Dis moi où tu surfes et je te dirais qui tu es

Encore un poste sur le fameux Web Africain Francophone ou WAF que j’aime tant. Comme je le faisais remarquer dans mon dernier poste sur le sujet, le WAF manque de site référant et de pays référant. Qu’à cela ne tienne, si nous sommes incapable de fournir des services intéressants aux internautes du WAF et bien ils se tourneront vers d’autres services pour assouvir leur soif de connaissance. Ah oui, lesquels?

Si il y a bien une chose que j’ai apprise, c’est qu’il est difficile d’établir un classement des sites les plus visités sur le net. Pour cela il faudrait pouvoir indexer intelligemment toutes les pages de tous les sites du monde et traiter de manière intelligente les informations ainsi obtenues. Cela prendrait forcément beaucoup de temps et les entreprises qui vivent du Net ne sont pas enclin à livrer les chiffres de fréquentation de leur sites. Ce qui est normal, puisqu’ils vivent sur ces chiffres pour conclure leurs marchés publicitaires.
Donc vu que cela n’est pas possible la plupart des sites qui pratiquent de la mesure d’audience on recours à des subterfuges plus ou moins efficaces pour classer les sites. L’un de ses services est Alexa. Ce service se base sur l’installation par ses utilisateurs d’une extension dans leur navigateur. Cet ainsi qu’Alexa arrive à classer par pays et par tranche d’âge les sites visités par ses utilisateurs. Pourquoi une telle précision, simplement pour dire que je ne suis pas naïf au point de croire que les chiffres d’Alexa sont les plus précis ou les plus pertinents du monde, personnellement cela fait belle lurette que je n’utilise plus cette barre de tâche. Mais en l’absence d’autre instrument de mesure, voici ce que voit les internautes du WAF ayant installé l’Alexa bar.

Afin d’être le plus précis possible j’ai regardé les résultats d’Alexa dans 3 pays, la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Sénégal. Pourquoi ces pays, parce que le net y est suffisamment développé que pour y avoir une vision plus importante de ce que nos internautes recherchent. Et puis, j’ai d’abord voulu faire une étude exhaustive, mais je suis tombé sur un certain nombre de pays du WAF où le site d’Alexa ne possède simplement pas d’information. Pourquoi ? 2 possibilités, soit le net n’y ait pas suffisamment développé, soit la connaissance et/ou l’utilisation de la barre d’Alexa y est tellement faible que les algorithmes utilisé par Alexa ne possède pas suffisamment de données que pour dresser une vision même erronée de ce que regarde l’internaute dans ces pays. Assez avec les présentations, on veut des résultats 😀 .

Première enseignement, comme dans les pays occidentaux, les premiers sites visités par nos amis blédards sont les sites de recherches et des fournisseurs d’accès. MSN, Google et Yahoo trustent dans ces 3 pays les premières places à côté des régionaux de l’étape, ainsi au Cameroun cela n’est pas une surprise de voir ringo.cm dans le top 20. Noté que si parfois des google.sn ou google.ci apparaissent, ces sites ne présentent aucune information spécifique aux pays concernés. Cela est sans doute du à la technique de la page de démarrage sur les navigateurs utilisés pour surfer, dans les cybercafés comme dans les bureaux et les foyers.

Ce à quoi servent les cybercafés au Burkina Faso via (François Laureys)
a-quoi-sert-le-net

Là ou les choses deviennent plus intéressantes, c’est que le deuxième enseignement c’est que nos amis internautes sont partagés entre les sites de rencontres et les sites d’informations plus régionaux. Et oui, Le combat fait rage entre badoo.com et 123love.fr ou .com. d’une part et senweb.com, abidjan.net ou atoo.ci d’autre part. Bref nos amis blédards, au delà des éternelles principes moraux et de l’illusoire tradition africaine, n’ont pas peur de se frotter au grand inconnu derrière le profil trouvé sur le net pour, pourquoi pas, rencontrer le grand amour 🙂 .
Ce qui est un peu réconfortant c’est de voir des sites d’informations locales sortir de la masse. Comme quoi, il existe des sites spécifiques à chacun des pays recherchés par leur population, mais pas encore de site africains transcendantaux et qui s’adressent à tout le WAF. Cela adoucit sans doute ma vision alarmiste du WAF mais seulement à ses extrêmes car mon verdict reste essentiellement correct.

Enfin, les autres sites consultés sont surtout des sites de téléchargement illégaux via BitTorrent ou d’autres technologies similaires permettant aux pays du bled d’accéder à des contenus média auxquels ils n’auraient vraisemblablement jamais accès autrement, à moins qu’ils existent un représentant des Majors Américaines de cinéma et de musique au bled, sait-on jamais 😀 .

Bref, voila une étude rondement menée qui m’a surtout conforté dans mon idée du WAF, un espace vierge prêt a être conquis par les plus professionnels et les plus innov-acteurs d’entre nous.

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2 Commentaires

Je plussoie.
En tous cas, la conquête à bel et bien commencer, avec par exemple pour le Cameroun:
« Kerawa », dans le domaine des annonces en ligne, un site web qui, s’il continue sur cette lancée, deviendra certainement incontournable
« Mboablog », dans le domaine des médias de proximité, une plateforme de blog bien pensée et surtout vraiment utile pour les blédards.

Une chose est sûre : l’inventivité est le maître mot, avec pour objectif de répondre à des besoins locaux, en tenant compte des réalités locales. Un exemple encore, la brillante idée « iyam.mobi » de Fee, à découvrir d’urgence!

En tous cas, il faut à mon avis éviter de perdre son temps à copier bêtement les idées et concept existant, du genre: je prends un logiciel opensource dispo sur le net qui me permet de créer rapidement un clone de hi5! en 3 click, je le customise avec rapidité et surtout médiocrité, j’ajoute la phrase d’accroche « le réseau social 100% PAR les blédards POUR les blédards!», et j’appelle ça ….Bled5!
C’est à la fois stupide et contreproductif parce que hi5!,badOO, facebook & Co existent déjà, et que les blédards y retrouvent déjà leurs amis et autres connaissances. Alors à quoi bon rejoindre un nouveau réseau social ou l’on se retrouvera « seul au monde »?

« Oui mais sur Camer5! , c’est 100% Camer! On peut talk le camfranglais, les divers du kwat! » dit le créateur de Camer5!
« Hé bah mon vieux, des camer5! Y’en à la pelle du Facebook, avec des milliers de membres qui discutent sur le Camer, en camfranglais, et ça s’appelle…. un groupe » répond Jikeb.
 » Tu as tort, car que dis tu alors de la chine avec QZone? Ou encore de la Russie avec Odnoklassniki ? Ce sont des marchés locaux, dominés par des réseaux sociaux locaux, et non Facebook ou Hi5!  » dit le créateur enthousiaste de BledBook!
 » Hum! Il y’a une explication très simple à cela : la langue. En effet, aujourd’hui les frontières du web sont essentiellement matérialisées par les langues: Anglais, Chinois, Japonais, Russe, Français, Italien,…. Combien d’entre nous s’aventurent sur des sites web chinois? Et pourtant, il suffit de taper l’adresse http://qzone.qq.com par exemple, pour accéder au plus gros réseau social chinois. Or, en bon blédards colonisé et parfaitement assimilé linguistiquement, le web Camer fait partie intégrante du web Français, et Anglais. Et donc, vouloir créer un Camer5! , c’est proposer au blédard francophone de choisir entre Camer5!
et … Hi5! en version française » Répond Jikeb.

En conclusion, oui la conquête à bel et bien commencer, c’est cool!, et à celles et ceux qui se lancent dans la course, je tiens juste à insister sur ce point : soyez « professionnels » ET « innov-acteurs ».

Bonjour et bravo pour ton article et la pertinence de ton analyse !
Un lecteur français ravi qu’Internet abolisse les frontières.
Cordialement,
PAT

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