Si tu n’est pas ougandais ou que ton pays n’a pas de frontière avec l’Ouganda il est fort à parier que tu n’as jamais entendu parler de Bobi Wine. Ce frangin est pourtant l’un des dernier survivant d’une espèce en voie de disparition: l’artiste engagé politiquement. Artiste, me dites vous, mais comment ce fait il que je ne connais aucun de ses tubes ? Bonne question mais que je balaie d’un revers de la main car hors sujet. Pourquoi ? Parce que le gaillard vient d’atterrir dans une chambre avec vue de la prison de Kampala, Ouganda. Mais que lui reproche-t-on ? C’est ce que nous allons essayer de savoir.
Des artistes engagés, il y en a eu des milliers. D’aucune dirait même que seul les artistes engagés sont de vrais artistes. Ceci dit la diversités des artistes est equivalente à celle de leurs engagements. Robert Kyagulanyi Ssentamu plus connu sous son nom d’artiste Bobi Wine est lui de la caste des artistes engagés politiquement. Jusque là rien de nouveau car on a eu Alpha Blondie, Tiken Jah Fakoly et bien d’autres avant lui. Là où le sieur Bobi Wine se distingue c’est dans sa zone d’influence et le type d’action qu’il mène.
Bobi Wine est un local. Comme tous les pays l’Ouganda propose deux familles de musiques commerciale avec leurs musiciens. Une musique pour l’export qui emprunte les codes et sons étrangers et une musique purement nationale que seul les locaux apprécient. C’est dans ce second registre que officie Bobi Wine. Aussi quand il décide de s’engager en politique, il s’appuie sur cette base locale je dirais presque nationaliste et fait fi des enjeux régionaux et internationaux.
Bobi Wine est indépendant. Ce mot est presque une farce en politique au bled. Il signifie que tu n’es pas avec le PR et que par conséquent tu ne pèses pas sur la scène. Mais voilà que Bobi lui se présente en champion du peuple. Il obtient un siege au parlement grace à une campagne électorale porte à porte rondement menée et une faille du système de vote ougandais: ils ont oubliés de bourrer les urnes.
Voici donc Bobi au Parlement, en train de prendre à parti la majorité comme l’opposition sur les travers d’un système. Il est notamment l’un des instigateur de la fameuse fight qui a fait le tour du Net. Indépendant je vous dis. Le système majorité (pro Museveni /M7) et opposition (pro Besigye) est pris de cours car il n’a pas prévu l’engouement que crée le trublion. Qui plus est, fort de sa stratégie de campagne, Bobi se met à faire le tour du pays pour apporter avec succès son soutien à d’autres candidats anti système dans des elections locales où on oublie encore une fois de bourrer les urnes. Il n’en faut pas plus pour énerver M7 qui décide de mettre un terme à cette mascarade par la même méthode qui a fait ses preuves depuis tant d’années: mettre le gaillard au frais en prison.
Que lui reproche-t-on ? A mon avis, et même si c’est le contraire qui est présenté dans les medias locaux, on ne lui reproche rien de purement politique. Je pense plutôt qu’il s’agit encore une fois d’un problème d’ego. Bobi Wine apparait micro en mains en train de tenir un discours et reçoit en retour des hourras de la foule: ça ne va pas. C’est la le job, oui je dis bien le job, du Président, de son opposant officiel et de tous ceux à qui ils ont donné l’aval. Le système tolère très peu l’indépendance et l’originalité dont il n’est pas à l’initiative ou au contrôle. Ce trublion de Bobi Wine dès qu’il a cessé de faire rire est un devenu un problème pour la visibilité des tenant d’un système qui a un besoin urgent de se renouveler. Helas les vieux éléphants ne vont pas se laisser faire et les rues remplies ougandais de fumigènes sont le signes avant coureurs de la fin d’une époque.
Bon je vous laisse avec un des dernier tube de Son Excellence Bobi Wine, tube que j’ai choisi uniquement pour le cameo de Salvador un comédien de stand-up ougandais que je vous recommande chaudement