La publicité vous l’a déjà dis et redis: ce qui change quand vous passez la Méditerranée c’est le climat et le paysage. Ce matraquage médiatique est diffusée d’un côté comme de l’autre de la Mer afin de susciter l’envie d’un ailleurs complètement différent. Mais il n’a pas échappé aux plus observateurs d’entre vous que l’on n’insiste pas trop sur deux des cinq sens que compte l’homo-sapiens: l’odorat et l’ouïe. Pourquoi ? Parce que les professionnels du voyages savent que ces deux là sont nos organes les plus capricieux.
Quand je débarque au bled la chose qui me rappelle que je suis bien arrivé ce n’est pas la température mais bien le silence soudain. Je m’explique. Le mode de vie au Nord est tel qu’il y a toujours comme un bruit de fond, un vrombissement, qui me donne la migraine mais qui s’installe à la longue comme normalité. Mais au bled ce vrombissement disparaît soudainement. C’est un peu l’effet que vous avez dans vos oreilles quand vous quitter une salle concert ou une boite de nuit. Le bled donc, même dans ses coins les plus urbains, est un vrai lieu de repos pour les oreilles. Mais voilà toute médaille à son revers. A l’instar des européens qui ne savent pas qu’ils vivent dans le bruit les blédards ne sont pas conscient qu’ils vivent dans le silence. Aussi, si on y fait attention, on peut assister à des situations complètement absurdes de part et d’autres. Je m’explique. Il m’arrive de prendre le métro à des heures de pointes. Les gens jouent des coudes et rentrent le ventre pour que tout le monde puisse tenir dans un wagon devenu trop petit. Une fois la portes fermée au chausse-pied on se retrouve comme des sardines dans un espace confiné et dans un silence d’enterrement jusqu’à la prochaine station. Je vous avoue que à chaque fois cette scène me glace de terreur tellement le changement est brusque. Puis les portes s’ouvrent et c’est de nouveau le brouhaha.
La même scène mais cette fois-ci au bled. Je prend le bus pour six heures de trajet entre la capitale et ma localité reculée au fin fond du bled. Là aussi le véhicule est bondé à craquer. Mais sur les six heures de trajet il n’y a pas eu une minute de silence. On a droit à trois concerts par trois chorales différentes dont deux improvisées. Puis il y a eu la discussion à battons rompus entre les supporter de Chelsea et Manchester United (ndla: j’y reviendrais). Il y a aussi les incantations des esprits protecteurs à l’entrée et à la sortie de la foret qui durent quand même une demi heure chacune avec un rappel à mis parcours. Il y a bien eu ce courageux monsieur qui a failli se faire jeter du bus car il avait osé demander de baisser le volume. Son aventure a d’ailleurs découragé les deux touristes biblos qui prenaient le bus d’en faire autant. J’ai compatis avec eux car je me suis vu quand j’essaie de parler dans le métro et que tous le regards se tournent vers moi genre « il débarque d’où celui là ? ».
En fait le bus est un îlot de bruit qui roule dans un paysage de silence. Il ne sait pas qu’il a un lointain cousin plus au nord qui s’appelle le métro et qui lui vogue en silence dans un océan bruit. Mais soyons honnêtes: les blédards eux même commencent à se rendre compte qu’il y a une limite à la tolérance humaine. J’ai observé lors de mon séjour la fermeture « manu militari » de deux églises dites de réveil dans un quartier en ville pour cause de nuisance sonore. De même des concerts ont été interrompus en plein milieu pour cause de tapage nocturne. Si on ajoute à cela le fait que les métros ont réglé leur différent avec les société de droits d’auteur et vont recommencer à diffuser de la musique il y a lieu d’espérer qu’il existe un juste milieu salutaire pour nos oreilles.
PS: je vous ai épargné le volet odeur car je suis moi même en heure de table alors que je fini ce billet.