A quoi ça sert (8): CITES ?

50% des lecteurs de ce billet pensent, à tort,  que j’ai encore fait une faute d’orthographe dans la pure tradition de LPN et que donc je vais vous abreuver de propos sur la banlieue française. Les autres 50%, eux, sont sûrs qu’ils ont déjà vu le logo du billet mais ne savent pas où ni ce qu’il représente. C’est bien là, la preuve qu’un complément d’information s’impose.

Il est vrai que si on appelait un chat « un chat » plutôt qu’un « felis silvestus catus » ça serait plus facile de se faire comprendre par le plus grand nombre. Mais voilà les humains que nous sommes ont cette coquetterie qui consiste à utiliser de « gros mots » pour faire le malin l’intelligent.

Le CITES c’est donc le machin qui sert à éviter que des espèces d’animaux et de plantes rares qu’on a jamais vu cessent d’exister.

Contrairement au sentiment philanthropique voire humaniste que la définition que je viens de vous donner laisse planer, le CITES est une affaire de gros sous. Il est une règle immuable chez l’homme: ce qui est rare coûte très cher et une espèce végétale ou animale en voie de disparition est par définition très rare. Cette convention vise donc à éviter que l’exploitation commerciale inévitable des ces « ressources » n’entraîne une disparition de l’espèce une rupture du stock. En gros c’est pour éviter de scier la branche sur laquelle le business repose.

Bien, ce malentendu étant éclairci, revenons en à nos moutons ou plutôt, si vous suivez l’actualité comme moi, au thon rouge. L’appétit des consommateurs de thon rouge, en majorité asiatiques (ndla: j’apprends à l’instant d’un ami qui m’avait invité dans un resto japonais que j’en ai déjà mangé) a eu raison de la ténacité des protecteurs de toutes les espèces de la planète (heu .. surtout basé à Monaco mais bon on va pas s’arrêter sur des détails). Ce revirement de décision intervenu lors de la Conférence de Doah a rendu les pécheurs de cette espèce forts contents, et pour cause, ils peuvent reprendre leur service en toute quiétude. Est-ce que cela veux dire que la population des thons rouges a été magiquement régénérée en trois ans ? J’en doute fort.

Ivoires de braconnier brulés

Plus au Sud, dans cette zone du globe que l’on appelle affectueusement le bled, la liste des espèces protégés est tellement impressionnante que l’on se demande si le seul qui ne figure pas encore sur la liste n’est pas le blédard lui même. Ce qui intéressant dans le cas du bled c’est que les pays qui clament haut et fort leur indépendance en terme de gestion de leur patrimoine se trouvent confrontés à la dure réalité de l’offre et de la demande.
Des pays comme la Tanzanie ont une surpopulation d’éléphants dont ils ne peuvent rien faire car l’animal est (sur) protégé. Mais comme un éléphant ça ne se mange pas (à quelques exceptions près :ndla) et que son ivoire n’a de valeur que si il est de contrebande, La Tanzanie, comme son voisin le Kenya, se trouve assis sur une mine d’or dont il ne peut bénéficier des fruits (ndla:vous me direz que c’est une situation classique au bled).

Mais à l’instar du thon rouge, il semble que l’Asie s’est déjà porté acquéreur de la totalité de l’ivoire dès fois qu’il arriverait sur le marché. Est-ce que cette pression sera suffisante pour faire sauter le verrou ? J’ose dire que oui car je ne pense pas que ce seront les blédards qui s’y opposerons.

La possession de ce patrimoine est virtuelle pour la plupart d’entre nous. Alors, qu’un quidam dégomme de l’éléphant, du singe ou de l’hippopotame, le blédard se sent aussi concerné que lorsqu’on pompe le koltan de son sous sol. Personne n’en a dans son jardin donc on s’en inquiètera réellement que en fonction de l’humeur du jour ou si l’on est directement concerné car braconnier chasseur de la dite espèce. Les éléphants n’ont donc plus qu’à bien se tenir car il se peut que bientôt il ne figureront plus que sur le logo du CITES.

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