How To Get Robbed … in Uganda

Une fois n’est pas coutume, je cède un pas (mais pas plus) à la langue de Shakespeare. Alors que mes pérégrinations au bled me mènent à Kampala, capitale de la Perle de l’Afrique, j’ai nommé l’Ouganda. Loin de moi le désire de vouloir stigmatiser les frangins ougandais mais il me semble que toutes les conversations ici finissent toujours par converger vers un seul sujet: l’extorsion, la dépouillement, le larcin, l’arnaque en tout genre, bref le vol.  Hasard ou fatalité, jugez en vous même.

Les pickpockets

Ces prestidigitateurs en manque d’académie pour parfaire leur art ou de chapiteau pour l’exposer ont décidés de s’exporter dans les rues et dans les lieux bondés de monde. Ils connaissent mieux que vous là où vous avez rangé vos deniers et, m’a-t-on affirmé, il y en a qui arrivent à vous détrousser rien qu’en vous regardant dans les yeux ou en échangeant une mots avec vous. Comment s’en prémunir? Une option radicale serait la méthode dite « camerounaise » (ndla: mes lecteurs « camers » infirmerons le cas échéant) qui consiste à habilement glisser des lames de rasoirs parmi ses billets. Le problème étant qu’on est jamais la pour constater que le lascar s’est fait pincer car celui-ci ne trie son butin que loin des yeux de sa victime. Un autre approche est d’éviter tout contact physique avec qui que ce soit. La sacrosainte familiarité blédard en prend un coup mais pas vos économies.

Le coup de la boisson gratuite

Gratuite et … droguée. Contrairement aux américains les ougandais(es) ne droguent pas les gens pour « conclure » mais pour les voler. C’est moins grave pour la santé mais l’honneur est tout aussi atteint. Cette triste pratique a semble-t-il été importée du Kenya ou certains taximen étaient passé maitres dans l’art de droguer leurs passagers. La version ougandaise s’est malheureusement greffée sur la tradition séculaire d’accueil et de bons vivants des ougandais.
Kampala
la capitale est une ville qui est ouverte 24 heures sur 24. Les magasins ne ferment jamais et les bars non plus. Avec au moins dix « live bands » par quartier, la ville prend des allures de Kinshasa la nuit sauf que ici c’est toute la semaine et que la musique est moins bonne mais ça c’est une question de gout. Où je voulais en venir déjà ? Ah oui, je disais donc que la boisson coule à flot mais qu’il ne faut jamais perdre des yeux son verre ou pire le partager avec une demoiselle, aussi charmante soit-elle. Sinon votre breuvage aura tôt fait d’être enduit d’un produit soporifique. Face à la méfiance grandissante des messieurs avisés (ndla: sans doute de fidèles lecteurs de LPN), les dames ont maitrisée la technique qui consiste à enduire d’autre éléments de convoitise des mâles notamment certaines parties de leur anatomie pour un résultat tout aussi efficace.

kamapala streetLes rues de Kampala (IDRC Photo: P. Bennett)

Le coup de la pluie des shillings

Vous marchez tranquillement dans la rue quand une bousculade involontaire devant vous capte votre attention. Un homme heurte une dame et continue son chemin d’un pas pressé. Le choc est tel que le sac à main de la dame se fend laissant un pluie de shillings ougandais  dans son sillage. La dame suit le monsieur pour lui dire ses quatre vérités laissant sans protection ses deniers. L’erreur à ce stade consiste à se baisser pour en ramasser. Car si en vous levant vous êtes riche de quelques shillings supplémentaires, votre propre porte monnaie a lui aussi rendu une voleur plus heureux. Il existe plusieurs variantes dans la routine qui conduit les shillings au sol mais, invariablement, vous verrez les gens fuir la zone de chute comme si un putois venait d’y commettre l’irréparable.

Le coup de l’arnaque aux étrangers

Les ougandais, qu’on le sache, parlent toutes les langues du monde. Vous ne pouvez pas rester une heure sans croiser quelqu’un qui parle votre langue sans accent et ce même si vous venez de Patagonie ou d’Ouzbékistan alors à fortiori du Mali ou de Djibouti. Je vous signale d’ailleurs à titre d’information que l’Ouganda est parmi les plus grands fournisseur de services de sécurités privés … en Irak, avant même Blackwaters, la réputation sulfureuse en moins. Mais je m’égare.
Les ougandais, donc, sont de nature super joviales. Ils vous abordent sans problème dans votre langue grâce à un sens inné de l’observation qui leur permet de repérer un étranger dans une foule aussi facilement qu’une aiguille dans une meule de foin. Là, il va déployer des trésors d’inventivité pour vous expliquer qu’il connait le quartier/village d’où vous venez et vous expliquer que lui même est un de vos compatriotes perdus en Ouganda depuis des lustres et qui cherche un moyen pour retourner « au pays ». Le plus drôle c’est que parfois ce baratin prend.

Avec ça des petits malins vont croire qu’il ne faut pas aller en Ouganda car il y a des voleurs à tous les coins de rue. Détrompez-vous: d’une part, vous avez lu ces lignes donc vous savez à quoi vous attendre. D’autre part, si vous êtes un blédard et que vous allez en Ouganda c’est que vous y avez de la famille et c’est son devoir de vous protéger de ce genre de déconvenues. Si par contre vous êtes un « biblos » …

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