Je nous ramène en Afrique du sud en 1995. La finale du championnat du monde se joue entre l’Afrique du Sud et la France. On est dans la ligne droite du film Invinctus où les Springboks baragouinent l’hymne national sud-africain. L’Afrique du Sud remporte la partie mais tout cela me semble trop romancé.
Je retrouve les mêmes Springboks en final du championnat du monde en France en 2007 contre les Puma d’Argentine. Cette fois encore les Springboks toujours blancs pour la plus part chantaient mieux l’hymne sud-africain et l’Afrique du Sud a gagné. Mais là encore cela faisait carte postale.
Je me retrouve sur un vol entre Johannesburg et Cape Town en 2010. On m’annonce la météo à Cape Town et l’évolution du score entre les Springboks et les All blacks d’Australie. Cette fois, bien que les Springboks soient en train de se faire battre, je ne comprenais pas l’opportunité de nous donner cette information. Je parle de cette anecdote à mon neveu de Cape Town en sous-entendant le côté raciste de cette information. « Tu vois tonton, tout ça c’est à cause de l’entraîneur, il veut essayer de nouveaux joueurs et laisse les joueurs expérimentés à la maison. C’est pour cela que l’on se fait battre par les All blacks » me dit mon neveu. Je suis interloqué. C’était la première fois que mon neveu parlait de rugby avec moi. Parce que jusqu’alors il connaissait la première league anglaise de football sur le bout des doigts. Mais sa réaction me fit comprendre autre chose…
Les envahisseurs (les blancs sud-africains) et les envahis (les noirs représentés par mon neveu) avaient le même engouement pour les Springboks. Et bien que l’on ne puisse pas résumer le problème sud-africain en un résultat sportif, je tenais le secret d’une coexistence pacifique entre les 2 groupes. Je me ferai mieux comprendre dans un dernière épisode de cette saga d’envahisseurs/envahis.