Euréka: Way-C la tablette tactile de VMK

Hé oui, après tout le monde, LPN, se penche sur cette annonce dont toute la blogosphère du WAF, et pas uniquement, parle depuis plus d’une semaine mais dont les prémices remontent à plusieurs mois déjà. La première tablette tactile mise en chantier par un groupe africain, la Way-C de VMK est enfin dans les bacs. Pour une fois qu’une réalisation du bled dépasse le microcosme de notre blogosphère pour se retrouver dans les médias occidentaux, j’applaudis des deux mains et j’en profite pour faire une revue critique d’un objet technologique que je n’ai pas encore eu entre ces même mains.

Le problème

L’idée de départ si j’en crois l’initiateur du produit, Vérone Mankou, est de permettre à tout un chacun avec un budget modeste, celui d’un ménage moyen africain, de pouvoir s’offrir un objet technologique à la pointe permettant d’accéder et de consommer des produits et des services toujours plus nombreux sur la toile. Cet objet doit permettre une connectivité facile et ce, quelque soit l’endroit où l’on se trouve. A l’heure actuelle, seul l’achat d’un PC maison où plus précisément d’un ordinateur  portable permet de se rapprocher de cela, mais le coût de ces machines et tout simplement exorbitant pour le bled. C’est pour répondre à tous ces défis que la tablette Way-C est née.

La solution

Le concepteur de la Way-C aura mis du temps pour élaborer les bonnes spécifications et les bons paramètres pour concevoir et faire construire sa tablette tactile, et vu le résultat, celle-ci n’a pas à rougir de ses performances.. quoi qu’on en dise.  Elle répond au désidérata de son marché cible tel que je l’ai décris plus haut et c’est tant mieux. Les quelques reproches que j’ai pu lire ou entendre ça et là n’y feront rien. Je trouve cette tablette et surtout son positionnement dans le marché pertinente.

la tablette tactile Way-C de VMK propulsé par Androïd (source)

Pourquoi ça devrait marcher

Je vois deux points forts qui feront le succès indéniable de cette tablette.

Tout d’abord, elle est réellement conçue pour son public. Ce n’est pas un produit importé qu’il faut adapter, non elle a été conçue dès le départ en prévision de son marché. Du coup, elle répond à une demande réelle et, de plus, dans sa catégorie, il n’existe rien d’autre sur le marché, au bled. Clairement, elle a devant elle un marché libre de tout concurrent, il suffira donc à la Way-C de convaincre les indécis pour s’assurer dans un premier temps un marché et la clientèle qui va avec.

La Way-C est basée sur des technologies qui ont fait leurs preuves ailleurs. Elle ne révolutionne rien, et c’est très bien ainsi. En jouant la carte de la sécurité, elle s’épargne les problèmes techniques, et les longues versions remplies de bugs qui aurait pu faire de son lancement un cauchemar. Il va de soit que VMK ne possède ni la R&D, ni la force de frappe marketing et commercial d’un Apple avec son IPad et/ou d’un Amazon avec son Kindle.

Pourquoi ça ne marchera pas

Autant, je trouve l’idée séduisante, la tablette, à mon humble avis se heurte à 2 réalités fondamentales du net en Afrique.

La première, c’est la couverture du net au bled. Si l’on sort des grandes villes et dans certains cas, de certains quartiers dans ces même grandes villes, la couverture Wifi ou 3G n’est vraiment pas à la hauteur. Comme cette tablette utilise ces 2 technologies, il est clair que l’on a encore beaucoup à faire avant de pouvoir l’utiliser convenablement au bled. Et je ne parle même pas du problème encore plus trivial mais récurrent, au bled, des coupures intempestives de courant, base du chargement de la tablette.

L’autre problème, c’est l’adhésion du public. Il faut prouver au futur acquéreur, et non au geek du bled comme moi,  que la tablette va lui apporter un plus dans sa vie. Certes, la tablette permet l’accès à du contenu et à des services plus facilement pour tout un chacun. Mais quel impact positif, directement visible, apporte-t-elle dans la vie de tous les jours de son propriétaire? Cette tablette, semble arriver trop tôt dans un marché qui découvre encore comment utiliser au mieux le net dans le cadre du bled. Plus simplement dit, il manque à la Way-C, la Killer App, qui justifierait à elle toute seule l’achat du produit.

Finalement, et, je ne peux décemment pas passer sous silence ce dernier point, la dénomination de la tablette m’interpelle. Désolé, mais pour certaines personnes qui aiment chercher la petite bête là où elle ne devrait pas se trouver, moi quoi, en prononçant le nom de la tablette, j’éprouve comme une soudaine envie d’aller au petit coin, et ça, c’est pas bien 😈 .

Conclusion

Il faut un début à tout, et bien que perfectible, (quel produit ne l’est pas ?) la Way-C est une avancée considérable dans la conception de produits pour le bled par des blédards. Ceci dit, si je ne devais retenir qu’une seule chose de ce projet, qui n’en est, je l’espère, qu’à ses débuts, c’est la forte appétence du monde pour un produit venu du bled. Et en cela je dirais bravo à VMK d’avoir su tirer parti de l’African Web Summit pour lancer son produit s’offrant par là une couverture globale (ndlr:il est vrai que lorsqu’on est dans l’organisation du dit évènement, cela aide fortement 😉 ). Clairement, la gestion de la communication de la sortie de la tablette est une réussite. Ce qui est de bonne augure pour les prochains produits made in VMK.

La Way-C, la première tablette africaine posted by Nzwamba

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3 Commentaires

Heu … Arnaud, désolé mais je ne vois pas de quel bad buzz pour réprendre tes termes tu parles. Si tu as lu correctement mon billet tu verras que

  1. je n’attaque pas le produit
  2. je suis plutôt enthousiaste par rapport à sa sortie

Ceci dit, ce serait faire manque de sérieux que de décrire un produit sans parler de ce qui constitue pour moi les défis majeures pour sa réussite. Ensuite cela ne dépend que de toi de prendre cela pour du bad buzz ou pour une critique constructive 😉 .
Sinon bienvenu sur le blog et dis nous ce que toi tu penses de la tablette car visiblement j’ai raté quelque chose.

Je viens de découvrir ce produit et très contente qu’elle a été conçue au Congo, bravo à VMK!
Merci pour l’article ainsi que l’analyse.
Je suis globalement d’accord à part sur l’argument selon lequel « Cette tablette, semble arriver trop tôt dans un marché qui découvre encore comment utiliser au mieux le net dans le cadre du bled ».
En effet, je ne pense pas du tout qu’elle arrive tôt. Au contraire, c’est le moment de se lancer, de se dévoiler, de se faire un nom, de se faire connaitre petit à petit et surtout de mesurer l’impact du produit sur la population…pour avoir des retours et mieux améliorer le produit à l’avenir. Cela fait un petit moment que tous les africains utilisent les téléphones portables (j’étais très surprise de voire que même ceux qui vivent au fin fond de la brousse et qui n’ont même pas l’électricité ont un téléphone portable!). Presque tout le monde en Afrique connait les grands noms comme NOKIA, SAMSUNG, APPLE bien sur, ect…et ces produits sont déjà utilisés par un certain nombre de personnes. Donc, tout le monde utilise déjà des téléphones plus ou moins modernes…Je n’ai aucun chiffre sur le taux d’utilisation des tablettes actuellement en Afrique mais, à part le prix, je ne vois pas d’autres raisons qui pourraient freiner les africains à utiliser ces produits high tech même si ces derniers ne sont pas forcément adaptés aux infrastructures locales. « Etre moderne », « faire comme ce qui se fait dans le monde entier », « être à la pointe de la technologie » ou tout simplement « être comme tout le monde » (i.e « si le voisin a un ipad, moi je aussi j’en veux un ») sont à ma connaissance ceux qui motivent principalement les gens à acheter et utiliser ces produits même s’ils ne sont pas toujours adaptés aux infrastructures locales. Je reste persuadée que le seul frein c’est le prix.

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