L’opposition craint deux périodes: les temps de paix où il n’y a rien à contester et les temps de crise où on demande l’union sacrée (une sorte de paix sociale artificielle). Ces périodes d’accalmie dans les activités sont généralement mises à profit pour faire de l’introspection en clair on en profite pour se trouver des poux dans le cheveux et le MRAX semble en avoir pas mal
En Belgique, existe le Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie ou MRAX en sigle. C’est un peu le pendant belge francophone (oui en Belgique la lutte contre la discrimination est linguistiquement sexuée – ndla) du cultissime S.O.S Racisme français mais avec des spécificités locales qui en l’occurrence font toute la différence. La période de crise financière et sociale actuelle a poussé le MRAX, ou du moins ça partie communicante, vers un chômage technique forcé. C’est pourtant pas par faute d’activité avec, par exemple, la tenue des Assises de l’Interculturalité qui sont en plein dans le « core business » du MRAX. Mais l’accalmie somme toute relatif de la contestation xénophobe a donc donnée lieu à l’émergence de conflits de personnes larvés dont la proportion est devenu plus grande faute de sujets plus intéressants à traiter.
Les plus alarmistes comme le flamboyant et très démonstratif sénateur de droite Desthexe parlent avec des mots à eux d’un noyautage progressif du mouvement par des groupuscules d’extrême sud (extrême sud de l’Europe bien sur car le Maghreb c’est le nord de l’Afrique, ok ? – ndla). Et pour cause il est vrai que l’on a noté une « inversion de population » dans le mouvement depuis l’arrivée au pouvoir à sa tête de Radouane Bouhlal, 35 ans, fils d’immigré marocain et juriste de formation.
Les plus malins des (anciens) membres eux parlent des comptes du mouvement. Il est vrai que quand tout va personne ne s’occupe vraiment des comptes. Mais en ces temps incertains où on doit serrer la ceinture, un euro c’est un euro. Si ils ont attiré l’attention sur la chose c’est qu’ils savent que les comptes sentent le roussi. Ni une ni deux la ministre de tutelle Fadila Laanan, 42 ans, fille d’immigré marocain et juriste de formation (elle aussi), diligente un audit qui révèle que les fond propres sont quasi inexistant et que l’association vit en fait aux crochets de l’État. C’est, hélas, le propre de pas mal d’association subventionnées. Le danger lié à cette formule est que le principal payeur à la tentation de la contrôler via les cordons de la bourse.
L’un des combats récents du MRAX facilité l’adoption du loi encadrant le port du voile (source)
Il est facile d’adhérer à un concept ou une idée mais adhérer à une organisation en charge de défendre ce même concept, cette même idée est un pas supplémentaire que je ne franchirais pas automatiquement. C’est le cas pour le MRAX mais également pour Test-Achat (« UFC Que choisir » en France), Veeweyde (la SPA en France) ou Greenpeace (Greenpeace en France 😀 ). Mais l’observateur extérieur que je suis ne peux s’empêcher de noter deux petites pailles entremêlés dans l’œil de cette affaire belgo-belge: l’une lié aux personnes, l’autre à leurs idées politiques.
Après avoir pris la tête du mouvement, Mr Bouhlal a assis son autorité en s’entourant de fidèles qui se trouvent malheureusement être pour la plupart issue d’une même communauté nord africaine. Cela vous choque ? Il y a pourtant une explication « sensée ». Ce qu’il faut savoir c’est que contrairement à la France qui a tendance à gommer les communautés au profit d’un soit disant dénominateur commun français, la Belgique elle permet à ses communautés de vivre et de s’exprimer en tant que telles du moment qu’elles respectent les communautés voisines dans l’espace commun du Royaume de Albert.
Le problème qui en découle est que certaines « institutions » sont par définition « d’intérêt général ». Une fois que l’une d’entre elle est dominée par une communauté particulière elle ne reflète plus cette diversité. Le résultat est que les communautés lésées doivent user de coup bas pour se remettre en selle. Il en va ainsi des bouchers, des plombiers, des tenanciers de night-shop, des chauffeurs de taxi et … des associations comme le MRAX. D’où l’attaque lâche de Mr. Destexhe comme-ci il n’était pas au fait du problème spécifique belge et la contre attaque de Madame la Ministre de tutelle qui passe tout autant au dessus du fond du problème.
Il est très peu probable qu’un politique belge sorte des rangs et s’aventure à proposer de la discrimination positive dans les institutions. Un truc du genre: « le MRAX, ça doit être 2 noirs, 2 maghrébins, 2 juifs, 2 bleu-blanc-belges (belges de souche – ndla)« . Quand bien même il arriverait à lancer la proposition, elle trouverait peu d’adhérents tellement les autres communautés ont quasiment fait une croix sur le MRAX, actant le fait que « c’est un truc pour les rebeux ». Face à un tel statu-quo très peux d’espoir de voir une refonte du MRAX, on s’achemine plutôt vers un liquidation pure et simple pour cause de … manque de blé. Non vraiment, vivement qu’un nouveau fait divers à connotation raciale éclate et permette au MRAX de se refaire en faisant ce ce qu’il fait le mieux: se plaindre.