Le Retour A La Terre

madagascar_smallBien, il semble maintenant avéré que les « crèves la faim » n’ont pas l’air d’intéresser grand monde. C’est le cas au sommet de l’État ou des États puisque le problème semble globale. Mais alors dites moi mesdames et messieurs, pourquoi  ce soudain regain d’intérêt pour le sol sur lequel ces même populations vivent ? Retour sur le nouveau boom foncier africain.

Maintenant que l’accès aux ressources du sous sol est cadenassé par deux ou trois groupe internationaux (dans ce secteur c’est la demande qui justifie l’activité et la demande est contrôlée par deux ou trois groupes qui exploitent les dites matières premières – ndla) et qu’il n’est plus pas concevable d’en vendre les habitants, les tenanciers du magasin discount BLED se trouvent devant un problème: il n’ont plus rien à vendre. Qu’à cela ne tienne, ils vont à présent vendre les rayons entiers du magasin en commençant par les plus attractifs. C’est en substance ce qui est en train de se passer sous nos yeux au bled. près de 20 Millions d’hectares soit approximativement la superficie de l’hexagone de ce que l’on a de meilleur en terme de terre fertiles viennent d’être littéralement cédées à des investisseurs étrangers.

Je l’ai déjà dit, nous avons accepté le fait que le monde est désormais mondial et que l’économie de marché règne sur notre planète. Même si mes lignes précédentes traduisent une gène par rapport à l’état des choses, je ne m’en prends ni au vendeur ni à l’acheteur <ironie>si pour autant les transactions ont eu lieu dans le respect des règles en la matière</ironie>. Ce qui m’interpelle se trouve ailleurs. Je m’interroge sur la vision à moyen et long terme des vendeurs, ceux que j’ai nommé les tenanciers de la boutique. Ils sont pour la plupart des politiciens et doivent donc justifier par la politique une transaction commerciale avec le plus souvent un acheteur privé (ex: Daewo Logistic Corporation au Madagascar ou Philippe Heilberg et son Jarch Capital au Soudan). L’argument le plus souvent avancé est que l’État charge l’acquéreur de construire des infrastructures qui doivent bénéficier à toute la population. Ainsi le Kenya échange des terres contre la construction d’un port stratégique par un consortium quatari. Mais, dites-moi,  si ce port a une intérêt stratégique et économique certain, il doit être possible d’obtenir facilement des crédits à cet effet dans des banques et institutions spécialisées. Pourquoi louer/vendre des terres alors que l’activité de l’infrastructure est « un coup sur », capable d’assurer son remboursement à moyen terme?

Masaola Forest, Madagascar. Photo by glowingz.

Masaola Forest, Madagascar. Photo by glowingz.

Quand on analyse le profil des clients, on comprend mieux leur stratégie. Au premier rang, il y a des pays dont l’espace cultivable est saturé (Japon) puis au second des pays qui veulent se recycler en prévision de l’épuisement attendu de la manne pétrolière (Qatar, Chine ). Car que l’on ne s’y trompe pas, ces pays ne font pasd ‘acquisition de « lopins » de terre pour y faire pousser du manioc ou des bananes plantains. Non, il s’agit de répondre à des besoins existant dans le pays d’origine des clients. Pourquoi le Qatar et la Corée sont là ? Pour investir dans les bio-carburants futurs maîtres du marché des carburants de substitution au pétrole. Pourquoi la Chine est là ? Car tout ne pousse pas en Chine.

Mais ces terres sont occupées par des populations. Si elles restent ce ne sera qu’en tant qu’employé: c’est la version agricole de la délocalisation. Si elle ne veulent pas rester cultiver des plants qu’elles ne consommerons jamais (rappelez vous les plantations de Cacao, Thé et Café qui abondent en Afrique subsaharienne – ndla ), c’est là que le partenaire gouvernemental complaisant s’avère utile. Car, on ne nous le rappelle que trop, la terre appartient à l’État et c’est lui qui en dispose à sa volonté … du moins tant que celle ci n’est pas loué pour 1 siècle ( !!! ) à un groupement privé.

Un récent rapport fait état d’une nécessité de trouver 31 milliards de dollars chaque année pour développer les infrastructures au bled. Si l’on compte sur la vente/location des terres du bled pour financer cela je crains fort que la superficie du continent ne soit pas suffisante: c’est là, la logique simple des chiffres. Il faut donc repenser cette politique foncière ou bientôt se retrouver tenancier d’un magasin dont on ne possède même plus les murs. Une autre solution reviendrait à changer le tenancier mais c’est là un autre débat ….

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2 Commentaires

Mmmh… je dois hélas dire que je suis d’accord avec toi sur le sujet… »Changer le tenancier du magasin discount BLED hahaha mdr

« épuisement attendu de la manne pétrolière (Qatar, Chine).  »

Très drôle ça. La Chine est un gros importateur de pétrole (elle consomme en gros 2 fois plus qu’elle ne produit).

Par contre la Chine avec 22% de la population mondiale pour 10% de la superficie du globe manque de terres agricoles. Et la Chine a également des réserves importantes de charbon.

(et c’est temporairement passé de mode les agro-carburants, le cours des céréales est bien retombé dans la crise des « subprimes », enfin des banques aux investissements pourris qui tombent en chaîne. Même si je sens que ça va remonter.).

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