Alors que suite aux conseils du redac’ chef j’étais occupé à ignorer l’actualité de la politique français un « gazouillement » a retenu mon attention. Saviez vous que le Président de La République Française prend fonction sans prêter serment ? Je ne l’avais pas remarqué avant mais en même temps c’était d’une logique implacable. Cela me conduit à m’intéresser au rituel de passage d’un président à un autre (si pour autant une telle chose existe) dans le bled qui est notre.
Nicolas Sarkozy a donc remis ce mardi 15 mais 2012 une mallette contenant les codes top secrets de l’arsenal nucléaire français à François Hollande. Théoriquement ce dernier a donc désormais le pouvoir de détruire la planète « en un seul clic » c’est vous dire l’importance du symbole et donc de la fonction. Au bled, cependant, le principe même de la passation de pouvoir a deux déclinaisons. La version « de gré » est celle qui ressemble à la française. Je quitte mon poste à la fin du contrat et je passe les clefs à mon successeur après avoir asséné un dernier discours bien lourd à mes collaborateurs. La seconde version est le passage de témoin « de force »: c’est le plus usité chez nous et c’est celui qui vaut aux postes à responsabilités leur statut précaire.
Mais au fond que veut-on voir lors d’une telle cérémonie ?
- Deux hommes, qui se donnent une poignée de main ?
- Deux femmes, qui se font une accolade devant le crépitement des flashs des photographes ?
- Le passage d’objets symboliques (bling bling) représentant le pouvoir suprême et/ou la nation d’une main à l’autre ?
- Une personne qui dit au revoir à une autre sur le perron du palais présidentielle ?
Si il faut l’analyser, la cérémonie « à l’européenne » fait tout pour envoyer un message de continuité à tous les observateurs nationaux comme internationaux. Pourtant, on sait très bien que en interne le changement démarre le soir même de la victoire.
C’est en cela que la situation contraste avec le bled, et ce, pour un changement de gré comme de force. En effet, nos blédards se dépensent beaucoup en communication pour montrer qu’il y a eu un changement à la tête de l’État. A y repenser, je constate que l’on ne nous a pas habitué à voir un Chef remettre le pouvoir à une autre. Le message sous-jacent est que le nouveau Chef « prend » le pouvoir, il ne le « reçoit » de personne et, de fait, n’a de compte à rendre à personne, c’est d’autant plus important lorsque l’on n’a pas de clefs de l’armurerie à transmettre.
Mais alors quel est le symbole du changement ? Car dans les faits les observateurs locaux ont noté que ce qui était corrompu est toujours corrompu, ce qui était cassé n’est pas forcement réparé, quant aux nouveaux trucs que l’on a promis pendant la campagne on verra selon la conjoncture. Ce qui a changé ? Ce sont les hommes en charge. Quel pied de nez à la théorie de Obama comme quoi avoir des institutions fortes créer la stabilité.
Un dicton occidental veux que les loups ne se dévorent pas entre eux. C’est pour cela que vu de l’extérieur l’intérêt supérieur de l’état prime sur les tensions personnelles qui ne manquent pas entre l’ex et le nouveau. Aussi les deux vont s’entendre pour que le passage de l’un à l’autre se fasse en douceur. Mais ce dicton ne franchit pas la Méditerranée. Car au sud l’alternance est vécu comme un second mariage dans lequel le nouveau conjoint gomme tout élément qui peut évoquer son prédécesseur. Ce qui est triste c’est que une fois le travail fait, il traite sa nouvelle moitié aussi mal que le conjoint répudié.