La petite Djily et la Mère Mamou

Je vous l’ai dit nous sommes en été. Cela me permet de découvrir et de faire découvrir des objets ou des activités auxquelles je n’ai pas le temps de vaquer pendant l’année. Durant mais différentes pérégrinations, je me suis retrouvé devant La Petite Djily et la Mère Mamou, une Bande dessinée made in bled de Serge Diantantu. Pas une, pas deux, je me suis empressé d’acheter le livre et de le dévorer afin de vous en faire un compte rendu remixé à la sauce LPN.

De quoi s’agit-il ?

La Petite Djily et la Mère Mamou raconte une histoire centrée sur le devenir de Djily, une jeune fille congolaise du RDC qui vit avec sa belle-mère. Son père a chassé sa mère et est souvent en voyage en laissant sa petite fille et sa nouvelle femme seules. A travers le livre nous sommes amenés à découvrir l’univers de Djily, de Mamou et sommes confrontés à la complexité des rapports familiaux au bled. En dire plus ce serait « spoiler » le plaisir que j’ai pris à lire la BD, mais il n’empêche, cela ne m’interdit pas,  au contraire, d’émettre mon avis.

Les points positifs.

La BD est bien réalisée. Les couleurs et la mise en page sont tellement bien faites, que l’on a du mal à croire que Serge Diantantu soit en même temps auteur, dessinateur, éditeur et distributeur. Cela montre à suffisance qu’il est possible de produire des livres d’une qualité sûre avec une bonne dose de volonté.
Le style qu’il utilise aussi se distingue. Il me rappelle bien les couleurs et l’atmosphère du bled. Les femmes sont systématiquement en pagne et dégagent une « négritude » qui donne fière allure. Rien que pour cela la BD vaut le détour.

Un marché congolais tel que dessiné par Serge Diantantu dans la Bande dessinée

Ce livre à travers le regard de Djily aborde un foisonnement de sujets divers et variés qui s’entre-mêlent et qui in fine décrivent la réalité du terrain au bled. Personne n’est blanc ou noir, tout le monde est une variation dans le gris. Et les actions et réactions des protagonistes s’expliquent grandement dans un contexte social, économique et culturel assez bien retranscrit sous la plume de Serge Diantantu.

Les points négatifs.

Ce qui fait la richesse du livre en fait également son talon d’Achille principal. Le livre fait plus ou moins 50 pages et l’auteur semble vouloir caser dans ces quelques pages toute la complexité du bled. Qui trop embrasse mal étreint dit-on, du coup le lecteur est submergé par tellement d’informations qu’il en perd le fil de l’histoire. On comprend ce que veut montrer Serge Diantantu mais ils semblent courir après le manque d’espace ou de temps dans son livre.

Serge Diantantu a la plume juste lorsqu’il croque les hommes, les femmes et les objets mais lorsqu’ils doit dessiner ou mettre en scène les animaux ou de l’action, son très devient soit plus hésitant, soit le style général se voit perturbé car l’animal ne cadre pas/plus avec le reste de son style.

Autre reproche et non des moindre est que j’ai l’impression que Diantantu a beaucoup travaillé pour créer des personnages féminins forts mais paradoxalement, les personnages masculins que l’on découvre tout au long du livre sont « vide » ou peu travaillés. Leur motivations et/ou leur justifications sonnent creux en comparaison des actes et des positions des femmes.

Ajouter à cela, on ne sait jamais si le ton du livre est dramatique ou comique. Car le comique ne pèse pas beaucoup devant le drame qui se joue. Certes il sert à « détendre » l’atmosphère mais quand l’enjeu est trop important, le comique sonne faux et/ou tombe mal.

Enfin, une histoire annexe est développée à côté de l’histoire principale mais sa valeur ajoutée est tellement faible que l’auteur aurait pu sans trop de problème la retirer du livre sans pour autant en affaiblir le contenu ou le message.

En conclusion

Malgré un scénario qui aurait du être revu ne serait-ce par une personne externe pour mieux focaliser l’attention du lecteur, La Petite Djily et la Mère Mamou vaut le détour. D’ailleurs, je le répète et j’insiste dessus, les dessins sont très beaux (la double page au milieu du livre est tout simplement superbe :ndla) et ce livre représente une véritable bouffée d’air frais africaine. Cette mise en bouche mérite un bon 6/10 et sera une bonne introduction à l’univers de la BD made in RDC pour ceux qui  ne la connaissent pas.

J’apprends d’ailleurs via le site de Serge Diantantu que le livre va être édité en Peul et ça aussi c’est une bonne chose. Une BD blédard pour les blédards et accessible à un grand nombre de blédards, que demander de plus ?

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