Bulldog cherche dentiste

Il y a eu beaucoup de bruit dans la presse du bled ces derniers jours au sujet de la situation qui règne au sommet de l’Union Africain ou UA en sigle. Pour faire bref, les représentants des nations membres n’arrivent pas à ce décider sur le nom du futur secrétaire général de l’Union. D’un côté, le gabonais Jean Ping veut rempiler pour un tour et le l’autre la sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma pense que le temps de l’alternance est venu. Et l’on voudrait me faire croire que ce status quo est une catastrophe continentale dont le bled ne se relèvera pas ? Je voudrais dans ce billet jeter un coup de projecteur sur le processus électoral dans les organismes internationaux dans le but avoué de vous faire partager mon scepticisme.

Par définition le nom repris dans la liste des membres d’un organisme international est celui du pays ou de l’État souverain. Comme l’État ne peut logiquement se déplacer comme un seul homme, il est lui même représenté par une personne physique. Par défaut cette personne est le chef de l’État. Et même si pour des raisons de logistique il se fait représenter par le ministre de tutelle c’est bien lui qui a le dernier mot. Tout cela pour vous dire que faire campagne pour le poste suprême d’un organisme international revient à convaincre un maximum de chefs d’état de voter pour vous.
Dans le cas d’un organisme « anodin » comme l’Organisation Internationale des Producteurs de Patates Douces, il ne faut quand même pas aller aussi loin. On paie un resto au ministre de tutelle (agriculture si je ne m’abuse) et c’est dans la poche. Mais il existe des structures plus emblématiques pour lesquelles adouber un candidat se monnaie au prix fort. C’est dans cette configuration que se trouve le « bulldog édenté ».

Dans la plupart des cas, tout se passe en coulisse. Pendant des semaines voire des mois, les candidats sillonnent le continent et vont d’audience en audience pour solliciter l’adoubement d’un Président qui ne se prive pas de demander en contrepartie le placement d’un de ses poulains dans le staff du futur possible gagnant. On peut ainsi arriver le jour du vote avec un « choix » quasi unanime. C’est cette situation que préfèrent les votants car elle correspond en tout point au circonstances de leur propre élection. Hélas, et c’est le cas dans l’affaire qui nous occupe aujourd’hui, il arrive que l’outsider décide de ne pas lâcher l’affaire. Qui plus est, ici, elle a les moyens politiques de ses ambitions. C’est là où la « politique » telle que pratiquée dans ces organismes montre son visage hideux. En effet comme vous avez pu le constater à aucun moment le programme des candidats n’est mis en avant ou même débattu. Et pour cause: soit il n’y a pas de différence fondamentale entre ce que proposent les candidats, soit la politique de l’organisation est dictée par les présidents et non le Secrétaire Général. Dans les deux cas, le combat se réduit à une lutte entre des hommes et non des idées.

A ce petit jeu de qui à la personnalité la plus emblématique tous les coups semblent permis. On étale dans la presse les soutiens réels ou supposés de puissances extérieurs. On fait aussi, par exemple, jouer le régionalisme ou le régime linguistique: Ping prend le centre et l’espace francophone alors que Dlamini-Zuma se réserve le sud et l’espace anglophone.
Le côté positif de ce status-quo c’est que les profils des candidats prouvent qu’il existe un réel équilibre des nombres sur le continent: les francophones valent les anglophones et le sud vaut le nord. Ceci dit, tout le reste semble n’être que négatif. En effet faire s’affronter des groupes dans ce qui s’appelle une « Union » c’est un peu porter préjudice à l’idée même qu’elle véhicule. D’autre part on se rend compte que les plus grands démocrates sont les premiers à mettre cette même démocratie au placard car ici il s’agit d’un organisme international et non d’un état ou d’une mairie. Quoi qu’il en soit on est parti pour 6 mois d’inactivité au sein de l’UA et tous les organismes sous régionaux vont s’en retrouver renforcés car plus actifs que ce pauvre bulldog qui n’a décidément jamais fait bien peur à qui que ce soit.

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