Pourquoi il ne faut pas sauver Le Messager!

Okay, la polémique semble poindre à nouveau du côté du Messager. Un journal, que dis-je, le journal indépendant d’excellence au bled. Généralement, lorsqu’Etum et Kouamouo me rencarde sur une affaire fumante c’est que l’enjeu est de taille. Alors je vais encore une fois les décevoir en allant à contre courant de ses messieurs et exprimer en quelques arguments pourquoi il ne faut pas sauver le soldat Pius Njawé.

Que les choses soient claires, je n’ai rien contre Le Messager ou contre son éditeur. Je n’ai rien aussi contre Etum ou Kouamouo, j’exprime seulement ici mon point de vu que j’espère neutre sur une affaire d’une importance capitale: l’avenir de la presse au bled.

Argument n°1:

Le Messager avant d’être un journal indépendant aux journalistes talentueux et aux articles incisifs est une entreprise. Et comme toute entreprise le mot d’ordre est le suivant: S’adapter, se diversifier ou mourir. Loin de moi l’envie de rentrer dans une polémique stérile pour savoir si telle ou telle décision a pu ou n’a pas pu se faire à cause de tel ou tel paramètre.Le constat est la, Le Messager n’a pas pu ou su s’adapter, il doit donc disparaitre.

Pius Njawé interviewé par Philippe Couve
[vimeo 7112256]

Argument n°2:

Pour Kouamouo, la population cible capable d’acheter et de lire Le Messager a trouvé mieux ailleurs à moindre frais. C’est le sempiternelle débat entre l’information dite instantanée du net et celle recoupée, et soigneusement présenté d’un journal papier. Le Messager n’ayant pu se diversifier ou diminuer ses couts de production son déclin en est donc inéluctable.
Mais que je sache Le Messager, toujours selon Kouamouo, est sur le net est représente l’un des champions de l’audience Internet au Cameroun. D’où ma question: Pourquoi Le Messager n’arrive pas à transformer cette réussite en termes d’audience en réussite en termes financiers ? Ma conclusion, Le Messager n’a ni le marketing ni le côté commercial qu’il lui faut, lui redonner un second souffle via l’initiative louable est respectable d’Etum ne servirait à rien. Laissons donc ce journal mourir de sa triste fin. Cela nous laissera certes un gout amère mais pas un gout de gachis, pour nos finances.

Argument n°3:

Si ce n’est ni la faute des gestionnaires du journal qui sont tous compétents, ni la faute de l’accessibilité à l’information gratuite sur Internet, il ne reste qu’un seul bouc émissaire : l’administration, le gouvernement que dis-je le pouvoir. Là encore, excusez-moi d’exprimer mes doutes. De un, il n’y a pas si longtemps le président camerounais s’est offert une double page dans le dit journal (si je ne me trompe pas :ndla). Je paie devant pour mieux casser derrière ? Je ne pense pas nos gouvernements avoir la mémoire si courte. De deux, et c’est le plus important, comme le disent si bien ses défenseurs, Le Messager est là depuis 30 ans!! Cela fait plus longtemps que le règne de Paupaul. En définitif, ce sont les faiblesses accumulées sur 30 ans du journal qui ont finalement eu raison de lui. Beaucoup plus que l’efficacité du pouvoir en place à le déstabiliser. Et si vous n’êtes pas convaincu les multiples arrestations de Pius Njawé n’ont jamais précipité la fin du journal.

Conclusion

Rien n’est éternel dans ce bas monde ou comme aime à me le rappeler un de mes collègues de travail:

les cimetières sont remplies de personnes indispensables.

Je comprends l’émoi que cela suscite chez certains, sauvez Le Messager équivaut dans leurs aveuglements sains mais naïfs à sauver une partie de leur enfance qu’il aimerait pouvoir montrer à leurs enfants en disant « tu vois c’est comme ça qu’on travailler avant… » .

Mais ne soyez pas dupes mes amis. Autant je respecte Le Messager pour le boulot accompli c’est 30 dernières années autant, vous en conviendrez, en réfléchissant de manière froid, dur et calculateur, qu’il faut un média du 21ème siècle pour répondre aux besoins est aux attentes du public du 21ème siècle. Je ne dis pas par là que je suis pour la disparition du Messager en particulier ou de la presse en général. Je ne suis qu’un blogueur, pas un journaliste. Et lire une bonne presse est primordiale pour moi.
Mais ce qui est encore plus important c’est, non pas, de trouver la bonne formule pour sauver Le Messager, mais plutôt celle qui permettra de faire surmonter à la presse du bled une évolution inéluctable. Car si elle venait à disparaitre, par manque de créativité, que dis-je, de réactivité nous serions tous, lecteurs comme journalistes perdants.

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7 Commentaires

Une marque est une valeur en soi. En plus, Le Messager, comme Le Figaro ou Le Monde en France, fait partie du patrimoine national.
On peut donc bâtir la presse de demain avec les acquis immatériels de la presse d’hier.
On peut aussi tout détruire pour laisser la place au neuf. Sauf que pour l’instant, je ne vois rien de neuf et de terriblement enthousiasmant sur le même terrain.
Au fait, pourquoi se fatiguer à vouloir sauver les malades ? 😉

Je suis d’accord avec toi… Le Messager est un acquis immatériel et c’est avec fierté qu’il entrera dans le panthéon des acquis du bled.
Je ne demande pas de l’enterrer sans en tirer les enseignements utiles pour aujourd’hui ou demain. Je suggère simplement de regarder le plus objectivement possible la situation et de décider « Eyes Wide Open ». Il faut raison garder et ne pas céder à l’émotion qui dans les affaires économiques (j’insiste sur le volet économique) peut être très mauvaise conseillère.
Mieux vaut un jeune canard plein d’enthousiasme qu’un vieux canard boiteux aveugle et ne sachant plus voler 😉 . Le Messager n’est pas un être humain malade qu’il faut sauver… c’est le produit phare d’une aventure humaine en manque de souffle.

L’argument 1 est inversé, car Le Messager est un journal avant d’appartenir (pas d’être) à une entreprise…..L’entreprise n’est que la forme juridique qui recueille le journal (un peu comme le bébé et l’eau du bain).

On peut jeter l’eau du bain (l’entreprise), mais il faut sauver le bébé (Le Messager). Initialement, Njawé voulait créer un journal, pas une entreprise.

L’entreprise elle-même s’appelle Free Media Group (ce que personne ou presque ne sait d’ailleurs…) et si elle venait à disparaitre, peu de gens s’en rendrait compte.
C’est donc bien Le Messager qu’il faut sauver, pas Pius Njawé, ni l’entreprise Free Media Group (qui au passage a changé de nom, d’actionnaires, etc.. plusieurs fois depuis 30 ans).

Enfin, ton argument 3 montre que tu ne connais pas le « gouvernement » du Cameroun. Tu en parles comme d’un ensemble cohérent, ayant des actes réfléchis et logiquement explicables. Si c’était le cas, les camerounais le sauraient depuis longtemps. Que le gouvernement achète 2 pages dans un journal qu’il veut tuer, c’est juste « Cameroon as usual ».

Quant à la conclusion de l’argument 2, il faut comprendre que ceux qui sont pour la mouvance du sauvettage ne regarde pas seulement leurs finances. Il y’a des biens immatériels qui pour moi ne valent rien (tableau bizarroïde d’un peintre français shotté à l’absynthe, ou sculpture de je ne sais quel illuminé italien intégriste catholique), mais valent des millions pour d’autres.
Il y’a des journaux comme ça, qui pour certains ne valent rien pour certains, mais pour d’autres ont une valeur inestimable. ça ne s’explique pas, c’est juste comme ça.
Et ces autres essayeront de le sauver autant faire se peut.

Encore une fois oniN décortique, analyse et frappe! A n’en pas douter, il y a de la méthode dans tout ça! lol.

Sinon sérieusement, c’est économiquement qu’il faut le sauver Le Messager, et cela implique trois options (ou quatre) :

1. Un nombre suffisant de lecteurs (qui y tiennent) l’achètent régulièrement.

2. Des mécènes généreux le perfusent financièrement.

3. Il fait la courbette à ses sponsors : en ce sens ce ne serait plus le Messager. Je me trompe ?

4. Commercialiser d’autres produits (des strings ou de la bière) pour financer la noble activité (le journal, les idées). Mais bon, espérons ne pas en arriver là.

@philcoub .. Visiblement tu t’exprimes mieux que moi car je plussoie totalement ce que tu dis. Le Messager reste est demeure, avant tout, et ce, malgré l’argumentation pertinente d’oniN, un produit voire une marque, dans les meilleurs des cas. Et cette marque a besoin, au minimum, d’être repensé, d’être repositionné si l’on veut que son sauvetage serve à quelque chose. Car tant que ce problème n’est pas adressé… dans 1 an ou 2, le même problème se posera.

Le Messager tient par la solution 2 depuis bien longtemps, et aujourd’hui encore, d’autres sont prêts à l’aider, que dis-je, à le perfuser 😉

Comme dans toute solution d’urgence, on sauve d’abord par une rustine, et on se penche sur une solution pérenne ensuite (principe du défibrilateur: on sauve d’abord le mourant, avant de savoir si sa maladie est curable ou incurable).

De manière générale, je trouve que les africains détruisent trop leur patrimoine (matériel et immatériel), et c’est souvent l’UNESCO qui nous empêche nous-même de saborder les éléments de notre propre histoire, ce qui est quand même un comble.

Bonjour LPN,
Juste pour vous annoncer le décès de Pius Njawe directeur du messager. Décès survenu à Washington DC lors d’une plate forme de l’opposition camdiac (cameroon diaspora for change) par accident de circulation. En fait il revenait de la cette convention lorsque leur voiture a eu une panne,en s’arrentant sur la bande d’arrêt ils ont été fauché par une autre voiture. Pius Njawé est mort sur le coup et le conducteur est dans un état critique.
Paix à son âme!!!!!!!!!!!!

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