Bonjour à tous. Il nous a bien fallu plus d’un mois pour pondre le premier article de l’année sur lepetitnegre et nous ne nous en n’excusons pas. Il faut dire que la moitié de notre équipe avait fuit une Europe mise à feux et à sang par les terroristes du Moyen Orient du moins c’est ce que nous disaient quotidiennement certains médias spécialisés. Nous avons donc pris le temps de nous ressourcer au Nord, Centre et Sud du continent et puis nous sommes revenus à Mbeng profitant de l’accalmie apparente.
On démarre donc l’année sur un coup de sang du frère Serge Aurier. L’arrière droit du Paris Saint-Germain a utilisé toute la puissance de l’ère internet pour commettre une « e-bourde » en direct live. En cours de communication on m’a toujours dit que la première règle d’or c’est de ne jamais laisser le client prendre en charge sa communication. C’est pour ça que l’on a créer le directeur de com ou « plublicist » chez anglophones. Plus tard quand j’ai côtoyé le secteur de la télé on m’a appris que la première règle du secteur c’est qu’il faut éviter le direct à tout prix. La raison est toute simple: en différé on peut rattraper les bourdes, les lapsus et même les coups d’éclats imprévus. Depuis 99% des programmes que vous regardez sur vos écrans sont pré-enregistrés, filtrés, décortiqués , scannés pour y trouver le moindre petit « bwakage », lapsus ou message subliminale. Puis il est enfin diffusé avec moult tambour et trompette pour que vous oublier le fait que tout ça c’est déjà passé.
Mais voilà nous sommes à présent au 21eme siècle et la télé s’est fait volé la politesse par internet. Le Net est devenu le premier fournisseur d’infos destinées aux masses. Et comme tout jeune, il est tout chaud et fougueux et n’a pas le temps de s’encombrer des règles de ses sœurs aînées en communication. C’est donc en temps réel que nous avons pu assisté au déballage d’un Serge Aurier blasé contre ses coéquipiers et son entraîneur au sein du club parisien. Internet après avoir fait du bruit à coup de « Oooooh » et « Raaaahh » s’est divisé en deux camps. Il y a ceux qui ont accusé Aurier de manquer de respects aux grands, de cracher dans la soupe, de se tirer une balle dans le pied, d’être encore un produit de la mauvaise éducation des quartiers français : on les appellera les anciens. Et puis il y a ceux qui ce sont dit fier du gars qui a osé dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, qui applaudissent l’absence de langue de bois et la vista d’un stratège qui veux sécuriser un transfer sans encombre en fin de saison: on les appellera les modernes. Ou est ce que je me trouve ? A vrai dire en plein milieu: je pense que anciens et modernes ont tous les deux raisons, et ce pour toutes les raisons qu’ils ont avancés car je suis persuadés qu’elles ne sont pas mutuellement exclusives. A une période où le système foot est sans cesse rattrapé par la réalité du monde dans lequel nous vivons, la loi du milieu ne peut plus s’appliquer. On ne peut plus régler les petits différents au calme, entre nous, dans les clubs ou dans les fédérations. Même la FIFA n’est plus un coin sur où étouffer une affaire. En 2016 et au delà le linge sale se lave sur la place publique.
Finalement deux détails intéressants dans cette affaire. Tous d’abord le fait que l’une des cibles de Serge Aurier soit Laurent Blanc. L’ancien défenseur puis sélectionneur national français s’est fait connaitre dans le passé pour des propos à la limite du raciste tenu en cercle fermé et qui lui ont presque valu d’être pendu sur la place publique. Il sera difficile pour lui de réagir en visant personnellement Aurier sans que l’on ressorte cette affaire du frigo. Deuxièmement, le fait que Serge Aurier bien que intégré dans la fameuse banlieue de Sevran soit également un ressortissant de Côte d’Ivoire, né au bled et, excusé du peu, tenant du tire de vainqueur de la CAN avec les Elephants. Pourquoi est-ce important ? Parce que à l’instar d’un Didier Drogba il est des joueurs que les français voient tellement qu’ils finissent par penser qu’ils leur appartiennent corps et âme. Il n’en est rien. La plupart des blédards vous sourient mais aujourd’hui le monde est devenu mondial et ils n’hésiteront plus à dire ses quatre vérités au public français quel que soit la conséquence car ils peuvent toujours rebondir ailleurs. et contrairement à Adrien Rabiot qui avait goutté aux joies du banc avant lui, Serge Aurier n’a pas à craindre une section en club et en sélection nationale.
C’est cela la grande leçon à tirer de ce dérapage: il faut que les footeux et leur milieu acceptent de se défaire de cette fausse image de saints dont ils s’entourent et reconnaissent que ce sont des humains comme les autres. La transparence doit se faire partout: dans l’administration, dans la gestion et dans le vestiaire. Et alors on saura peut être enfin ce qui s’est vraiment dit ce soir du 17 Juin 2010 à Polokwane.