Qui ça ? Irma Pany ? A ce stade si je suis presque certain que quatre vingt pour cent de nos lecteurs ne savent pas de qui il s’agit et ce n’est pas grave. Cette petite sœur musicienne n’est pas (encore) une superstar mais chez nous à lepetitnegre.com elle a déjà fait impression. Pas uniquement par son art mais surtout de par la formule par laquelle elle entre de plein pieds dans le showbizz. Vous l’avez compris ce titre est un prétexte pour parler de la nouvelle formule de financement en vogue pour promouvoir les projets artistiques.
Irma Pany est donc une jeune sœur camer qui nous vient tout droit de Douala. C’est à l’adolescence qu’elle a pris l’avion pour l’Europe où elle décide de se consacrer plus sérieusement à la musique. Je dis plus sérieusement parce que on dirait que si tous les africains ont le don, ce qui fait la différence entre un artiste et un vous et moi (surtout moi:ndla) c’est le sérieux qu’il met dans cette entreprise. Et du sérieux Irma à l’air d’en avoir à revendre. Armée de son bonnet et de son look de garçon manqué sorti d’un township elle a réussi à décrocher un contrat dans un univers musical en lambeaux où les grandes maisons de disque sont fauchées, trouillardes et/ou radines . Mais un contrat avec qui ? Avec une maison de disque basée sur internet. J’en vois tout de suite certains d’entre vous arrêter leur lecture de ce billet. En effet, n’importe qui, peux ouvrir une site web, payer un bon infographiste pour qu’il soit sexy, ajouter de belle image et de la musique pour se donner des airs de maison de disque. Ce n’est pas le cas ici. Ici il s’agit d’un nouveau model qui propose un financement alternatif de vos oeuvres musicales. En effet, plutôt que de convaincre un directeur artistique (A&R en anglais dans le texte:ndla) que vous êtes la prochaine sensation de la scène musicale au bled ou ailleurs, vous aller directement montrer aux actionnaires que vous avez déjà une base de fans suffisante prète à mettre la main à la poche pour vous produire et à vous promouvoir.
« I Know » premier simple de Irma Pany tiré de l’album « Letter to The Lord«
Quand l’on y pense c’est très malin. Ce qui empêche les maisons de disques de dépenser plus actuellement c’est surtout une pression venant des actionnaires pour plus de résultats. Il n’y a plus le droit à l’erreur ou à l’essai: si tu es un artiste, soit tu sors un hit soit tu sors tout court. Le résultat est une scène musicale où les « nouveaux » artistes sont déjà des stars avant même d’avoir sorti un album. Attention, je ne blâme pas les seules maisons de disques car nous aussi, le public, avons notre part de responsabilité. En effet, en y réfléchissant bien, je ne pense pas que les humains ce sont soudainement mis à produire plus de musique que auparavant. Au contraire c’est le Marché qui s’est ouvert et qui est devenu plus facilement accessible. Le résultat est que toute la musique du Monde s’y trouve désormais et en même temps. Notre attention a donc été sollicité jusqu’à atteindre le point de saturation de ce que nous pouvons humainement digérer comme musique. Face à cet assaut la nature nous conduit donc immanquablement à zapper. Nous sommes devenu ces patrons qui ne peuvent que vous accorder 30 secondes pour les convaincre. Alors, si ta chanson commence a être bien à la 31eme seconde c’est dommage pour toi mais tu ne nous intéresse pas.
C’est suite à ce constat que cette stratégie populiste de faire « produire » les artistes par ceux qui sont convaincus de leur potentiel commercial les aiment est née. Et Irma Pany dans tout ça ? Et bien c’est l’une de celles et ceux qui ont convaincu. Et je dois avoué après l’avoir vu en Live sur la première chaine crypté française j’ai été moi aussi choqué par autant de fraicheur et de maitrise. Il n’empêche que avec l’age j’ai appris à être méfiant. Par sur la sœur du bled en tant que tel mais sur le produit issu de cette mutation de l’industrie musicale. J’ai comme l’impression que ces compagnies sont moins bien intentionnée que cela. Je pense que la plupart de ces artistes soudainement découverts sur le Net ont en fait déjà été repérée par les Majors. Celles-ci pour des raisons de markéting moderne ont entrepris de structure et organiser artificiellement le buzz autour leurs artistes en devenir. Vous reconnaissez la formule ? C’est la même qui nous a valu la Star Académie et autre Nouvelle Star. Alors oui Irma Pany est douée. Oui son album « Letter To The Lord » mérite le détour. Mais s’il vous plait évitez de nous prendre pour des naïfs en nous faisant croire que vous l’avez ramassé dans la rue ou pire que c’est nous qui l’avons « faite » en la découvrant par hasard sur votre site web. D’avance, merci.
3 Commentaires
gilles beurer
qu’importe d’ou elle viens c’est un bijoux
merci de nous la présenter
elle mérite largement d’être là et beaucoup plus
patekam
le cameroun a toujours enfanté des artistes hors normes… Irma n’est qu’une suite logique mais alors oh combien talentueuse pour son age!!!!
Tatin
Irma est la premiere vraie stars musicienne camerounaise. Les autres stars camerounaises sont de niveau musical au plus passable, voir mediocre. Voila le verité, elle n’est parfois pas bonne à dire ( Letter to the lord d’irma pany etait passée sur MTV, c’est une chanson certifiée or; chanson qu’elle a publiée à 22 ans).