A quoi ça sert (7): le NEPAD

Clairement à rien puisque, après le drapeau, il est la seconde victime du conseil de l’UA (Union Africaine) qui s’est tenu en marge de la CAN2010. Il faut dire, à sa décharge, qu’en son temps le NEPAD (The New Partnership For Africa’s Development) a fait couler beaucoup d’encre et de salive … en bien. Institution ou Concept, je m’y perd un peu. C’est sans doute le même sentiment qui habitait les Chefs d’États à la base de sa création, au moment de sa suppression. Essayons de voir ce que nous avons perdu ou bien ce à quoi nous avons échappé.

Jamais je n’avais vu un tel d’engouement pour un concept, une institution du bled lors de sa création. Pour le comprendre il faut remonter la chronologie des évènements. Au départ, il y a deux groupes de Chefs d’États.
Le premier constate le retard patent du bled et propose de le combler par une injection massive d’argent d’origine étrangère et « coordonnée au niveau du bled » dans le but de … poser les bases du développement du continent africain (ndla: 40 ans après l’indépendance ? Eh bien c’est pas trop tard). C’est le fameux Plan Oméga (ndla:  Plan Marshall ça déjà été utilisé).
Le second groupe propose le Plan Africain pour le Millénaire ou MAP avec pour but de permettre au bled de s’incruster de manière plus visible dans la « chose mondiale ». Super constat car si le monde est mondiale comme je me plais souvent à le dire (ndla: citation des guignols de l’info de Canal+ France), nous autres blédards prenons souvent l’apparence d’extra-terrestres, étrangers donc à ce fameux Monde.

Le NEPAD est donc la fusion du MAP et du Plan Omega entérinée par l’UA à Lusaka en 2001. Tout de suite la machine institutionnelle (une nouvelle  génération de fonctionnaires) se met en branle et elle est vite complétée par la batterie de formules et slogans indigestes dont seuls les politiques ont le secret. Le démarrage se fait en trombe, on promet monts et merveilles au bled notamment un paquet de 50 Milliards de dollars. Les dirigeants les plus en vue du bled se mettent à apparaitre lors de toutes les grosses réunions que ce soit à Davos (pour le chocolat) ou au G8 devenu pour l’occasion G8+5 suite à l’invitation de l’Afrique du Sud, du Nigeria, du Sénégal , Algérie et plus tard le Mali. Mais comme le dit si bien un journaliste ougandais:

« le taux de mortalité infantile des grandes idées et institutions continentales [du bled] est très élevé« .

Tellement élevé que les 8 années d’existence du NEPAD semblent être un record.

Ce que pense Zapiro du NEPAD en 2002 (source)

Qu’est qui n’a pas fonctionné ? A vrai dire c’est un problème de structuration des idées. le NEPAD était surtout une idée ou un « Plan » comme on dit en politique. Il était difficile pour le commun des mortels de le lier à du concret.
Ensuite, le NEPAD était politisé au grand dame du secteur privé véritable moteur du développement économique du bled.  Tellement politisé que l’UA n’a pu souffrir longtemps de son indépendance et a décidé de l’intégré dans ses institutions pour cause de redondance avant de le définitivement le supprimer pour la même cause de redondance.
Pour les nostalgiques il a mis en place un NPCA (ndla: N pour NEPAD,  P pour Planning, C pour Coordination et A pour Bled – ça fait en fait NEPADPCB mais c’est indigeste comme acronyme ). Ajouter à ça, la jalousie et l’égo des dirigeants qui n’étaient pas à la base de l’initiative, la crise économique qui a fait fondre les promesse d’un Plan Marshall comme neige au soleil et vous obtenez la réalité dans laquelle nous vivons en 2010.

En mathématique on utilise parfois la notion de « problème mal posé ». Dans le cas du NEPAD il semble que c’est la solution qui ait été mal formulée d’où la nécessité d’un reformulation sous la forme du NPCA. Il n’empêche que tout cela reste de la langue de bois à usage exclusif en politique. La concrétisation du « Plan » avec un grand P est une autre paire de manche. Pour simplifier on dira que ce qui a marché entrait dans le cadre de cette réflexion et que le reste, bah, c’était de l’initiative individuelle.

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