La Guerre Du Nil

Je suis de ceux qui pensent, et j’ai déjà défendu ce point de vue à plusieurs reprises sur ce blog, que l’unité et la solidarité des blédards se fera d’abord au niveau individuel. Ce sont des personnes, des familles qui développeront une amitié qui plus tard sera traduira dans des textes fédérateurs. Mais voilà cette approche est considérée comme trop « religieuse ». On lui préfère un approche plus « païenne » basée sur des symboles bien palpables de l’unité des blédards. L’un deux justement arrive sous les feux de la rampe et va sans doute raviver la flamme nationaliste qui sommeil en tout blédard qui se respecte, j’ai nommé le fleuve Nil.

Si vous lancez n’importe quel historien et/ou géologue sur le sujet du Nil, vous êtes parti pour des heures voir des jours de récits, contes, exposés passionnés et passionnels à n’en plus finir. Peu importe qu’il soit du bled ou d’ailleurs le résultat sera le même. Aussi ce n’est pas l’exercice auquel nous nous livrons ici. Non, ce qui nous intéresse c’est le fait politique qui entoure le fleuve le plus internationale de la planète. Et quand je dis internationale je devrais plutôt dire « interbledale » ce qui ajoute une dimension encore plus croustillante à la chose pour les modestes spectateurs que nous sommes.

Autant il est facile d’administrer sa maison et son pré carré (ndla: quoique cela reste à prouver dans les fait, vous me suivez ?) autant les limitations et les capacités réelles de nos dirigeants se révèlent au grand jour quand il s’agit d’administrer le bien commun. Et comme bien collectif, le Nil en est un bel exemple.  La conscience populaire est convaincue que ce fleuve est un bien égyptien. Cela s’explique parce que c’est le pays qui a le plus profité de la manne que représente ce fleuve. Cela s’explique aussi par le fait que, en fonction du pays traversé, le fleuve changeait de nom et que le plus populaire de ces noms était l’égyptien. Autant l’Égypte pouvait clamer sans aucune contestation posséder l’embouchure autant le propriétaire de la source était une énigme à la réponse sans cesse changeante. Il est vrai que trouver la source du fleuve a été le rêve de beaucoup. Et le hasard faisant bien les choses, plus on la cherche plus on s’enfonce dans l’Afrique sub saharienne jusqu’à arriver aujourd’hui à la frontière de la Zambie. Résultat des courses il a fallu se rendre compte que « la source du Nil » était en fait « des sources » et que ce fleuve que l’on prétend unique était le fruit de l’apport de chacune d’elle.

La source du Nil serait en Ouganda ? (source)

Qui dit bien collectif dit responsabilité collective et c’est là où le bas blesse car l’Égypte semble soudainement être frappée d’amnésie lorsqu’il s’agit de prendre les siennes. Mais voilà, jamais proverbe américain n’a semblé aussi approprié: « Denile is not a river in Africa« . A tel point que les autres maillons de la chaine se retrouvent tour à tour à l’instar du rwandais Kagame (Nil Blanc) ou de l’éthiopien Melies (Nil Bleu) à menacer de littéralement fermer le robinet afin de permettre à ce voisin du Nord de recouvrer ses esprits.

Cette une formidable allégorie que l’histoire nous livre la en « direct-live« . Un « grand » pays rendu puissant par la grâce d’un fleuve qu’il doit à de « petits » pays fauchés se trouve face à ses responsabilité vis à vis de ceux-ci. Pas moyen de fuir derrière la loi car celle-ci date de l’époque coloniale et doit être impérativement mise à jour. Si l’Égypte traine trop les pieds, les petits vont décider unilatéralement avec les chamboulements inéluctables qui suivront. Pour une fois un pays du bled est dans la posture d’un pays dit occidental et se rend compte que nous sommes tous liés même entre humains qui ne se connaissent ni d’Adam ni de Ève. Être le plus costaud dans une partie n’est pas toujours un cadeau, c’est difficile et il y a des limites à cette omnipotence que nos amis égyptiens vont apprendre à la dure. Quant à tous les autres en amont du fleuve, Zambie, Rwanda, Burundi, RD Congo, Ouganda, Kenya,Tanzanie, Soudan et Éthiopie, ils sont rompus dans l’art de posséder sans posséder et il n’y a absolument rien de nouveau comme enseignement pour eux dans cette fable des temps modernes.

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