Monsieur John Kufuor est un ancien chef d’état africain qui a été non seulement démocratiquement élu mais qui a également démocratiquement quitté le pouvoir aux termes de son mandat. Monsieur Kufuor est donc un candidat potentiel au fameux prix Mo Ibrahim, mais hélas, cela fait deux fois qu’il n’est pas retenu: à croire qu’il n’a vraiment pas marqué le pays de son emprunte durant son mandat. A défaut de prix, il faut donc que Mr Kufuor trouve un moyen d’apparaître dans les médias afin que LPN puisse en parler… Et c’est maintenant chose faite 🙂 .
Ainsi donc si l’on en croit les dires de Mr Kufuor, les médias africains ont le « devoir » de « donner une image plus positive de l’Afrique ». Si Mr Kufuor en parle avec une certaine amertume dans le ton, c’est qu’il a le sentiment que ce n’est pas le cas. Il estime après avoir parcouru plusieurs médias du bled, qu’ils soient télévisés, radiophoniques, écrits ou même électroniques, que tous ne font pas le job nécessaire pour faire la « bonne » pub du bled. Pire qu’en ils en parlent c’est, de son analyse, systématiquement en mal.
Je ne vais pas tourner autour du pot: Mr Kufour, votre constat est juste. Mais la posture que vous invitez « fortement » les médias à adopter souffre elle aussi de failles que je ne me suis pas privé de relever.
La conférence Highway AFRICA où Mr. Kufuor a mis les points sur les « i ».
Tous d’abord parlons des médias africains: qui sont-ils vraiment? On en distingue deux sortes: les médias publiques qui répondent aux besoins d’un service publique du chef de l’État et les médias « privés » qui répondent aux besoins d’un groupe restreint d’individus. Avec surprise, on note que dans les deux cas la motivation n’est pas financière mais bien populaire. Les médias africains ne cherchent pas à monétiser leur audience, ils cherchent au contraire à transformer leur argent en chiffre d’audience. Il s’agit d’un compétition dans laquelle celui qui à le plus d’audience possède ce bien qui est plus précieux que l’argent: la vérité.
Si je suis la chaîne de télé qui couvre le plus de superficie du pays, si je suis le quotidien qui à le plus gros tirage, alors tout ce que je dirais sera la vérité. Quoi qu’en disent de petits périodiques locaux ou quelques sites tenus par des webmasters à la langue bien pendue.
Que dire de tels médias ? Quand ils disent que rien ne va: on doute. Quand ils affirment que tout va bien: on doute encore plus. La qualité d’une information dépend de la qualité de celui qui la donne et c’est cette qualité et cette fiabilité de la source que nos amis des médias blédards doivent construire (ou restaurer). Et cela doit être fait avant même que l’on en vienne à parler de contenu.
Mettons que Mr. Kufuor ait confondu les médias blédards avec les médias européens (ndla: qui soient dit en passant ont eux aussi leur propre agenda), il se rattrape en proposant un « kit » qui va dopé l’efficacité des journalistes blédard. Ce qui nous laisse plus que avec un commentaire sur le contenu même des articles chargés de vanter les success story du bled. Il est une règle immuable du journalisme dont même les journalistes les plus étiquement corrects (ndla: je ne suis pas journaliste) se défendent rarement: la polémique fait vendre. Quand je dis la polémique c’est un raccourcis pour dire les catastrophes, les scandales, les coups fouré, les faits divers et j’en passe. Dans une logique bassement commerciale les médias n’ont aucun intérêt à donner de bonnes nouvelles. Accessoirement il peut exister un cas particulier qui échappe à cette logique: il s’agit d’un formidable événement qui touche/concerne un maximum de blédard et auquel ni l’État ni un gros homme d’affaire n’a eu de contribution directe ou indirecte. Le Ghana étant éliminé de la Coupe du Monde 2010, je crois qu’il va falloir attendre encore quatre années avant qu’un tel événement survienne.