Eureka : .Africa

Pour ceux qui ne le savent pas encore, la dernière frontière ne se trouve plus sur terre ou sur la mer, mais bien sur internet. Alors que l’on continue à s’étriper au bled pour de la terre, sur le restant de la planète, la question du positionnement d’un pays ou de ses industries sur la toile fait rage. Et pour se démarquer des autres, il n’y a pas mieux que de créer son propre espace où l’on peut montrer à qui veut bien le voir ce dont on est réellement capable. C’est dans cette optique que les pays du bled veulent introduire le .africa !!

Le problème

Au commencement, il y avait les noms de domaines (NDD) avec des extensions génériques (TLD) très restreints les .com , .net et .org pour ne citer que les plus célèbres. Dès l’ouverture faite à monsieur tout le monde, les NDDs les plus attrayants ont été confisqués par les compagnies qui avait l’argent ou par ceux qui avait compris avant tout le monde le potentiel d’investir dans les NDDs. En clair, les blédards, toujours en retard d’une révolution, se retrouvèrent fort dépourvus quant il se rendirent compte, trop tard, qu’il avait raté le 1er round d’achat de lopins de terre sur internet.

Qu’à cela ne tienne, l’ICAAN dans sa grande mansuétude donna à chaque pays (pas qu’aux blédards donc :ndla) son propre TLD, les fameux .cm, .ga, .mr,  ou .ls pour ne citer que cela. Un endroit où chaque pays était libre de faire ce qu’il voulait. Mais, chez nos amis blédards, le manque de techniciens, de vision politique, d’infrastructure et/ou un mixte de tous ces maux ont fait que seule une poignée de bleds a su tirer leurs épingles du jeu. En revanche, pour la majorité des bled, la ruée vers l’or annoncée se fait toujours attendre, c’est pourquoi, dans un dernier effort de créer un engouement et une marque forte pour le bled, on a pensé depuis 2007 à créer le .africa.

La solution

Un continent derrière un TLD fort voila le plan, et la solution .africa possède plusieurs avantages. Pour les compagnies privées qui veulent investir au bled avoir un .africa c’est un plus indéniable. Cela montre très clairement ses ambitions pour le bled. De plus, je suppose que, comme pour ses cousins, .eu et .asia, ce TLD sera suffisamment contraignant que pour privilégier en priorité les blédards et les industries du bled lors de sa mise en place effective l’année prochaine ou en 2013 . Enfin, j’espère qu’à la différence des TLDs africains, le prix annuel pour le renouvellement d’un NDD sera suffisamment attrayant pour que la coopérative de vente d’huile de palme dans ma région natale puisse s’offrir un NDD à un coût de revient acceptable.

Pourquoi ça va marcher

Soyons bon joueur, le web explose au bled en ce moment, surtout sur le mobile. Du coup, les services du bled sont en pleine extensions dans la plupart des pays. L’arrivée pour fin 2012 dans les meilleurs des cas du .africa sera donc un moteur de développement encore plus important. Imaginez un peu, lepetitnegre.africa rien que le fait d’imaginer demain une telle possibilité permet d’illustrer, assez facilement, les perspectives plus qu’intéressantes que peut apporter ce TLD. Sans parler des nouvelles marques qui ne manqueront pas d’émerger. Bref, c’est une occasion à saisir.
Plus que la marque, le .africa peut également devenir, si il est bien géré, à l’image d’un FESPACO ou de la CAN, une vitrine mais également un point de ralliement pour tous les blédards du Cap à Carthage. le .africa en somme dégage ou plutôt pourrait dégager une nouvelle image du bled. Un bled, jeune, créatif et moderne, à l’opposé de l’image généralement véhiculée. Mais rien n’est écrit et tout reste à faire, les possibilités comme les attentes sont donc énormes.

Pourquoi ça ne va pas marcher

Mais voila comme dans toute bonne idée, le diable, que dis-je, l’enfer est dans les détails et j’ai quelques points d’interrogations que je ne peux m’empêcher de partager avec vous.

Tout d’abord j’ai une petite question d’argent. Qui va récupérer les sommes dégagées par les .africa? Les bureaux d’enregistrement de TLD, certes, mais au-delà, est-ce que l’AfriNIC se partagera le pactole avec l’UA? Quid de l’ICAAN? Qui va surveiller qui ? Bref une question d’argent peut cacher une réelle question de gouvernance. A la clé, c’est le contrôle et la gestion même du TLD qui est en jeu, irons-nous vers un système indépendant ou vers une organisation plus ou moins contrôler par les administrations du bled? Et qu’elle sera l’impact de ces décisions sur le prix d’achat du NDD ?

Autres problèmes purement sémantiques pour certains mes ô combien cruciaux de mon point de vue. Pourquoi a-t-on choisi .africa ? Pourquoi pas « .afrique », ou « .afrikia » comme cela a été également proposé. Et oui, pourquoi imposer la forme anglaise du nom du continent? Je sais, je pinaille, mais ce petit détail a son importance. Au lieu d’avoir 1 TLD on pourrait in fine en avoir 3, et perdre dans ce compromis tous les avantages recherchés. comme quoi le WAF, le WAAnglo et le WAArabe  cela existent bien.

Outre le nom même du TLD, sa longueur pose problème. A l’instar du .name, je reste persuader qu’un TLD qui dépasse les 4 lettres est difficile à orthographier et/ou à mémoriser pour qui ne le connait pas, même si c’est un nom usuel comme Africa, et même si des solutions techniques pour ne pas taper le nom complet des NDDs existent. En clair, c’est un TLD vouait à l’échec.
Imaginez un peu, google.africa ou africa2point0.africa , cela ne sonne pas bien mais en plus cela à tendance à obliger les institutions et les propriétaires de NDD déjà existants à changer leur NDD pour contenter le TLD, ce qui est le monde à l’envers (Oui, cher lecteur, je vous l’annonce avant lui, Etum achètera l’équivalent .africa de son NDD actuel :ndla). je me souviens d’une campagne de pub qui disait small is beautiful, et bien .africa n’est vraiment pas beau!!

Conclusion

Je vais peut-être en décevoir certain, mais je ne vois pas, à l’heure et dans sa forme actuelle, la valeur ajoutée du .africa. De plus, si l’on regarde les succès plus que mitigés des .eu et autre .asia, en 2011, il est toujours plus simple et plus crédible d’acheter un .com.
Je terminerais par une suggestion personnelle pour régler le problème de sémantique, quitte à avoir un TLD spécifique autant en avoir un qui tranche, je propose donc le TLD .bled. C’est clair, concis et cela utilise un mot du continent dont l’orthographe et la prononciation ne serait souffrir de palabres inutiles… alors que demander de plus 🙂 .

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