Chanteur Mal Engagé ?

mopao

La nature a horreur du désordre. C’est valable pour pas mal de chose y compris la chanson. C’est pour cela que les médias professionnels ou amateurs, et donc fatalement nous les blogueurs, avons créés plusieurs systèmes pour ranger tout ce beau monde à l’insu de leur plein gré. Un de ces systèmes consiste à s’intéresser uniquement au contenu du texte plutôt qu’au genre musicale. C’est ainsi qu’est apparu l’un des compartiments les plus controversé au bled: celui du chanteur engagé.

La scène se passe au Stade National de Kigali au Rwanda. Le Festival Panafricain de la Danse (FESPAD) bat son plein et la tête d’affiche de la soirée, le chanteur RD congolais Koffi Olomidé, vient de monter sur scène. La clameur fait place à un silence de cathédrale afin que le Grand Mopao prononce ses premiers paroles prophétique. Koffi s’avance vers le micro, le saisit et lance dans un cri: « Kagame Oyé !« .

Cette scène résume à elle seule la problématique contemporaine des chanteurs blédards. D’autant plus que quelque jours plutôt, la même star avait déjà répété l’exercice dans le même stade archi comble lors d’un meeting de campagne du RPF, le parti du candidat président rwandais, au grand dame de ses fans kinois. Le fait qu’un artiste prend le parti de se mêler de politique ne date pas d’aujourd’hui. De tout temps les artistes ont détourné la tribune que leur offre leur activité pour émettre un avis sur l’actualité politique du moment. Ils ont donc constitué une sorte de « contre pouvoir » permettant de relayer à chaud les misères du peuple. Ce même peuple sous couvert de la dénomination de fan agissait comme un véritable gilet pare-balles par rapport au pouvoir qui voyait d’un mauvais œil l’ingérence de ces saltimbanques. C’est vrai quoi, après tout on a (presque) jamais entendu un politique se plaindre de l’usage excessif du sampling dans le hip-hop. Donc chacun chez soi et tout le monde sera heureux.

Fela Kuti,  un chanteur engagé emblématique (source)

Mais voilà, à l’instar des journalistes, les artistes chanteurs sont tombés dans un des travers du système: ils ont été récupérés. Que ce soit de manière passive ou volontaire: peu importe. Les faits sont là aujourd’hui, il y a des artistes engagés au côté du pouvoir en place. Le revers de la médaille est qu’un artiste qui dit du bien du pouvoir devient de facto un traitre qui a retourné sa chemise, un pantin du pouvoir ou pire encore, un mercenaire qui se vend au plus offrant. Ce n’est pas forcement vrai mais de grands noms ayant réussi l’exercice de l’opposition systématique (Tikhen Jah Fakoly, Alpha Blondy, Fela Kuti) ont encré dans la mentalité collective que quand un chanteur parle politique c’est pour dénoncer pas pour vanter.Mieux que ça des genre entiers comme le reggae et le hip-hop ont été désignés comme de facto dédié à la contestation au grand dame de certain artistes d’ailleurs qui n’ont rien à contester.

« Je ne chanterais jamais la politique parce que c’est la politique qui divise les gens« . Cette phrase nous la devons à Papa Wemba dans les année 90. Il a réussi a tenir jusqu’à ce jour ce pari malgré l’intervention de Kabila Jr. dans le paiement de la caution pour sa libération de prison. Car il faut bien se rendre compte que le nerf de guerre est l’argent. Prenons le cas de nombreuses campagnes électorales. Ces campagnes disposent d’un budget promotion tel qu’il est difficile à une chanteur victime de la crise financière et économique du show business de résister. Certes ils ne sont pas dans le schéma des anciens, à gaspiller de belles mélodies à l’hommage du Président, mais ils n’empêchent que comme eux ils s’affichent avec des personnes qui ne seront peut être pas en odeur de sainteté dans le futur. Morale de l’histoire: soyez prudent dans vos fréquentations, chers amis chanteurs. Car si le public pardonne les haterz (ndla: incroyable non ??) il n’oublie jamais les faux dévots.

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