Notre correspondant malgré lui à Paris vient une fois de plus de nous faire part d’une nouvelle dont l’on pourrait bien se passer mais qui de ce simple fait retient notre attention. Il semblerait que dans un regain de « francophonitude« , le Secrétariat d’État en charge a lancé (encore une fois) avec un succès relatif un concours visant à remplacer les anglicismes nés de la popularité d’Internet et des nouveaux médias en général. Ni une ni deux, l’équipe de LPN se doit de réagir avec des propositions estampillées bled à notre sens plus adaptés à la situation.
Francomot: tel est son nom. A l’initiative d’un ministre secrétaire d’état qui marche sur les plates bandes de ses collègues de la culture et de l’enseignement, une boite mail a été ouverte pour recueillir vos propositions, vous les francophones/francophiles, pour remplacer ces mots anglais qui pullulent sur la toile. Après délibération par un jury <sarcasme>d’experts en maniement de la langue de Molière dont MC Solaar (qui ??) et Sapho (qui ???) </sarcasme> voici les nouvelles dénominations:
- « chat » devient « éblabla » ou « tchatche » (anciennement « causette » puis « dialogue » )
- « talk » devient « débat » (anciennement « parler » )
- « tuning » devient « bolidage » ( anciennement « personnalisation » )
- « buzz » devient « ramdam » (anciennement « bourdonnement » )
- « newsletter » devient « infolettre«
Le moins que l’on puisse dire c’est que ces mots manquent d’un petit quelque chose qui va faire qu’ils vont s’autodétruire à la fin de la lecture du communiqué des résultats. Remarquez que tous les 5 ans en moyenne la France nous fait le coup avec tout autant de succès dans l’échec. La faute à un principe classique de la communication qui veut qu’il ne faut jamais chercher à précéder la mode mais au contraire détecter une tendance et la récupèrer en l’amplifiant. Prenons un exemple au hasard démontrant la futilité de la démarche: le Moonwalk de Michael Jackson … oops désolé .. la Marche Lunaire de Michel Fils de Jacques. Tous ceux qui ont déjà vu un film américain traduit en français par des canadiens savent déjà que cet extrémisme linguistique fait plutôt rire ou mal à la tête selon l’humeur du jour. Il témoigne aussi du manque de connexion des instances publiques francophones avec la population qui utilise la langue au quotidien.
Jeune africain en train de lire Astérix et Obélix (source)
C’est donc en réaction à cette tentative de hold-up mentale du français par le français de France que je propose une injection massive de français du bled dans la langue de Césaire. Déjà que celle-ci perd de plus en plus pied au bled comme langue de communication, il est important que les francophones et la France en particulier fassent preuve d’ouverture si ils veulent que cette langue tienne encore une centaine d’années. Je propose donc que des mots blédards communs comme « matitis », « toubab », « biblos », « mandaï », « faroter », « pikrave », « bouaker » ou « tchip » entrent officiellement dans le dictionnaire officiel de la langue française (Académie, Petit Robert et Larousse inclus). En second lieu, tout mot qui apparaît dans plus de vingt chansons francophones populaires doit de facto aussi entrer dans le dico. Ne pas oublier d’inclure le hip-hop français car ce sont des chansons avec un texte populaire que je n’aurais personnellement jamais compris sans l’excellent Dictionnaire de la Zone. Le mot d’ordre étant ne pas oublier non plus les « autres » français devenu maintenant démographiquement majoritaires. Les paroles du « Coupé Décalé » et autre Gohou Show n’auront alors plus de secret pour personne.
Si les extrémistes francophones grincent des dents parce que ces mots sont étrangers, faites leurs comprendre que non seulement ce phénomène n’est pas récent (cf « ramdam » tiré de « ramadan » et « toubib » tiré de « tbib ») mais en plus ce n’est pas ça qui a assuré le succès de ces mots. La raison est plutôt qu’ils sont tout simplement plus « cool » à employer. N’en déduisez pas que le français de France n’est pas « cool » et j’en veux pour preuve l’usage dans le hip-hop qui consiste à recycler et remettre au goût du jour des mots d’anciens français comme « lascar », « bougre(sse) » ou « maréchaussée ». Non, Le but ultime est ici d’éviter qu’il y ait une trop grosse différence entre le français de France et celui de l’extérieur car en fin de course les chiffres démographiques jouerons en faveur du bled. A bon entendeur …