extension les écoles kenyannes, et donc… tout le système éducatif kenyan ? Or comme tu le dis en conclusion, le développement passant par l’éducation…

En effet, il s’agit d’un combat pour la promotion humaine et si tout le monde pouvait comprendre cela, ça éviterait de penser que les femmes se battent pour l’amélioration de leurs conditions, simplement parce que c’est un luxe des temps modernes ou pour faire chier les hommes. Mais les femmes aussi comprendront que vouloir le meilleur pour elles ne passe pas nécessairement par l’agressivité et la confrontation perpétuelle des sexes. Pour cela, les femmes doivent d’abord savoir elles-mêmes les vraies et bonnes raisons de certaines luttes.

Et je rejoins également cette idée portant sur le développement qui n’est pas que structurelle. Le vrai développement est d’abord mental. C’est dans nos manières de penser, de faire et de vivre que les choses doivent commencer à changer. Le reste arrive tout seul à force de volonté.

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